C'est la panique. Le plus jeune a oublié sa doudou à la maison! Comment fera-t-il pour s'endormir ce soir, sans Nounours, son fidèle compagnon? À moins que ce ne soit cette vieille couverture effilochée qu'il se frotte sous le nez. Ou le vieux t-shirt de maman, transformé en chiffon. Gérons la situation calmement, bébé s'en sortira indemne. C'est souvent les plus âgés qu'il faut rassurer!

«La doudou est un objet transitionnel dont la fonction principale est la réassurance», explique Sophie Lorgeau, psychologue à l'Institut de psychologie d'expertise et de médiation de Sainte-Foy. La doudou, qui représente souvent une partie du parent ou de la maison de l'enfant, l'aide à gérer ses angoisses.

Le répertoire de la doudou est vaste et comprend beaucoup plus que des objets. «Ça peut être une musique, une façon dont l'enfant va se balancer, une manière de tourner une couette de cheveux. Ce peut être tout ce qui servira à le calmer, à faire la transition», indique Mme Lorgeau. Mais peu importe ce que les parents tenteront, c'est l'enfant qui choisira son «outil» de réconfort.

Mettre des limites

La doudou sera le premier objet symbolique pour le jeune. Il ne faudrait donc pas forcer l'enfant à s'en départir, indique Mme Lorgeau. Mais les parents n'ont surtout pas intérêt à lui rappeler chaque fois qu'il l'oublie. «Parfois, ce sont les parents qui mettent plus l'emphase que l'enfant!», note-t-elle.

L'enfant doit également apprendre à s'en passer. L'idée est de restreindre les endroits où il peut apporter sa doudou. «Même s'il fait des crises, il faut mettre des limites. Ça va le frustrer un peu, mais lui ne mettra jamais de limites», argue Sophie Lorgeau. Le parent peut toutefois acheter deux doudous identiques par mesure de sécurité... même si le plus jeune reconnaîtra toujours «l'authentique», au toucher ou par son odeur!

Pour réconforter un enfant qui a oublié sa doudou, le parent pourra toutefois lui prêter quelque chose qui lui appartient, comme un trousseau de clés ou un foulard, donne la psychologue en exemples.

Chez l'enfant, la phase de transition pendant laquelle il apprend à se détacher de ses parents s'effectue habituellement entre six mois et trois ans. Elle est à son plus fort entre 15 mois et deux ans. Mais l'enfant peut demeurer éternellement entiché de sa doudou. Vers cinq ou six ans, l'objet devrait donc être confiné à la maison et réservé pour les siestes et l'heure du coucher, suggère Mme Lorgeau.

De toute façon, parfois gêné par son vieux «toutou» lorsqu'il fréquente la garderie, le plus jeune s'en séparera peu à peu. Et s'il dort à l'extérieur, il ne faut pas hésiter, comme parent, à parler de cette habitude à l'entourage pour ne pas que le petit en ait honte.

Parce que trimbaler son objet favori est tout à fait normal. «La doudou est là dès l'enfance, ça montre que nous avons besoin de points de repère, de prévisibilité, de confort. Même dans le ventre de la maman, le bébé suce son pouce, et ça évolue», remarque George Tarabulsy, chercheur en psychologie à l'Université Laval. «Presque tous les enfants en ont un et difficile de savoir quand ça s'arrête. Certains se sont demandés si ça n'existait pas à l'âge adulte», continue-t-il. Qui n'a pas, en effet, un vêtement préféré ou un rituel réconfortant?

Si l'utilisation d'une doudou fait partie du développement, est-il normal qu'un enfant n'en ait pas du tout? Selon M. Tarabulsy, il est inutile de s'inquiéter si l'enfant n'a pas d'objet de transition car le réconfort peut se manifester sous une autre forme. «Il faudrait toutefois s'assurer, lorsque l'enfant utilise énormément sa doudou, s'il n'a pas peur de quelque chose, car cela démontre qu'il est craintif», ajoute le psychologue.

Également, il ne faut pas s'en faire si le jeune se montre agressif envers sa doudou. D'après Mme Lorgeau, il s'agit également d'un objet exutoire. Mieux vaut, en effet, que l'enfant passe ses frustrations sur celle-ci.