L'expérience menée par le groupe de restauration rapide Quick, qui ne propose plus que des produits halal dans 8 de ces 350 fast-food français, suscite la controverse, notamment parmi les élus dont certains jugent cette offre trop communautariste, voire discriminatoire.

Depuis cet automne, à Argenteuil, à Marseille ou à Roubaix, certains restaurants Quick ne servent plus, à titre expérimental, que des hamburgers garnis de viande de boeuf venant de bêtes abattues selon le rite halal et où la dinde fumée a remplacé le bacon.Objectif: «valider l'intérêt commercial et la faisabilité technique» d'une offre halal, alors que le marché de l'alimentation halal en France est évalué à près de 4 milliards d'euros, selon deux études récentes.

«C'est précisément parce que (le fast-food) ne laisse pas de choix aux clients non musulmans que cette attitude est inadmissible», a réagi le député UMP des Bouches-du-Rhône Richard Mallié.

René Vandierendonck, le maire socialiste de Roubaix, où le seul fast-food de centre-ville est un Quick halal, est sur la même longueur d'ondes. S'il n'est pas gêné «qu'il y ait une offre halal», il juge que "ça va trop loin quand on ne propose plus que cela, cela devient discriminatoire».

Et il menace de saisir la Halde, la Haute autorité de lutte contre les discriminations, si Quick, «enseigne nationale et propriété de la Caisse des dépôts», le bras financier de l'État, «ne revient pas sur sa position».

Le Quick de Roubaix ne se distingue des autres établissements de l'enseigne que par deux petits écriteaux à l'entrée qui signalent que «le Burger Strong Bacon n'est pas disponible à la carte de ce restaurant» où «les viandes proposées sont certifiées Halal».

Superviseur de plusieurs Quick, dont celui de Roubaix, Luc Demain a constaté une «légère augmentation de la fréquentation» depuis qu'il est halal et affirme n'avoir pas eu de réclamations des clients.

«Je m'en fous de manger du halal, c'est juste une tradition, ça ne change rien au goût», estime Hugo Revel, étudiant non musulman de 19 ans, au sortir du restaurant. «Et quand je veux du bon bacon, je m'en fais à la maison, avec des oeufs au plat».

À Argenteuil (Val-d'Oise), la mairie socialiste, qui défend le «vivre ensemble», n'est pas opposée à cette offre halal puisqu'elle complète l'offre classique du McDonald's voisin.

En revanche, le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a fait part de ses réticences, soulignant qu'il n'était «pas un fana du communautarisme»: «je respecte les traditions, y compris alimentaires, de toutes les communautés mais je pense que la société française, son histoire, sa culture, ça n'est pas le communautarisme».

Quant à la vice-présidente du Front national Marine Le Pen, qui a déclenché la polémique, elle a jugé «inadmissible» que tous les clients «soient obligés, par l'intermédiaire de cette viande halal, de payer une taxe aux organismes islamiques de certification».

Selon une porte-parole de Quick, choisir de ne proposer que des produits halal dans ces établissements n'est pas lié à des aspects religieux ou techniques mais à «une meilleure lisibilité de l'expérimentation».

Quant à l'issue de cette expérience, «rien n'est exclu», pas même une offre mixte.

De nombreux fast-food indépendants proposent déjà de la viande halal, mais pour l'instant, Quick est la seule chaîne de restauration rapide à s'être lancée.

Leader du hamburger en France, McDonald's, en tant qu'«enseigne cosmopolite», «n'a pas pour projet de se mettre à développer une gamme de produits confessionnels», avait-il précisé dès l'automne.