De toutes façons, son nez, elle pensait bien devoir s'en occuper un jour ou l'autre. Alors, cet été, Nicole a joint l'utile à l'agréable en profitant de ses vacances au Liban pour se faire refaire le profil. Tout en économisant de l'argent.

Capitalisant sur la popularité des chirurgies à bon prix dans ses cliniques, le Liban tente aujourd'hui de valoriser à la fois ses attraits touristiques et l'habileté de ses plasticiens pour développer un secteur nouveau, le «tourisme esthétique».

En partenariat avec une société libanaise basée à Dubaï, le ministère libanais du Tourisme a lancé en juin une initiative pour promouvoir ce créneau, en offrant même des séjours de convalescence post-opératoire dans des complexes touristiques ou encore des camps de vacances pour accueillir les enfants pendant les opérations.

«Aux Etats-Unis, une rhinoplastie m'aurait coûté environ 9 000 dollars (6 400 euros), mais au Liban, c'est seulement 2 000 dollars», explique Nicole, étudiante en droit new-yorkaise d'origine libanaise.

«Je n'étais pas pour au début mais ma famille m'a convaincue. Je passe mes étés ici, et la question qu'on me pose toujours est "Quand vas-tu faire refaire ton nez?"», lance la jeune femme de 21 ans.

«Le tourisme esthétique est un concept largement reconnu et apprécié et nous espérons qu'il contribuera à notre économie», a expliqué Nada Sardouk, directrice générale du ministère du Tourisme, parlant d'une initiative «innovante et prometteuse».

Les banques locales ont apporté leur pierre à l'édifice, en proposant des prêts à taux faible pour les interventions de chirurgie plastique.

Difficile d'estimer le nombre de touristes qui viendront cet été au Liban subir ce genre d'opération. Mais plusieurs chirurgiens ont affirmé à l'AFP qu'ils avaient d'ores et déjà des centaines d'interventions prévues pour le seul mois d'août, pour la plupart sur des patients venant du Golfe.

Nour, une Koweïtienne de 26 ans, a profité de ses vacances au Liban pour coupler une rhinoplastie et le retrait d'une petite cicatrice au genou.

Médicalement, aucune de ces deux interventions ne s'impose, mais cette employée de banque dit qu'elle veut être plus belle à son travail.

«De toutes façons, je viens au Liban chaque été», a-t-elle déclaré à l'AFP au Centre médical international d'Hazmieh, qui compte une équipe de 50 as du scalpel. «Ici, tous les médecins sont expérimentés et les prix sont modérés.»

Directeur du Centre, le chirurgien Elias Chammas explique que Nour n'est qu'une des nombreuses patientes qui ne rechignent pas à entrer au bloc opératoire pour être «à la mode».

«Le Liban a toujours été célèbre pour le tourisme médical, et ce bien avant la guerre civile (1975-1990). La situation politique était la seule chose qui dissuadait les gens de venir.»

Après trois années d'instabilité, le tourisme est reparti l'année dernière avec 1,3 million de visiteurs. Le gouvernement vise les deux millions cette année, notamment après les législatives du mois dernier qui se sont déroulées dans le calme.

Chirurgien de stars et membre du jury de Miss Liban, Nader Saab confie qu'en été, les trois quarts de ses clients viennent de l'étranger. S'il reçoit de plus en plus d'hommes, ses clients sont majoritairement des femmes, qui pour la plupart veulent «un corps sexy: une jolie silhouette et de beaux seins».

«Avec l'âge, les femmes prennent conscience qu'elles risquent d'être remplacées par une autre», affirme-t-il. «Nous vivons dans une société où les apparences sont très importantes.»