Plutôt que de prescrire une pilule, un professionnel de la santé pourrait proposer un tout autre remède à des problèmes d'anxiété ou de crises de panique: un animal de soutien émotionnel. Bien connus pour venir en aide aux personnes aux prises avec un handicap moteur, les chiens peuvent également assister des individus en situation de handicap psychiatrique, mental, psychique ou sensoriel.

La reconnaissance des bénéfices de l'utilisation des animaux dans le traitement de certains troubles de santé mentale ne date pas d'hier. Sigmund Freud a été l'un des premiers à se pencher sur la thérapie avec des animaux. Il a rapidement constaté que son chow-chow, Jofi, apaisait ses patients par sa seule présence et qu'il permettait aux enfants de s'ouvrir plus facilement. Puis, dans les années 60, le pédopsychiatre Boris M. Levinson, pionnier de la zoothérapie, a utilisé le chien comme «cothérapeute» d'un enfant présentant des troubles psychiatriques et a obtenu des résultats plus qu'encourageants.

Et il n'est pas rare de nos jours de croiser des animaux de soutien ou d'assistance dans la cabine d'un avion, dossard sur le dos, aux pieds de leurs maîtres. Ces derniers piquent bien souvent la curiosité: ni aveugles ni handicapés physiquement, pourquoi ont-ils besoin que leur compagnon vole à leurs côtés?

Il faut d'abord faire une distinction importante entre un animal de soutien émotionnel et un chien d'assistance. Par sa seule présence, le premier permet de rassurer, de tranquilliser les personnes victimes d'anxiété, de dépression, de troubles paniques, etc. Il a ainsi la même utilité qu'en zoothérapie.

«Le chien de soutien émotionnel n'a pas eu de formation. C'est sa présence qui va faire la différence. Un chien d'assistance est entraîné pour effectuer certaines tâches et doit ainsi lire les besoins du bénéficiaire».

«Si une personne a un TOC spécifique, ou des terreurs nocturnes, on va faire un lien entre le comportement de la personne et la récompense du chien pour renforcer une certaine action. Pour les anciens combattants, on va, par exemple, agir au niveau de l'hypervigilance et demander au chien de marcher derrière son maître, et non devant», précise John Agionicolaitis, porte-parole d'Asista, un organisme à but non lucratif de bienfaisance qui a été créé en 2011 et qui forme des chiens d'assistance pour la santé mentale.

Si les chiens d'assistance aux personnes diabétiques sont capables de détecter des baisses de glycémie, d'autres sont aussi utilisés pour aider les personnes souffrant d'agoraphobie, d'autisme ou de stress post-traumatique.

Attention aux dérives

Les chiens d'assistance et les animaux de soutien émotionnel voyagent gratuitement en cabine quand les compagnies aériennes le permettent. Des pièces justificatives doivent être présentées pour les animaux de soutien affectif ou d'assistance psychiatrique, avant l'embarquement. Ces dernières sont délivrées par un professionnel de la santé mentale qui atteste que son patient a une incapacité mentale ou émotionnelle. Et que l'animal l'aide à surmonter cette incapacité.

«Asista va donner une carte laminée avec un hologramme et un numéro de matricule pour chaque chien d'assistance qui doit également porter un harnais. Mais il n'existe pas d'accréditation particulière ni d'ordre professionnel pour les fondations qui forment les animaux», indique le porte-parole de la fondation Asista. 

«Actuellement, c'est un organisme à but non lucratif américain qui détermine les normes. On recommande qu'un minimum soit fait par le gouvernement pour encadrer tout cela.»

Aux États-Unis, plus de 750 000 demandes d'accommodement concernant des animaux de soutien émotionnel (chiens, chats, mais aussi paons, cochons, singes, chevaux miniatures, etc.) ont été présentées aux compagnies aériennes en 2017, soit une hausse de 74 % par rapport à 2016, selon le site Business Insider. Sur l'internet, certains psychothérapeutes sans scrupules proposent même pour une centaine de dollars une consultation vidéo afin de certifier que leur patient souffre bien d'un trouble qui nécessite un animal de soutien.

«Idéalement, les chiens de soutien émotionnel devraient recevoir une formation. On voit clairement que n'importe qui peut clamer avoir besoin d'un chien de soutien émotionnel. À cause de ces dérives, Walmart ne veut d'ailleurs plus que les chiens de ce type entrent dans ses magasins. Ça nuit à la cause des chiens d'assistance, car les gens ne comprennent pas toujours la différence», conclut M. Agionicolaitis.