Missoni a éclaboussé lundi les passerelles milanaises de ses précieux pigments à l'énergie contagieuse, tandis que D&G faisait défiler des marinières effrontées, au troisième jour de présentation des collections de prêt-à-porter pour l'été prochain.

Tel un kaléidoscope décomposant la lumière, la collection d'Angela Missoni dissèque nuances et tons sur des robes-blouses aux lignes fluides qui fonctionnent à la manière d'un tableau de Kandinsky: les couleurs ricochent, s'acoquinent ou se repoussent pour un effet très dynamique.

Du rose poudré au brun, du bleu canard au jaune mat, les pigments se déclinent en chevrons, tweeds ou imprimés foulard, et se prennent même à jouer au ton sur ton avec des unis qui claquent. En apparence du moins: à l'intérieur des manches, les liserés qui ont fait le succès de la maison Missoni se laissent entrevoir.

Parfois, des fils d'or se mêlent au tissage des tuniques qui s'irisent sous la lumière. Les jupes se prennent pour des pantalons, et les larges ceintures de cuir brut font semblant de recadrer la profusion de couleurs.

D&G, la ligne cadette des créateurs milanais Domenico Dolce et Stefano Gabbana, se plaît à respirer l'air marin et fait défiler des mannequins bardées de rayures bleu marine et blanc, estampillées de grosses ancres rouges.

On ose le maillot de bain en maille rayée accessorisé d'un bonnet de bain lui aussi tricoté, que l'on va nouer avec soin sous le menton. On n'hésite pas à enfiler des bas résille sous sa combi-short moulante, elle aussi bleu marine et blanc, et à faire claquer sur la promenade du port ses lourdes plate-formes.

De petits drapeaux, pavillons de bateaux du monde entier, s'impriment sur les tissus, les vestes-cabans sont immaculées, les pantalons à pont montent très haut sur la taille.

Giorgio Armani revisite ses classiques de la nonchalance méditerranéenne et fait glisser soies et satins sur la peau de ses modèles, avec de délicates blouses sans manches froncées sur la taille, des vestes à la coupe comme toujours impeccables retenues par un seul bouton, des robes fluides qui caressent les jambes.

Chez Byblos, des brassières minimalistes de cuir vernis noir, blanc, vert amande ou ocre viennent corseter de longues robes flottantes ou ramassées en plis minuscules.

Des femmes-papillons défilent dans des tops tissés de fils libres qui laissent pointer les seins et dessinent de délicates ailes d'éphémères. Au bras, un sac à main en forme de gros noeud semble lui aussi prêt à prendre son envol.

Plus futuriste, C'N'C, la ligne «jeunes» de Costume National, explore les limites des tissus artificiels et superpose nylon, voile, gaze et autres laines siliconées pour des jeux de transparence qui dévoilent le corps tel un mécanisme et le structure de baleines apparentes et de bandes de satin croisées.

Ermanno Scervino opte pour le blanc et le noir, séparément, qu'il décline dans des robes-bustiers ultra féminines empesées et fleuries de roses en tissu, des pantalons ajourés recouverts de franges, ou encore un délicat maillot de bain en passementerie.

Mardi, au quatrième jour des défilés, ce sera notamment au tour de Moschino, Salvatore Ferragamo, Blumarine et Etro de présenter leurs collections.