Après être monté au créneau pour changer les menus dans les écoles britanniques, le chef superstar Jamie Oliver s'attaque aux poulaillers. Avec la société protectrice des animaux et quelques chefs, il veut améliorer les conditions d'élevage des poulets.

Jamie Oliver a mis les pieds dans un élevage intensif de poulets pour la première fois de sa vie l'automne passé. Première visite, premier choc. Voir 13 000 poulets entassés les uns sur les autres, dans un poulailler du sud-ouest de l'Angleterre, a bouleversé le célèbre chef anglais. Depuis, il a entrepris une campagne pour améliorer leurs conditions de vie.

 

Bon an, mal an, il s'élève 860 millions de poulets au Royaume-Uni. Des poulets qui se retrouvent généralement sur les tablettes des supermarchés pour seulement 5$. Ils sont génétiquement choisis afin d'atteindre leur poids de vente en 39 jours.

Presque constamment sous lumière artificielle, ils n'ont rien d'autre à faire que picorer, picorer et picorer encore. Ils grossissent si vite que leur coeur et leurs os sont souvent immatures lorsqu'ils arrivent à l'abattoir. Jamie Oliver juge cette situation «moralement inacceptable».

Son voeu le plus cher? Que les Britanniques «déboursent 2$ de plus pour un animal ayant eu de meilleures conditions de vie, de la lumière naturelle et des choses à faire».

«C'est moralement mieux pour l'animal, c'est moralement mieux pour le producteur», a expliqué le cuisinier aux médias avant la diffusion d'une émission de télévision sur le sujet, en début d'année.

Jamie Oliver est loin d'être seul à avoir ce point de vue. «Cela fait des années que nous menons des campagnes pour améliorer la situation des poulets d'élevage», souligne Helen Briggs, de la Société royale pour la prévention de la cruauté envers les animaux (RSPCA).

Profitant de la notoriété du télégénique cuistot, la RSPCA a décidé de donner un nouveau souffle à sa campagne. Elle a notamment publié des pleines pages de publicité dans les journaux demandant aux supermarchés de bannir les poulets élevés de manière standard de leurs étalages d'ici 2010.

La RSPCA souhaite que les poulets puissent avoir plus d'espace pour grandir (à 15 plutôt que 19 par mètre carré) et que des espèces qui grossissent moins rapidement soient sélectionnées.

«Cela ne coûterait pas nécessairement beaucoup plus cher aux consommateurs: à peine 2 ou 3$ de plus par animal», soutient Mme Briggs.

Évidemment, les producteurs de poulets sont sur la défensive. Ils estiment être victimes des bons sentiments de richissimes chefs qui peuvent se permettre d'acheter des poulets biologiques à 30$ pièce.

«Les normes que nous suivons sont déjà plus sévères que ce que la loi nous impose», rappelle Jeremy Blackburn, du Conseil de la volaille britannique (BPC), l'association qui représente 80% des éleveurs. À l'heure actuelle, les producteurs de poulets ne font que de 5 à 7 cents de profit par animal.