Avec l'arrivée du temps froid, vous vous apprêtez à vous armer d'un nouveau manteau ainsi que d'une panoplie d'accessoires en tous genres qui vous tiendront au chaud cet hiver. Avec style, bien sûr! Mais vos articles de mode sont-ils faits de fourrure? La SPCA de Montréal et LUSH Cosmétiques ont lancé la campagne #Finilafourrure afin de sensibiliser les fashionistas à l'importance de dire non aux articles de mode en renard, vison et autres petites bêtes provenant des fermes d'élevage intensif. Alanna Devine, avocate et directrice pour le bien-être animal à la SPCA de Montréal, a répondu aux questions de La Presse.

Q: La SPCA a révélé récemment que la moitié des Québécois pensent que porter de la fourrure est acceptable. Que signifie pour vous ce résultat?

R: Il s'agit d'une étude nationale qui a été menée par la Société de protection des animaux à fourrure au cours de l'année 2014. Je ne suis pas très surprise de ce résultat et cela s'explique avant tout par un manque d'information. L'industrie de la fourrure dit haut et fort que pour avoir de belles peaux, les animaux doivent être bien traités. Mais aucune organisation au Québec ne donne l'autre côté de la médaille. Les consommateurs doivent faire le lien entre les doublures en fourrure qui se retrouvent dans leurs manteaux et le fait que 85 % des peaux viennent de fermes d'élevage où les conditions de vie des animaux sont terribles. C'est pour faire connaître cette réalité que nous avons lancé la campagne #Finilafourrure.

Q: En quoi consiste cette campagne nord-américaine?

R: On vise surtout les médias sociaux. On veut que les gens prennent conscience qu'il ne faut pas porter de fourrure et qu'ils partagent sur leur Facebook, Instagram ou Twitter des statuts et des photos affichant leur engagement. On demande aussi aux gens d'écrire au ministère de l'Agriculture pour faire interdire les fermes d'élevage. Il y a un grand manque d'information au sujet de cette industrie, les gens pensent que les animaux sont protégés par des lois, mais ce n'est pas le cas. Le public peut aussi rapporter ses articles en fourrure dans les magasins LUSH, ils serviront à venir en aide aux animaux sauvages orphelins.

Q: Existe-t-il une façon éthique d'acheter de la fourrure?

R: Dans le cas des fermes d'élevage industrielles, cela signifierait de s'assurer que tous les besoins comportementaux et psychologiques de l'animal sont respectés. Deux pays ont adopté des règlements très stricts en la matière: la Suède et la Suisse. Les élevages de fourrure ont disparu dans ces pays, car les producteurs ne pouvaient assumer financièrement cette réglementation. Les visons, par exemple, sont des animaux semi-aquatiques, ils devraient donc avoir de l'eau pour nager et beaucoup d'espace. Au lieu d'interdire les élevages de fourrure, ces pays ont adopté des règlements très stricts qui ont fait en sorte que ce n'était plus un business rentable pour eux.

Q: Quelles sont les conditions d'abattage et de garde des animaux provenant de ces fermes?

R: Il existe des pratiques standards et légales dans l'industrie: pour les renards, c'est l'électrocution anale et pour les visons, la chambre à gaz. L'Union européenne a commandé une étude en 2001 qui a mené à la conclusion que l'utilisation de chambres à gaz était inhumaine. Environ 85 % de la fourrure vient de fermes d'élevage intensif. C'est ce que vise notre campagne. Il n'y a aucune façon éthique de faire l'élevage des visons et des renards de manière industrielle. Même si elles sont très propres, les cages grillagées ne sont pas adéquates pour des animaux. Au Canada, on parle de 2,5 millions d'animaux élevés dans des fermes d'élevage. Le plus grand producteur de visons reste la Nouvelle-Écosse, et le Québec est la province d'où proviennent la majorité des renards (qui sont d'ailleurs des canidés). On n'a pas le droit de garder des chiens dans des cages grillagées, car cela endommage leurs pattes. Alors pourquoi n'est-ce pas le cas pour les renards dans ce genre de fermes? Ça fait partie de l'industrie et c'est nécessaire pour la productivité de l'industrie, alors c'est toléré. Les «pratiques généralement reconnues» prévalent: tout ce que la majorité de l'industrie fait est reconnu comme un standard et est accepté.

Q: Que stipule la loi canadienne en matière d'étiquetage des produits en fourrure?

R: On est un des seuls pays au monde où il n'est pas obligatoire d'avoir de l'étiquetage pour dire si la fourrure est vraie ou de quel type d'animal elle provient. On est aussi un des seuls pays à ne pas avoir d'interdiction d'importation de fourrure de chat et de chien. La société Canada Goose, qui utilise de la fourrure de coyote, a retrouvé en sol canadien des imitations de ses produits avec de la fourrure de chien. C'est à cause de ces problèmes d'étiquetage que nous sommes également contre la fausse fourrure. On ne veut promouvoir la fourrure d'aucune manière. On doit encourager la mode à ne pas utiliser la fourrure, qu'elle soit vraie ou non, pour éviter la tendance. Même chose pour la fourrure recyclée.

Visitez le site de la campagne: finilafourrure.com