Notre nouveau premier ministre la pratique et, à son image, les Québécois, jeunes et moins jeunes, sont de plus en plus nombreux à s'intéresser à la boxe. Quelques essentiels à savoir avant d'enfiler les gants et de monter dans le ring !

FAIRE SORTIR LE MÉCHANT

Que ce soit pour canaliser une énergie débordante, se remettre en forme ou dépasser ses limites, la boxe connaît une popularité grandissante auprès des jeunes et moins jeunes hommes, qu'elle soit un loisir récréatif ou compétitif.

La boxe attire un public de plus en plus élargi depuis quelques années. Sans doute, la médiatisation des combats et des boxeurs a contribué à faire connaître un sport autrefois plus marginalisé. « Les clubs de boxe se sont aussi beaucoup ajustés pour offrir un environnement plus agréable et moins underground », constate Rodolfo Furlan, directeur technique de la boxe et entraîneur au Centre Père Sablon, à Montréal.

En croissance, la boxe ? Absolument, confirme Kenneth Piché, directeur général de la Fédération québécoise de boxe olympique. « On a remarqué, au cours des dernières années, une montée de l'intérêt pour la boxe et les arts martiaux mixtes. À la télévision, on en parle de plus en plus, c'est vraiment un sport en croissance. Il y a de plus en plus de gens qui veulent démarrer leur club de boxe et nous avons connu une croissance assez spectaculaire des galas. »

Les galas, comme celui qui aura lieu au Centre Père Sablon la semaine prochaine, sont une façon pour les clubs de boxe de générer des revenus en amassant des fonds. Le 7 novembre, une vingtaine de boxeurs de la région de Montréal se sont affrontés dans le cadre du gala animé par Anaïs Favron.

C'est la quatrième année que le Centre Père Sablon organise un gala, une façon d'amasser des fonds pour sa fondation, dont le mandat est de permettre à des jeunes plus défavorisés d'avoir accès au sport. Le Club de boxe Père Sablon (CPS) connaît d'ailleurs un succès fulgurant depuis sa création : d'un seul jeune lors de sa fondation en 2010, le club accueille aujourd'hui 80 personnes, majoritairement des adolescents, mais aussi quelques adultes.

Le CPS offre également des cours de boxe axés sur le conditionnement physique dans son programme récréatif. Ces derniers connaissent un franc succès, affirme Emmanuelle Lachance, directrice de la fondation et des communications du Centre. « Nous avons beaucoup de demandes, les cours sont toujours pleins ! »

UN ENTRAÎNEMENT EFFICACE

C'est que l'entraînement de boxe, dit par intervalles, est très efficace pour les gens qui désirent se remettre en forme. Et même chez les gens qui pratiquent le sport régulièrement, il peut être un défi. 

« J'ai déjà donné un entraînement à un gars qui faisait des triathlons. Il n'a pas été capable de durer trois rounds ! », dit Rodolfo Furlan, entraîneur au Centre Père Sablon.

Nouredine Hassan, 18 ans, pratique la boxe depuis deux ans et demi. Il a plus d'une vingtaine de combats derrière la cravate, en plus de travailler comme aide-entraîneur avec les jeunes de 10 à 13 ans du côté récréatif. Pourtant, lorsqu'il a commencé à boxer, il était en surpoids et pesait plus de 91 kg !

« J'ai commencé la boxe récréative car j'avais besoin de perdre du poids. Je trouvais ça le fun, et le coach m'a plus tard suggéré d'essayer au niveau compétitif. Au début, je me disais : "Ces gars-là, ce sont des malades, jamais je ne vais embarquer dans un ring de ma vie !" Puis j'ai fait mon premier sparing et j'ai eu la piqûre ! », nous explique-t-il.

DISCIPLINE ET HUMILITÉ

Autrefois réservée aux 10 ans et plus pour le volet compétitif, la boxe s'ouvre aux plus jeunes, avec l'ajout d'une catégorie pour les 8-10 ans depuis janvier dernier à la Fédération québécoise de boxe olympique.

« C'est une façon d'initier les plus jeunes à la boxe, mais avec des contacts contrôlés à la tête, détaille M. Piché. Cela a créé beaucoup d'engouement auprès de parents qui cherchent des activités pour des jeunes garçons particulièrement turbulents, qui aiment se bagarrer et qui ont de la difficulté avec les règles. Ils peuvent constater leurs limites avec la boxe. C'est un sport qui apporte de l'humilité. Le jeune sait qu'il doit travailler et apprendre les techniques de la boxe s'il ne veut pas se faire ramasser sur le ring. »

Car si la boxe a un effet sur la condition physique, la plus grande transformation se situe sur le plan mental, constate M. Furlan, qui entraîne des jeunes à la boxe depuis 1998. « En faisant de la boxe compétitive, les jeunes ne font pas que frapper et dépenser leur énergie ; ils appartiennent à un club, ils développent un sentiment d'appartenance. Ça fait toute la différence pour eux. »

L' ABC DE LA BOXE

La boxe est un sport exigeant et très efficace pour se remettre en forme. L'entraînement par intervalles mobilise à la fois le cardio et le musculaire, le corps et le mental. De nombreux mois, voire une année de pratique peuvent être nécessaires avant de participer à son premier duel dans le ring. Voici les rudiments de ce sport de combat.



Les bandages



On peut se mettre à la boxe avec presque rien. Une bonne paire de chaussures et des vêtements d'entraînement suffisent. Mais il existe un incontournable : les bandages qu'on entoure autour des mains et poignets, essentiels si on veut éviter les blessures et protéger les jointures.

La corde à danser

Pourquoi voit-on souvent les boxeurs sauter à la corde ? En plus d'être excellente pour les capacités cardiovasculaires, la corde à danser permet aux boxeurs en herbe de s'exercer aux déplacements et transferts de poids, un des éléments de base de la boxe.

Le shadow boxing

C'est probablement l'élément le plus important de l'entraînement de boxe. Sans impact, le shadow boxing consiste à parfaire ses coups, ses déplacements et ses mouvements de défense devant le miroir. Cela permet de corriger et d'améliorer sa technique.

Le punching bag

Tout comme le shadow boxing, les sacs de sable, communément appelés punching bags, permettent d'exercer sa technique, mais avec une vraie cible. L'apprenti boxeur frappe le sac comme si c'était un adversaire, en utilisant le mouvement du sac pour ajuster ses déplacements.

Les gants et les mitaines de précision

Dans le ring, le boxeur enfile les gants, alors que l'entraîneur porte les mitaines de précision. Un duo complémentaire qui permet au boxeur de parfaire la technique, mais aussi le côté tactique du sport.

Le sparing

Une fois que l'apprenti boxeur maîtrise suffisamment sa technique, et s'il le désire, il franchit l'étape du sparing, un combat simulé avec contacts. Il donnera et recevra des coups, oui, mais avec une puissance maîtrisée et dans un esprit d'entraînement. Cela permet de travailler la respiration, très sollicitée en situation de combat.

BRANCH C. ARPIN

Être prêt à monter sur le ring en un mois d'entraînement à peine, sans jamais avoir mis des gants de boxe auparavant, voilà le défi un peu fou qu'Anaïs Favron, animatrice à Énergie, a lancé à ses collègues Phil Branch et Dominic Arpin. Leur combat amical, au profit de la fondation du Centre Père Sablon, s'est tenu lors du gala de boxe La relève qui a du fun, le 7 novembre. La Presse a assisté à leurs entraînements respectifs, question d'aiguiller votre choix !

Dominic Arpin

Pourquoi avoir accepté ?

Anaïs a lancé le défi en ondes et j'ai attrapé la balle au bond. Le tout est parti un peu comme une boutade, mais je réalise que ce sport m'était destiné.

Quels sports pratiques-tu en général ?

La course à pied [NDLR : il court des marathons]. Mais la boxe, où il faut savoir être explosif et récupérer le plus vite possible, n'a rien à voir avec la longue distance en course à pied. C'est un rythme totalement différent. Heureusement, j'aime beaucoup m'entraîner et j'ai fait du cross-fit durant des années.

Qui est ton entraîneur et depuis quand as-tu commencé l'entraînement ?

Alain Boisvenu, de Techno-Boxe à Longueuil. J'avais fait un reportage dans son gym lorsque je travaillais à TVA et j'avais adoré son approche. J'ai pensé à lui spontanément et je m'entraîne avec lui depuis un mois et demi.

À quoi ressemble ta routine d'entraînement ?

Je vais m'entraîner en boxe deux fois par semaine, et je complète en pratiquant la course par intervalles le week-end. Disons que j'apprends tout de façon très accélérée !

Tes premières impressions ?

Je suis en train de tomber follement amoureux de la boxe. J'aime l'entraînement, mais aussi tout ce que ce sport nous apprend sur nous dans le ring, la façon d'utiliser la peur, toute la stratégie derrière. C'est beaucoup plus que deux gars qui se tapent sur la gueule ! Il y a aussi quelque chose de très mental : savoir comment gérer la fatigue, la façon de bouger dans le ring et d'éviter les coups... Je vais continuer la boxe après, c'est certain.

Le plus difficile ?

Ma première fois dans le ring, après 30 secondes, j'étais épuisé mort ! Je n'avais aucune idée de ce qu'était un combat de boxe et c'est stressant d'imaginer recevoir, mais aussi donner des coups, car on a le réflexe de ne pas vouloir faire mal à l'autre. Faire des pompes ou frapper dans un sac de sable, c'est une chose, mais être face à l'autre, c'est une tout autre dimension. C'est celui qui sera le plus en forme physiquement, mais aussi mentalement, qui va gagner.

Vas-tu gagner ?

Phil est peut-être plus jeune, mais je suis plus en forme que lui ! Il a devant lui quelqu'un de très compétitif, qui s'entraîne depuis des années et qui a un très bon entraîneur. Impossible qu'il sorte gagnant de ce combat !



Phil Branch

Pourquoi avoir accepté ?

J'ai dit oui, et j'ai réfléchi après... C'est un problème que j'ai ! En fait, cela fait des années que je parlais de faire de la boxe, mais il me fallait un objectif précis pour m'y mettre. C'est fait !

Quels sports pratiques-tu en général ?

Tout ce qui se fait avec une planche ! Mais mon expérience en snow et en wakesurf ne me sert absolument à rien jusqu'à maintenant !

Qui est ton entraîneur et depuis quand as-tu commencé l'entraînement ?

Stéphanie Hamel, du Centre HardKnox. Je m'entraîne avec elle depuis la mi-octobre.

À quoi ressemble ta routine d'entraînement ?

Jean-François Gaudreau, au Gym Mansfield, m'a fait un plan d'entraînement complémentaire à la boxe et un plan alimentaire que j'ai commencés au début du mois d'octobre. Au total, je viens au HardKnox de quatre à cinq fois par semaine, plus deux fois au gym.

Tes premières impressions ?

C'est le fun ! Je travaille de 18 h à minuit à la radio et j'ai tellement plus d'énergie qu'avant ! Les premières journées, j'étais vraiment raqué, mais cela se place tranquillement. En quelques semaines, mon corps a déjà changé.

Le plus difficile ?

Continuer à respirer même quand on donne ou reçoit des coups. J'ai fait du sparing pour la première fois la semaine dernière. Manger des coups, c'est tel que tel (je suis de la génération Jackass, quand même !), mais la première fois que j'ai frappé quelqu'un au visage, je me suis excusé ! Dominic, je l'aime beaucoup, mais il va falloir que je le frappe !

Vas-tu gagner ?

C'est sûr ! De toute façon, il est vraiment vieux, je ne sais pas pourquoi il a accepté ! Je vois un peu Dominic comme Brazeau, et moi, je suis Trudeau ! Il va se brûler au premier round, et je vais remonter aux deuxième et troisième rounds. Et si je lui fais trop mal, je peux toujours le remplacer au show du matin !