Les saucissons secs se mangent crus, contrairement aux saucisses et aux saucissons à cuire. Il s'agit de viande hachée de porc assaisonnée mise dans un boyau (embossage) et séchée.

Ils sont salés et fermentés, parfois fumés. Souvent, le saucisson sec est recouvert d'une légère poudre blanche. C'est la fleur du saucisson, qui résulte de l'ajout d'une bactérie du même genre que celle utilisée dans le yogourt ou dans les fromages de type roquefort. Elle contribue au bon goût du saucisson tout en assurant sa conservation. Un autre agent de conservation, du nitrite de sodium, peut aussi être utilisé. Dans un cas ou dans l'autre, cela permet de garder le saucisson au frais plusieurs jours. Mais il vaut mieux le manger rapidement, sinon la viande prend un goût rance. Le saucisson sec français est fait de porc, parfois de veau, d'agneau, de boeuf, de sanglier ou d'âne. Il en existe des milliers de variétés en France, où on le fabrique depuis l'époque gallo-romaine. Le mot saucisson vient de salsus qui, en latin, signifie salé.

Comment fait-on sécher un saucisson?

Pour que le saucisson soit bon, il faut qu'il soit sec «à point». On dit souvent en France que certains charcutiers ne font pas sécher assez leurs saucissons afin de les vendre plus cher, puisque leur prix dépend de leur poids! Ce n'est pas tout à fait vrai. En fait, quand le saucisson a été confectionné, il doit d'abord passer à l'étuvage, ce qui réduit sa teneur en eau et permet de démarrer la fermentation. C'est une étape délicate, à suivre avec soin (tout comme le conditionnement en fin de processus), si l'on veut que le saucisson soit exempt de toute bactérie. S'ensuit le séchage, dont la durée dépend du type de saucisson, de l'hygrométrie et de la température. En général, les meilleures conditions de séchage comprennent une température comprise entre 12 et 15 degrés Celsius pour une hygrométrie de 75 à 85%. Tout est dans la surveillance de cette étape de séchage. Plus celui-ci est lent, plus le goût est raffiné. Au Québec dans un saucisson «légal», il doit rester un maximum de 0,9% d'eau dans le saucisson après le séchage.

Les Oscars du saucisson

La consécration d'un fabricant artisanal de saucisson est d'être primé au Saucicréor. Il s'agit du Concours international du meilleur saucisson. Il a lieu chaque année au printemps à Nouan-le-Fuzelier, au sud d'Orléans, en France. Et ce, depuis 1987, à l'initiative de la Confrérie de la Grand'Table du Fuzelien! Il se veut une vitrine de ce qui se fait de mieux dans l'artisanat charcutier, avec des saucissons de toutes les formes, de tous les goûts et provenant de partout. Chaque année, plus de 200 sortes de saucissons sont goûtées et notées: des saucissons à cuire (fumés ou non fumés) et des saucissons secs.

En 2008, un Parisien a remporté le concours dans la catégorie à thème avec son saucisson au canard et au sel de Guérande qui contenait aussi des marrons, des abricots secs, des pistaches et des zestes d'orange.

Les organisateurs disent voir arriver chaque année de nouvelles variétés avec de nouveaux candidats qui rivalisent de créativité. L'an dernier, un candidat a créé des saucissons en forme d'anneaux olympiques. Pékin oblige. Un autre, venu de Suisse, avait apporté un saucisson ayant la forme d'un cochon. L'entreprise québécoise Fou du cochon se promet de participer à ce concours en 2010.

L'empereur du saucisson

Si le saucisson sec est les prince des salaisons, le saucisson à cuire en est l'empereur. Truffé, pistaché, il fait partie de la tradition culinaire lyonnaise. Dans la cité des Gones, on le mange avec des pommes de terre en robe des champs et du beurre, ou encore brioché (cuit à l'intérieur d'une brioche), accompagné d'une salade verte.

S'il est encore bien difficile de trouver des saucissons à cuire au Québec (à Montréal, la Queue de cochon, rue Saint-Hubert, en fait sur commande), nous avons trouvé des producteurs de porcs de Mont-Saint-Grégoire, d'origine belge, Pascale et François Pirson, qui se sont lancés dans cette aventure.

Avec l'aide d'un boucher, Porcherie Ardennes fabrique des saucissons à cuire vaudois, à partir de porcs élevés «au naturel». «On nous dit que notre saucisson à cuire ressemble beaucoup au lyonnais», dit Mme Pirson, qui a une formation en charcuterie-boucherie-traiteur.

«On fournit quatre bouchers et on vend nos produits au marché régional de Saint-Jean et par l'intermédiaire de l'Écomarché de solidarité régionale de Beloeil, notamment sur l'internet.»

Mme Pirson ajoute qu'elle ne fait pas de saucisson sec, car Québec exige pour cela une salle à humidité contrôlée et séparée de celle où est fabriquée la viande fraîche. «Celui que l'on fait est cuit et peut donc se trouver dans la même salle que la saucisse ou le bacon, qui n'ont pas besoin de temps de séchage.»

Porcherie Ardennes n'élève pas de cochons biologiques car, selon M. Pirson, la rentabilité est difficile à atteindre. «Avec le porc au naturel, on vend déjà une coche plus haut que pour le traditionnel, alors si je le vends deux fois plus cher je n'y arriverai pas.»

Attention à la fraîcheur!

Il faut bien vérifier que les saucissons qu'on achète soient de la meilleure fraîcheur. Il s'agit quand même de viande et il y a parfois des problèmes. L'an dernier, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a rappelé un stock de saucissons français importés, même si aucun cas de maladie n'avait été signalé. La bactérie Salmonella avait été détectée dans un des saucissons. Le mois dernier, le ministère de l'agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a fait rappeler un saucisson tranché au comptoir fabriqué à Mont-Laurier. Selon Nathalie Joannette, de Fou du cochon, la contamination intervient parfois au stade de la fabrication, si l'étuvage ou le conditionnement sont mal faits, mais aussi parfois au stade de la vente, si l'appareil avec lequel on tranche le saucisson a été mal nettoyé. «On ne s'improvise pas charcutier», dit-elle.