Qui est le Cuisinier rebelle, avec ses bras tatoués, son coco rasé et son premier et rutilant livre de cuisine? Nous voulions en savoir un peu plus et, surtout, y goûter un peu. Antoine Sicotte nous a donc reçus chez lui pour le lunch, mardi.

En fait, derrière les tatouages et les gros couteaux se cache avant tout un bon père de famille menant une petite vie de banlieue tranquille, avec sa douce et leurs deux charmantes petites filles.

 

La rébellion se manifeste peut-être dans sa quête de créativité et son refus de suivre les recettes, du moins dans la cuisine, puisque dans la vie, il est le réalisateur des disques de Star Académie et fondateur du défunt groupe pop Sky.

Pour nous recevoir, le cuisinier autodidacte avait préparé des croûtons au caviar d'aubergine et au chèvre, posés sur une salade de mesclun (une recette de son livre), improvisé des penne aux champignons et au canard confit et inventé une tarte à la crème de marrons et aux figues. Téméraire, il n'y a pas à dire. Servi dans sa cuisine, en compagnie de sa conjointe Joé et de la petite Giselle, 6 mois, c'était un repas tout à fait délicieux et convivial.

Cuisiner avec papa

Le fait d'avoir des enfants a d'ailleurs beaucoup contribué à sa pratique culinaire, confie-t-il. «Avec des enfants, c'est plus simple de recevoir que d'être reçu. On couche les petites et on se fait une bouffe entre amis. Ça m'a amené à cuisiner beaucoup plus.» Lili, trois ans et demi, adore tâter de la spatule avec papa.

Antoine Sicotte a justement fait ses classes dans la cuisine de son père Gilbert, un habitué des émissions de Josée di Stasio. «Mes parents se sont séparés quand j'avais 12 ans. Mon père s'est alors découvert une passion pour la cuisine italienne. Je me souviens d'avoir appris à faire de la pâte à pizza sur son gros bloc de boucher.»

En appartement à 16 ans, il cuisinait déjà sans complexes pour ses copains. Mais, curieusement, c'est la musique qui lui a permis de développer ses papilles. Avec son groupe, Sky, il a beaucoup voyagé. L'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, la Corée et même l'Allemagne ont ajouté quelques notes exotiques à son répertoire culinaire, sans compter qu'il a eu la chance de découvrir la France, l'Espagne et l'Italie avec Joé. Dans son livre, toutes ces cuisines sont invitées à la même table.

Bouffe, voyages et musique

«Je suis stimulé par les nouvelles expériences et les défis. En ce moment, on dirait que la bouffe et les voyages m'intéressent encore plus que la musique. La musique, c'est devenu mon métier alors que dans la cuisine, c'est clair que j'ai la liberté de faire ce que je veux», raconte-t-il.

Lorsque les éditions Cardinal lui ont donné carte blanche pour faire un livre de recettes à son image, il n'a donc pas hésité une seconde. «J'avais besoin d'un peu de créativité et d'humour dans ma vie.»

Cela dit, les leçons apprises dans le studio et sur scène lui servent également aux fourneaux. «La musique et la cuisine, ça se ressemble. En musique, on commence par une mélodie et les arrangements viennent la mettre en valeur. En cuisine, on choisit un ingrédient principal et les autres ingrédients le mettent en valeur. Tout comme le groupe qui va chercher les meilleurs musiciens, le cuisinier essaie d'utiliser les meilleurs produits. Et le plaisir final, c'est que quelqu'un d'autre l'apprécie, que ce soit un plat ou une chanson.»

Malgré un titre et un graphisme volontairement tapageurs, le livre du Cuisinier rebelle se veut simple et sans prétention. «Je voulais faire un livre accessible qui donnerait envie aux gens de se faire à manger.»

Le «gars de projets», tel qu'il se décrit lui-même, travaille présentement à un concept d'émission télé qui marierait bouffe et musique. Il rêve aussi d'un projet d'ethnomusicologie, au Népal peut-être, avec son studio d'enregistrement mobile sur le dos. Attention! La rébellion commence à peine!