Après les raviolis aux pesticides ou le dentifrice à l'antigel, la Chine est de nouveau secouée par un scandale sanitaire, qui touche cette fois-ci des nourrissons, dont deux sont morts et près de 600 sont tombés malades pour avoir consommé du lait en poudre frelaté.

Cette nouvelle affaire est d'autant plus embarrassante pour Pékin que c'est l'intervention de la Nouvelle-Zélande -- dont le groupe Fonterra détient des parts dans Sanlu, le fabricant du lait incriminé -- qui a permis de retirer le produit toxique du marché chinois.

Et Wellington ne s'est pas privé d'accuser les autorités locales chinoises d'avoir voulu étouffer l'affaire.

Au coeur de ce drame alimentaire qui a gagné rapidement en ampleur depuis la fin de la semaine dernière: la province rurale du Gansu, où deux bébés sont morts depuis jeudi et où le nombre de nourrissons malades a quadruplé.

Une demi-douzaine d'autres provinces sont touchées, toutes dans le nord de la Chine où Sanlu fabrique et écoule le lait incriminé, qui n'est pas exporté, et que son faible prix rend attractif en zone rurale.

Le Quotidien du Gansu, citant les autorités de la Santé, a indiqué lundi que le nombre de bébés malades était passé de 59 à 223 entre vendredi et dimanche dans cette seule province et que deux étaient morts.

Le dernier bilan national faisait état vendredi de 432 enfants souffrant de calculs rénaux -- affection qui ne touche généralement que les adultes-- après avoir bu du lait maternisé contaminé. Les 164 nouveaux cas du Gansu porteraient donc le nombre de petits malades à près de 600 dans le pays.

Afin d'apparaître plus riche en protéines, le lait de Sanlu a été frelaté avec de la mélamine, produit chimique utilisé dans la fabrication de plastique, colles ou résines.

Les mères en Chine préfèrent en majorité nourrir leur nouveau-né avec du lait en poudre, en dépit des campagnes menées en faveur du lait maternel dans les hôpitaux.

La nécessité pour un nombre croissant de parturientes dans les campagnes de confier leur enfant dès après l'accouchement à la famille afin d'aller travailler dans les métropoles, ainsi que le matraquage publicitaire à la télévision sur les bienfaits supposés du lait en poudre expliquent en grande partie la popularité des laits maternisés en Chine.

La Nouvelle-Zélande, qui avait tiré la sonnette d'alarme, a accusé lundi les autorités locales chinoises d'impéritie.

Fonterra a «essayé pendant des semaines d'obtenir un rappel (du lait) mais les autorités locales chinoises n'ont rien fait», a déclaré le Premier ministre Helen Clark.

«Au niveau local, je pense que la première tendance a été de tenter de couvrir l'affaire», a-t-elle ajouté, précisant toutefois qu'ensuite «Pékin a agi très vite».

Fonterra, qui détient 43% de Sanlu, avait indiqué dimanche que la contamination était connue au moins depuis août et précisé avoir plusieurs fois demandé à Sanlu de retirer de la vente son lait en poudre.

Mais ce n'est que la semaine dernière que la compagnie chinoise du Hebei en a rappelé quelque 700 tonnes.

Le ministre de l'Administration chargé du contrôle de qualité, Li Changjiang, cité lundi par le China Daily, a estimé que l'adjonction de la substance toxique avait dû se faire dans les laiteries collectant le lait --où 19 personnes ont déjà été arrêtées-- plutôt que dans les fermes elles-mêmes.

Sanlu, qui n'était plus joignable lundi depuis quatre jours, avait accusé dans un premier temps les coopératives laitières.

La Chine a été secouée ces dernières années par plusieurs scandales retentissants ayant provoqué la panique jusqu'aux États-Unis ou au Japon: raviolis aux pesticides, riz à l'insecticide, dentifrice à l'antigel, ou pâtée pour chiens à la mélamine.