La forte médiatisation des scandales liés à Vincent Lacroix et à Earl Jones au Canada, et Bernard Madoff, aux États-Unis, ont ravivé la question de l'utilité, et surtout de la faisabilité d'un fonds d'indemnisation universel contre les victimes de fraude.

Doit-on et peut-on dédommager toutes les victimes?

Il faut d'abord se demander si un tel fonds existe ailleurs, selon Alain Paquet, le député de Laval-des-Rapides à l'Assemblée nationale et président de la Commission des finances publiques.

Et la réponse est non.

«La question de l'harmonisation est importante, dit-il. Nous ne pouvons pas agir de façon différente des autres régions. Un tel fonds d'indemnisation serait très coûteux. Les plus petits acteurs de l'industrie pourraient ne pas être capables d'absorber les coûts.»

De plus, ajoute-t-il, le rendement des investisseurs québécois serait affecté négativement, car il faudrait d'une façon ou d'une autre leur transférer les coûts qu'occasionnerait la mise en place de ce fonds d'indemnisation.

Mais aussi, la création d'un tel fonds universel d'indemnisation causerait un risque moral, c'est-à-dire que les individus cesseraient de se préoccuper de la sécurité de leurs placements, car toutes les pertes leur seraient automatiquement remboursées, explique le député.

L'éducation

La meilleure protection contre la fraude, c'est encore l'individu lui-même et il faut l'amener à cela, explique Jean-Pierre Ouellet, ex-dirigeant de RBC Valeurs mobilières.

«Si on indemnisait les victimes d'Earl Jones, tous les investisseurs croiraient qu'ils peuvent investir en toute sécurité sans se préoccuper des risques», dit-il.

«Il faut se rendre à l'évidence, ajoute-t-il, des fraudeurs, il y en aura toujours.» Pour que la population puisse se prémunir contre eux, la clé c'est l'éducation. «Les notions fondamentales d'investissement devraient être enseignées au cours secondaire, dit-il. Ainsi, les gens apprendraient où sont les risques et comment assurer leur propre sécurité.»

GARE AUX FRAUDEURS

On vous promet des rendements élevés et ce, sans risque.

- Des inconnus ou des individus que vous venez à peine de rencontrer vous contactent pour vous offrir des occasions de placement exceptionnelles.

- On vous assure que les actions d'une compagnie sont sur le point d'être inscrites à la Bourse et qu'elles sont offertes au rabais.

- On vous dit qu'il faut faire vite pour profiter d'une occasion de placement «incroyable».

- On vous demande de garder le secret, car c'est une occasion de placement qu'on ne propose qu'à quelques privilégiés comme vous.

Si vous vous retrouvez devant une de ces situations, soyez aux aguets, avertit l'Autorité des marchés financiers (AMF). «Une fraude ou une tentative de fraude peut naître à partir d'une de ces situations», peut-on lire dans une brochure publiée par l'organisme de réglementation des marchés financiers et qui s'intitule Prenez garde à la fraude en valeurs mobilières.

L'AMF publie une abondance de matériel pour permettre aux gens de se prémunir contre la fraude et mieux connaître l'environnement du placement et des autres services financiers. Tout est disponible sur le site internet de l'organisme au www.lautorite.qc.ca. Consultez-le.

La sécurité en matière de produits et services financiers, ça commence d'abord par l'individu, disent toutes les personnes interviewées dans ce cahier spécial.