Tout le monde le dit, depuis des mois: le meilleur moyen de faire face à la hausse des prix des aliments est de cuisiner. Les ingrédients coûtent moins cher que les plats cuisinés, tout prêts en magasin. «Quand j'étais petite, il n'y avait que des matières premières dans le garde-manger à la maison», dit Josée Fiset, des boulangeries Première Moisson. Selon cette épicurienne, c'est la seule façon de ne pas sacrifier sur la qualité de l'alimentation, en temps de crise.

Jacques Nantel, professeur à HEC Montréal, estime même que le retour aux fourneaux peut permettre à une famille friande de prêt-à-manger, de diminuer la part dévouée à l'alimentation dans le budget familial.

Manger de saison

Il y a encore plein de légumes racine du Québec en magasin, note Isabelle Joncas, d'Équiterre. «Au lieu d'acheter des petites carottes en sac, on peut couper des carottes du Québec pour les lunchs!» rappelle-t-elle. De même, les pommes de terre, les navets ou les betteraves cuites au four sont d'excellentes alternatives pour accompagner le repas familiaux. Et elles coûtent beaucoup moins cher que les mélanges de laitue déjà lavées importées en sac.

Le Dr Adam Drewnowski, de l'Université de Washington conseille aussi de faire un tour dans le rayon des produits congelés où l'on retrouve des produits locaux qui ont été surgelés au moment de la récolte.

Une cuisson, deux plats

Au Salon de l'alimentation cette semaine, Damien Girard des Viandes biologiques de Charlevoix expliquait qu'il travaillait fort pour utiliser toutes les parties des animaux pour ne rien perdre. Le principe fonctionne aussi dans la cuisine. Les carcasses de poulet font le meilleur bouillon et le pain qui sèche sur le comptoir, la meilleure chapelure. Ou le plus délicieux pouding au pain, s'il est rattrapé à temps. «Les gens ne veulent plus perdre des aliments, dit Josée Fiset, de Première Moisson. Ça ne se fait plus, de jeter des aliments. En plus recycler, c'est vu comme un geste environnemental.»

Signe des temps, Josée di Stasio, qui recevait le chef Yann Perreault, a récemment fait un spécial «un plat, deux repas» où le rôti de palette et le poulet étaient recyclés pour éviter de jeter les restants. Bien géré, le frigo permet d'acheter des aliments de la meilleure qualité sans crainte.

À l'épicerie, regardez en bas!

Une partie des consommateurs fait son épicerie sans même regarder le prix de l'aliment avant de le mettre dans le panier. Or, les produits les moins chers se trouvent souvent au bas et au haut des tablettes, au supermarché, rappelle le groupe Enzyme, firme de communication spécialisée dans le domaine alimentaire. Le groupe a dressé une série de recommandation, suite à la parution d'un sondage Ipsos Reid, le mois dernier, qui confirmait qu'une majorité de Canadiens a déjà modifié ses décisions d'achats ou la préparation des repas, à cause de la crise. On y conseille aussi d'éviter les rayons du centre dans les supermarchés, car c'est là que se trouve les produits les moins essentiels. Alors que les matières premières, elles, sont en périphérie de l'épicerie.

Cuisinez en groupe

Les cuisines collectives sont plus populaires que jamais. Elles ont doublé en cinq ans et elles sont ouvertes à tous. Le Regroupement des cuisines collectives du Québec propose une liste, selon les régions. Certaines abordent des thèmes particuliers, mais le principe est le même partout: une planification de groupe et une division des repas parmi les participants, une fois la journée terminée. Cela évite les pertes, réduit les coûts et donne une bonne dose de motivation pour faire des plats préparés.

Fini les folies

La simplicité a aussi très bon goût, en cuisine. Pas besoin de multiplier les condiments pour un plat de pâtes. Et surtout, chaque produit a son bon usage, rappelle Jordan Lebel, professeur à l'école de gestion John-Molson de l'Université Concordia. Lui-même va choisir une huile d'olive vierge extra pour rehausser un plat. Mais pour faire suer des oignons qui iront ensuite dans une autre préparation? Une bonne huile suffira, dit-il.