Elliot Desgagnés, 24 ans, chante du death metal. Quand il monte sur scène, il devient survolté. Il secoue frénétiquement la tête, se frappe le torse et crie son désenchantement à des fans emportés dans une danse brutale. Nous l'avons rencontré au Club Soda, où son groupe Beneath the Massacre s'est produit à la mi-octobre.

Pas de violon, ni de piano. La musique de Beneath the Massacre est l'antithèse de la ballade romantique. Une voix rauque et puissante, une batterie, une basse à six cordes et des guitares électriques. Coeurs et tympans sensibles s'abstenir. Les chansons du groupe québécois ne sont pas très «hop la vie»: Better Off Dead, Profitable Killcount, Our Common Grave, Regurgitated Lullaby for the Borndead et Condemned.

 

«On ne célèbre pas la mort. Nos paroles traitent plutôt de nos conditions de vie qui s'apparentent à la mort», souligne Elliot Desgagnés, installé sur un sofa en coulisses. «On chante la guerre, la peine de mort, le mythe de la mobilité sociale. On va chercher une agressivité maximale. On veut réveiller les gens, leur montrer qu'on vit comme des morts-vivants.»

Dans un univers où les crânes et le sang sont monnaie courante, Beneath the Massacre tente de se distinguer comme il peut. Le mot d'ordre: provocation. La pochette de l'album Dystopia, lancé mardi, montre un foetus ensanglanté à la tête de mort, emprisonné dans les rouages d'une machine. «C'est un dessin qui illustre bien nos propos, mais la compagnie de disques a exigé qu'on adoucisse l'image, c'était trop cru. Même chose pour nos t-shirts. Quand c'est trop violent, ça ne passe pas», dit-il, en installant un présentoir de produits promotionnels à l'entrée. «C'est surtout avec ça qu'on fait notre argent.»

Elliot Desgagnés et son groupe s'imposent tout de même des limites. «Certains groupes parlent de décapitation ou de «mangeage» d'intestins, ils arrivent quand même à passer des messages subtils. C'est leurs affaires, mais ce n'est pas notre genre.»

L'approche de Beneath the Massacre trouve des adeptes. Cette année, ils ont donné 250 concerts collectifs dans une quinzaine de pays. Au Club Soda, quelques centaines de fans se sont déplacés. Surtout des jeunes de 20 ans. «Partout où on passe, même au milieu de nulle part, il y a des fans de death metal pour nous écouter.» Qui sont-ils? «Des metal nerds qui connaissent chaque note et apprécient la musique. D'autres qui veulent uniquement se défouler.»

Devant la scène, les plus téméraires trashent. «Les coups de poing sont désormais la norme, surtout aux États-Unis. C'est plus marqué en crise économique», note le chanteur, plutôt indifférent. La Presse n'a pas vu de «jabs» au Club Soda, mais beaucoup d'action. Entendre chanter la mort pour se sentir plus vivant?