La diaspora jamaïcaine dans le monde s'élève à près d'un million de personnes. Si ce groupe éparpillé a surtout choisi la Grande-Bretagne, plusieurs ont jeté leur dévolu sur le Canada...

La présence jamaïcaine au Québec remonte à la fin du XVIIIe siècle. Mais on ne peut pas vraiment parler de «communauté» avant la fin des années 40.

À cette époque, le Canada est à la recherche de travailleurs et encourage la venue de main-d'oeuvre bon marché qui vit dans les colonies britanniques. Des centaines de Jamaïcains profitent de cette brèche pour venir refaire leur vie à Montréal. L'afflux est tel qu'en 1952, une nouvelle loi fédérale vient restreindre l'immigration «non blanche» au pays à l'exception des femmes «jeunes et en santé» qui sont embauchées comme domestiques!

En 1962, Immigration Canada adoucit sa loi pour le moins discriminatoire, ce qui entraîne une nouvelle vague jamaïcaine à Montréal qui s'étirera jusqu'au début des années 70. Installée dans le quartier Petite-Bourgogne, la communauté jamaïcaine de Montréal s'implante et s'organise alors progressivement, créant de nombreuses associations communautaires qui veillent à son intérêt.

En 1976, on compte près de 20 000 Jamaïcains à Montréal. Mais l'adoption de la loi 101 et le spectre du référendum en pousseront des milliers à se réinstaller dans les provinces anglophones. Tant et si bien qu'au début des années 80, le Montréal jamaïcain a fondu à 12 000 personnes.

Peu de relève

Aujourd'hui, l'immigration jamaïcaine a beaucoup diminué à Montréal. Le déclin et le vieillissement de la communauté se poursuivent inexorablement. Même si la nouvelle génération est largement bilingue et scolarisée, elle continue de plafonner professionnellement, entraînant des problèmes de chômage et, conséquemment, de délinquance.

Faute de débouchés, de nombreux jeunes Jamaïcains quittent Montréal pour aller s'établir à Toronto ou Vancouver où les chances de gravir les échelons sont plus grandes. «La vitalité n'y est plus, souligne Noël Alexander, président de l'Association jamaïcaine de Montréal. Il n'y a pas beaucoup de relève, sinon quelques cas isolés qui arrivent de Jamaïque par le biais de la réunification familiale.»

M. Alexander parle d'une communauté déçue, qui «n'a pas progressé comme elle l'aurait voulu». Peu visible dans le monde des affaires, sous-représenté sur le plan politique, le Montréal jamaïcain souffre, selon lui, de l'image négative qu'entretiennent les médias.

Cela n'empêche pas les Jamaïcains d'être excessivement fiers de leur pays et de leur culture. Nombre d'entre eux ont gardé des liens étroits avec le pays, y retournant régulièrement pour y brasser des affaires, assister à des mariages, des enterrements ou tout simplement pour prendre des vacances «dans le Sud», comme n'importe quel Québécois de souche