Le Québec vient de perdre un deuxième petit producteur de foie gras. Pierre-Yves Clerson, des Bontés Divines, ferme boutique, un an après qu'un incendie eut détruit sa ferme.

Il s'était donné quelques mois pour s'en remettre, sans toutefois cesser sa production, en utilisant les canards d'une consoeur. Mais voilà, les petits artisans qui font du gavage ne l'ont pas facile. Leurs produits de niche doivent se distinguer dans un créneau étroit. Peu d'amateurs de foie gras voudront payer encore davantage, parce que le producteur gave lui-même ses oiseaux, à la brunante, avec de la musique en fond. Ce que faisait Clerson dans les collines de Stoke, en Estrie.

Plus tôt l'année dernière, L'Oie Naudière a aussi fermé boutique, après l'effondrement de son toit. «C'est très difficile de rester petit dans la structure agricole actuelle où l'on encourage ceux qui font du volume», explique Alain Dansereau, de feue l'Oie Naudière, qui a préféré fermer ses portes plutôt que de se lancer dans une gamme de conserves et de produits transformés. La sauce à spaghetti, très peu pour lui.

Ces deux artisans avaient plusieurs points en commun, dont celui de bosser pour que soit connu et reconnu leur travail. Alain Dansereau avait publiquement dénoncé le règlement sur le confinement des oiseaux, qui pénalisait les artisans de l'alimentation. Pierre-Yves Clerson était à l'origine d'un projet d'appellation pour le foie gras québécois et qui restera à l'étape de projet. Ils avaient aussi en commun de faire des produits très haut de gamme et avec passion.

Autrement, leurs collègues producteurs de foie gras du Québec affirment faire de bonnes affaires, en dépit d'une récession. Apparemment, les amateurs de foie gras n'en souffrent pas trop.