Pen­dant que la mo­de évo­lue, chan­ge et de­vient de ­plus en ­plus éphé­mè­re, cer­tai­nes grif­fes tra­ver­sent le ­temps ­tout en res­tant jeu­nes. C'est le cas du ma­nu­fac­tu­rier de ­prêt-à-por­ter ­pour fem­mes Jo­seph Rib­koff, qui fran­chit cet au­tom­ne le cap d'un de­mi-siè­cle d'ac­ti­vi­tés, de de­sign et de col­lec­tions. 

Ce­lui qui est à la bar­re de l'en­tre­pri­se por­tant son nom ne ­voit pas le ­jour où il pas­se­ra le flam­beau. À 71 ans, « jeu­ne pa­pa » de ­deux ado­les­cents, M. Rib­koff dit ­avoir tou­jours la flam­me de la mo­de.« La mo­de est un sec­teur cons­tam­ment en ébul­li­tion qui me gar­de ­éveillé et jeu­ne d'es­prit. C'est évi­dent que je ­suis en­tou­ré d'une équi­pe de confian­ce sur qui je ­peux comp­ter et dé­lé­guer plu­sieurs tâ­ches, ­mais j'ai­me tou­jours ve­nir au bu­reau le ma­tin ! » dit le de­si­gner, en en­tre­vue ­avec Le So­leil.

 

Fem­mes de Qué­bec

 

Lorsqu'il a lan­cé sa pre­miè­re col­lec­tion en no­vem­bre 1957, M. Rib­koff s'est ­d'abord adres­sé aux fem­mes de Qué­bec, « une clien­tè­le de sty­le et d'élé­gan­ce », sou­tient-il. On ­tro­uvait ­alors ses vê­te­ments no­tam­ment au ma­ga­sin Pa­quet et ­chez Créa­tions Su­zan­ne (cet­te der­niè­re les ­tient tou­jours). Ce n'est que quel­ques an­nées plus tard qu'il s'est at­ta­qué au mar­ché mon­tréa­lais.

Cin­quan­te ans ­plus ­tard, la grif­fe Jo­seph Rib­koff In­ter­na­tio­nal est pré­sen­te un peu par­tout au Ca­na­da, et aus­si aux ­États-­Unis et en Eu­ro­pe. « ­Mais ma clien­tè­le la ­plus fi­dè­le est en­co­re Qué­bec. Mes col­lec­tions ­sont en par­tie ­créées à par­tir des com­men­tai­res et des sug­ges­tions des fem­mes de Qué­bec. Ce ­sont des fem­mes qui ­sont à l'avan­ce sur les gran­des ten­dan­ces et el­les re­pré­sen­tent ­bien l'élé­gan­ce in­ter­na­tio­na­le », ajou­te le de­si­gner.

La grif­fe Jo­seph Rib­koff est née ­avec l'émer­gen­ce du ­prêt-à-por­ter ­dans les an­nées 1950-1960, of­frant aux fem­mes de tou­tes les clas­ses so­cia­les la pos­si­bi­li­té de por­ter des vê­te­ments raf­fi­nés. En­co­re aujourd'hui, les li­gnes de vê­te­ments Jo­seph Rib­koff cor­res­pon­dent aux dé­sirs de la fem­me mo­der­ne qui cher­che un sty­le ac­ces­si­ble ­pour tou­tes les oc­ca­sions.

In­spi­ré par les ­grands cou­tu­riers qui ont mar­qué le XXe siè­cle, com­me Va­len­ti­no, ­Yves ­Saint Lau­rent ou Chris­tian ­Dior, M. Rib­koff in­tro­duit des élé­ments de hau­te cou­ture ­dans ses col­lec­tions, et re­pro­duit mê­me les cou­pes de ses pre­miè­res col­lec­tions. ­D'ailleurs, la lon­gé­vi­té de la grif­fe s'ex­pli­que en­tre au­tres par son sty­le in­tem­po­rel. « Je ne ­suis pas de thé­ma­ti­ques et je ne me col­le pas aux ten­dan­ces sai­son­niè­res, in­sis­te-t-il. En­sui­te, je lais­se par­ler les fem­mes. Je ­dois ­bien connaî­tre les fem­mes ­après 50 ans ! » lan­ce-t-il, sé­duc­teur.

 

Concur­ren­ce asia­ti­que

 

S'il se dit ­fier ­d'avoir at­teint un de­mi-siè­cle de mo­de, il est aus­si nos­tal­gi­que de ­voir que la mo­de est si cruel­le en­vers les créa­teurs. « Il n'y a pas beau­coup de de­si­gners de mon épo­que qui ont sur­vé­cu à la mon­dia­li­sa­tion et à la concur­ren­ce des ­pays asia­ti­ques. J'ai dé­jà ten­té d'en­voyer en ­sous-trai­tan­ce une par­tie de ma pro­duc­tion, il y a 20 ans, ­mais j'ai vi­te chan­gé ­d'idée. En­co­re aujourd'hui, ­tout est pro­duit au Ca­na­da », dit ce­lui qui sur­veille mé­ti­cu­leu­se­ment la qua­li­té de ses vê­te­ments.

Et l'ave­nir ? « On y va une col­lec­tion à la ­fois, com­me je l'ai tou­jours ­fait ! »