Après les métrosexuels et les übersexuels, voici les gastrosexuels! Non, il ne s'agit pas d'hommes avec des problèmes gastriques, mais d'hétéros qui aiment faire à manger et se mettent aux fourneaux afin de séduire la gente féminine.

Selon la définition établie par les Britanniques, le gastrosexuel est un homme célibataire âgé entre 25 et 44 ans, curieux, passionné par la cuisine, séducteur, instruit, qui aime voyager et qui a un emploi.

La marque alimentaire PurAsia a inventé le terme après avoir commandé une recherche cette année à l'Observatoire international des tendances, Future Foundation. L'étude, menée auprès de plus de 1000 Britanniques, s'est penchée sur les habitudes des hommes en cuisine et leur rapport à la nourriture.

Si, depuis les années 70, les hommes prennent peu à peu leur place dans la cuisine, un domaine longtemps réservé aux femmes, la tendance a pris de l'ampleur au début des années 2000. Des jeunes chefs aux allures décontractées, devenus des stars de la télé comme Jamie Oliver, ont aussi facilité l'explosion du phénomène.

Selon l'étude, 52% des hommes considèrent que faire à manger est un loisir et non une corvée. Les temps ayant évolué, 70% des femmes travaillent aujourd'hui comparativement à 50% en 1961. Toujours selon l'étude, c'est peut-être ce qui expliquerait que les hommes passent cinq fois plus de temps dans la cuisine qu'au début des années 60. Et plus de la moitié de ceux qui ont entre 25 à 44 ans aiment cuisiner pour leurs amis et leur famille.

Jordan Lebel, professeur en marketing à l'Université Concordia et spécialiste en alimentation, estime que l'arrivée du gastrosexuel est une suite logique des choses. «Avec le métrosexuel, on a dit aux hommes que c'était très correct qu'ils prennent soin d'eux, qu'ils s'achètent des crèmes hydratantes, etc. Maintenant on leur dit que c'est aussi très correct qu'ils prennent plaisir à cuisiner.»

Deux types de gastrosexuels

M. Lebel soutient que nous assisterons à plusieurs catégories de gastrosexuels. On peut déjà en distinguer deux types. Le premier profil correspond à un homme jeune, âgé entre 25 et 35 ans, qui fait appel à l'art culinaire pour impressionner ses amis et séduire les filles. Car, on le sait, la sexualité, la sensualité et la cuisine sont intiment liées.

«Le côté sensuel des aliments n'est pas nouveau», souligne la sexologue Geneviève Parent, qui constate qu'on a simplement donné un terme à une réalité. «La cuisine éveille des sens qui sont peu sollicités dans la vie de tous les jours, soit le goût et l'odorat. Le choix du menu sera aussi révélateur. Par exemple, on sait que l'odeur de la cannelle a quelque chose de sensuel, le chocolat onctueux aussi. Un steak le sera moins», explique-t-elle.

Cuisiner pour sa belle

Même si les grands chefs de ce monde sont des hommes, dans la vie quotidienne un homme aux fourneaux reste plus impressionnant qu'une femme à la cuisine. Les hommes ont aussi compris que les femmes apprécient que l'on cuisine pour elles. Le professeur Jordan Lebel a d'ailleurs mené une enquête auprès des femmes de plus de 30 ans. Il leur a demandé ce qu'elles considèrent comme du comfort food. «Beaucoup ont répondu que tout ce que leur chum prépare est réconfortant», souligne M. Lebel.

Selon un sondage qui n'a rien de scientifique, on a demandé à plusieurs femmes dans la vingtaine et la trentaine ce qu'elles pensent des hommes qui cuisinent. Leurs réponses ? «C'est très sexy», «hyper sexy», «adorable», «charmant», «séduisant». Mais messieurs, rassurez-vous, savoir cuisiner n'est pas un must. «C'est l'ambiance qui fait la différence», a répondu une des filles. «C'est plutôt pratique mais pas forcément viril», a dit une autre.

Le gastrosexuel: une mine d'or

Le deuxième profil du gastrosexuel correspond à un homme un peu plus âgé, entre 25 et 45 ans, qui aime faire à manger, qui veut maîtriser l'art culinaire pour son propre plaisir et pas nécessairement pour séduire. Il veut se prouver qu'il est capable de relever le défi et s'attaquera alors à des recettes compliquées, même en solitaire. «C'est typiquement masculin comme comportement. Si, en plus, ça lui permet de séduire, tant mieux», précise Jordan Lebel.

Côté consommation, les gastosexuels représentent une véritable mine d'or pour le secteur industriel. «Les hommes aiment les gadgets. Ils vont alors s'équiper du mieux qu'ils peuvent, sans limite. Ils dépenseront sans compter dans le secteur culinaire, beaucoup plus que les femmes», avance M. Lebel.

Amateur de bonne bouffe, Stéphane Goupil, 40 ans, assume tout à fait son côté gastrosexuel. Pour son anniversaire, il a d'ailleurs reçu un mortier, une casserole en fonte, un livre de recettes, des pots de confitures et une boîte d'épices. Parions que le thème de ses cadeaux de Noël sera similaire!

Pour Stéphane, faire de bons petits plats permet de montrer une facette sensuelle de sa personnalité. «Des médaillons de porcs avec une sauce au camembert et du chocolat fondant au dessert, ça a quelque chose de sensuel», lance-t-il. Toutefois, Stéphane change son menu en fonction de ses invités. Il ne servira pas la même cuisine aux hommes qu'aux femmes. «Pour un ami, je vais moins penser en terme de sensualité, comme aux couleurs dans l'assiette par exemple. Je vais plutôt me dire: une côte de boeuf et une purée de pomme de terre c'est bon, ça fera l'affaire!»

Les rapports sociaux et familiaux risquent-ils de changer avec les hommes dans la cuisine? «On ne sait pas encore quelles conséquences aura le phénomène», répond M. Lebel. C'est surtout entre 0 et 5 ans que notre comportement alimentaire se forme. Le fait que ce soit le père qui cuisine plutôt que la mère changera-t-il quelque chose? Est-ce que les femmes vont se sentir dévalorisées de ne plus avoir leur place dans la cuisine? Il faudra attendre quelques années pour le savoir», croit Jordan Lebel, qui perçoit toutefois ces changements d'un bon oeil.

D'ici la, messieurs, ne vous gênez pas pour nous gâter avec de délicieux petits plats !

> Pour savoir si vous êtes un gastrosexuel, faites le test (en anglais) sur gastrosexual.com

> Vous pouvez même insérer votre photo sur la une d'un magazine gastrosexuel et l'envoyer à vos amis... ou à la personne que vous souhaitez impressionner.