Chers lecteurs, chères lectrices,

La pratique de la médecine vétérinaire au quotidien se caractérise par sa grande diversité. Conséquemment, le médecin vétérinaire généraliste fait office d'entonnoir par lequel passeront 90% des clients avec leur compagnon de vie dans le but d'éclaircir une situation médicale plus ou moins mystérieuse. Les raisons sont multiples, mais se divisent généralement en quatre grandes catégories de consultations: les consultations préventives («Docteur, j'ai trouvé un long ver blanc sur le tapis du salon hier! Pensez-vous que c'est le chien ou les enfants?»), les consultations curatives («Écoutez, docteur, mon chien fait le même son qu'une outarde!»), les interventions chirurgicales électives («Suzanne a eu 13 portées de chatons, on a épuisé tous nos amis et familles qui voulaient un chaton, pensez-vous que ce serait le bon moment de la stériliser?») et finalement les interventions curatives («Tonka a une patte folle, regardez, docteur, on dirait qu'elle ne suit pas les autres!»).

Parmi toutes ces raisons potentielles de consulter un médecin vétérinaire généraliste, les opérations électives sont indéniablement celles qui génèrent les plus profonds questionnements... ou controverses. Alors que les Québécois semblent généralement en faveur de la stérilisation mâle ou femelle, il reste à débattre du «quand». Votre chien est-il trop vieux ou trop jeune pour subir une castration? Votre chienne doit-elle avoir eu ses chaleurs une fois ou cinq fois avant l'ovariohystérectomie?

Quoiqu'on se doute depuis des millénaires déjà que le retrait des gonades et du système reproducteur touchent l'apparence des individus visés, les tenants et aboutissants de la stérilisation étaient jusqu'à tout récemment encore très vagues.

Aujourd'hui, un nombre croissant de publications scientifiques confirment que la stérilisation touche à la fois le développement ET le métabolisme de l'animal. Une fois ce concept accepté, la question du «quand» persiste et je crois sincèrement que la réponse dépend des raisons à l'origine de la stérilisation, c'est-à-dire le contrôle des cas de surpopulation, la réduction de l'incidence des maladies et cancers sensibles aux hormones sexuelles et le nivelage des comportements de reproduction (fuites, défense de territoire, marquage, compétition de courtise, etc.). Dans chacun de ces cas, un délai trop long avant la stérilisation augmente clairement les risques.

Somme toute, plus on attend avant de procéder à la stérilisation, plus les conséquences peuvent être importantes.

Restent donc les opérations chirurgicales de petits bouts en trop... J'entends par là l'onysectomie (dégriffage), l'essorillement (coupe des oreilles), la caudectomie (coupe de la queue), la phalaginectomie (coupe des ergots) et la dévocalisation (ablation des cordes vocales).

Je ne vous apprendrai rien si je vous dis qu'un consensus nord-américain et européen bien articulé prend forme depuis plus d'une dizaine d'années. Les positions fermes d'interdictions se multiplient, et avec raison. Nous sommes donc probablement mûrs pour accepter que ces «petits bouts» font partie intégrante de nos compagnons de vie: un chien a généralement une queue, des oreilles et des orteils et il exprime ses émotions en jappant, alors qu'un chat vient griffé et que la perfection n'existe pas, du moins pas en termes humains. Un petit bout en trop, c'est un petit bout de plus à aimer et à chérir, mais surtout, et avant tout, à protéger!

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