Entraînés pour soutenir des personnes handicapées motrices, non-voyantes et parfois mêmes autistes, les chiens d'assistance procurent chaque jour à de nombreuses personnes une meilleure qualité de vie. Avec une capacité olfactive de 200 000 à 1 million de fois plus puissante que celle de l'humain et un cerveau dont le tiers est consacré à cette fonction, nos compagnons à quatre pattes ont également la capacité de devenir des chiens d'assistance médicale détectant l'hypo et l'hyperglycémie chez les diabétiques.

Grâce à Anne-Marie Josée Gauthier, cofondatrice de la fondation Corazon, le Québec fait d'ailleurs figure de pionnier en la matière.

Celle qui entraîne depuis 1992 des chiens d'assistance pour des personnes à mobilité réduite forme officiellement depuis 2001 des chiens d'assistance médicale. Grâce à leur odorat très fin et à un rigoureux entraînement, ses chiens détectent ainsi l'odeur que dégage la personne diabétique en crise.

Le British Medical Journal a publié en 2000 un article sur trois chiens qui avaient des comportements répétitifs lorsque leur maître tombait en état d'hypoglycémie. À la fin de ce même article, le journal lançait un appel aux entraîneurs canins, afin de voir si ceux-ci pouvaient amener des chiens à détecter les périodes d'hypoglycémie, surtout nocturnes.

En 2001, Paco, un épagneul cocker anglais devient sans le savoir le tout premier chien du monde à détecter les états d'hypoglycémie et d'hyperglycémie.

«J'ai rencontré à Québec un éleveur d'épagneul cocker anglais qui m'a demandé si je pouvais former un chien d'assistance médicale pour une personne diabétique de son entourage qui habite toute seule. Je ne connaissais pas la maladie, alors j'en ai parlé aux gens autour de moi et ils m'ont dit de ne pas embarquer là-dedans. Mais, j'ai accepté quand même et cet éleveur m'a donné, en 2001, un des chiots d'une portée qu'il venait d'avoir», explique Mme Gauthier, qui a commencé l'entraînement du chien sans pour autant pouvoir garantir de résultat.

C'est alors qu'une personne diabétique est arrivée dans son entourage, sensibilisant le chien à l'odeur alors que Mme Gauthier le formait un peu plus chaque jour.

À six mois, Paco était ce qu'on appelle un détecteur naturel. «J'ai continué son entraînement pour qu'il puisse faire de la détection de jour comme de nuit et à 18 mois, il était parfaitement entraîné comme chien guide et d'assistance médicale», explique-t-elle.

Après Paco, Mme Gauthier a décidé de se spécialiser dans la formation de chien d'assistance médicale et a adopté Jules César, un autre épagneul cocker anglais.

«Je l'ai entraîné moi-même à détecter l'hyperglycémie, car j'en étais moi-même atteinte. Et à la fin de 2001, j'ai décidé d'ouvrir ce programme. Depuis que je suis diabétique, je forme moi-même mes chiens», précise-t-elle.

Difficile à détecter, l'hyperglycémie peut entraîner de graves problèmes comme le coma diabétique.

«La glycémie d'une personne normale varie ente 5 et 7. Quand on est diabétique, elle oscille de 4 à 7. J'ai appris au chien que ça commence à descendre vers 4,2. Le chien va sentir le changement d'odeur sur la peau et de l'haleine et il va insister pour que son maître prenne son glycomètre. Pour l'hyperglycémie, il va réagir à partir de 7,2», dit Mme Gauthier.

S'il détecte le moindre problème dans le taux de glucose, le chien d'assistance va lécher son maître au niveau de la bouche et ne cessera pas tant que son maître n'aura pas dosé sa glycémie.

«J'entraîne Mademoiselle Adora depuis qu'elle a deux mois. Elle est destinée à aider Noah, un garçon de 10 ans, diabétique, qui vient à la fondation pour m'aider à entraîner son chien. Je ne mets aucun de mes chiens en famille d'accueil: je les supervise depuis l'âge de deux mois pendant au moins 2,5 ans, le tout en utilisant une méthode de renforcement positif exclusivement», précise Mme Gauthier.

Les personnes diabétiques peuvent donc faire appel à la fondation Corazon afin de recevoir, sans frais, un chien d'assistance.

«On vit des dons et les besoins sont très grands. Entraîner un chien d'assistance médicale coûte 35 000$ et il s'agit d'une formation de jour comme de nuit», explique-t-elle.

Depuis 2002, Mme Gauthier a ainsi placé 13 chiens.

Détecter le cancer

Après le décès de sa soeur d'un cancer du poumon, Anne-Marie Josée Gauthier s'est donné pour mission de mettre sur pied un programme de détection du cancer, notamment du mélanome.

«On entame le programme, précise-t-elle.. J'ai quatre chiens en formation actuellement. Et j'aimerais avoir un oncologue qui suivrait scientifiquement mes avancées avec les chiens. Le chien doit détecter mille trillions de cellules cancéreuses. Mon objectif est de former un autre entraîneur pour ouvrir un centre de détection, mais surtout de détente où le public pourrait évoluer au milieu des chiens.»

Au Japon, un labrador retriever a été entraîné pour reconnaître le cancer colorectal et le fait avec un taux de réussite de 95 à 98%!