Semaine de rentrée scolaire. Le niveau de stress augmente et voici que votre enfant rechigne pour aller à l'école. Il traîne le matin, ou pire, pleure. C'est la crise.

Angoisse temporaire générée par le changement? La séparation? Problème social ou d'apprentissage? L'important est de ne pas attendre en banalisant sa réaction. La panique n'apportera rien non plus. Le défi est de trouver un équilibre pour résoudre le problème.

François a huit ans et demi et commence sa 3e année. Il n'a jamais vraiment aimé l'école. Lors de son entrée en maternelle, il a demandé à sa mère s'il était obligé de parler aux autres et d'avoir beaucoup d'amis. «Sa soeur est miss popularité alors qu'il est timide. Je lui ai expliqué d'aller à son rythme, qu'il n'était pas obligé d'avoir autant d'amis que sa soeur», explique sa mère, Sonia Cosentino qui n'a jamais cessé de l'écouter et l'encourager.

François préfère aussi jouer dehors plutôt que d'être assis toute la journée. «Comme beaucoup de petits garçons. Je l'encadre donc lors de ses devoirs. Je ne manque jamais l'occasion de valoriser ses connaissances. Je lui montre que ce qu'il a appris à l'école est important et je l'écoute; je communique, je prends le temps», ajoute la maman qui travaille à la maison.

Une écoute de qualité est d'ailleurs la meilleure façon de réagir dans un tel cas. «Il faut que l'enfant verbalise et que le parent ne nie pas ce qu'il vit. On doit lui dire qu'on le comprend», explique Marie-Claude Béliveau, orthopédagogue et psychoéducatrice de l'hôpital Sainte-Justine et auteure de plusieurs livres.

Outre cette écoute, Mme Cosentino évite de mettre une pression indue sur les épaules de son fils. «Je l'appuie sans avoir l'air de l'appuyer. J'essaie de rendre l'apprentissage le fun tout en l'encadrant. Il faut s'adapter. Chaque enfant est différent et chacun doit trouver sa solution. Mais quand un système fonctionne, on l'utilise», a-t-elle constaté au fil des années.

Pourquoi un enfant n'aime-t-il pas l'école?

Divers facteurs, plus ou moins graves, peuvent expliquer qu'un enfant n'aime pas l'école: le rejet social, la timidité, les travaux, l'apprentissage ardu ou l'inactivité. «Il faut d'abord comprendre pourquoi il n'aime pas l'école et en discuter avec l'enseignant. Le parent doit s'impliquer, mais une implication de qualité», conseille Frédéric Guay, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur la motivation et la réussite scolaires de l'Université Laval.

Si l'enfant est victime d'intimidation, l'intervention doit être rapide. «Dans ce cas, l'école joue un rôle primordial et il faut les contacter», souligne Linda Primeau, superviseure clinique de la ligne Parents, qui aide ceux-ci à mieux faire face aux difficultés que vivent leurs enfants.

Certains enfants plus timides peuvent être des victimes idéales. Il faut leur apprendre à développer leur sociabilité. On peut donc les inscrire dans une activité parascolaire. «On choisit une discipline qu'ils aiment et dans laquelle ils sont bons. Il auront ainsi l'énergie nécessaire pour développer leurs habilités sociales«, suggère Marie-Claude Béliveau.

Si chaque classe a son bouc émissaire, l'intimidation n'est pas la seule raison pour laquelle un enfant en vient à détester l'école. La pression de la réussite qu'on impose sur ses frêles épaules joue également un rôle. «Certains parents et enseignants ont tendance à utiliser des stratégies contrôlantes et exercer une forte pression sur les enfants, particulièrement au moment des devoirs. Ils veulent les voir réussir», explique Frédéric Guay.

Selon lui, il est également malsain d'utiliser le système de récompense, surtout en argent. «Cette stratégie est néfaste pour le plaisir. On leur enseigne que ce n'est pas agréable d'aller à l'école et qu'on doit les récompenser.»

La solution est de démontrer à l'enfant que les connaissances apprises à l'école lui serviront rapidement. Inutile de lui parler d'un emploi plus tard, cette perspective étant trop loin dans le temps pour lui. «On lui explique plutôt qu'il pourra compter l'argent de sa tirelire, écrire des mots à ses amis sur internet, lire les menus au restaurant, etc.», suggère M. Guay.

Mais puisque l'école est obligatoire et surtout indispensable, on fait comprendre à l'enfant que c'est sa responsabilité, comme l'est le travail pour les parents, tout en insistant sur les points positifs. «On trouve avec notre enfant les activités et matières qu'il aime et on l'incite à penser plus positif», dit Linda Primeau.

Manque de ressources

Le sempiternel problème du manque de ressources refait surface. Marie-Claude Béliveau estime que les parents s'alarment rapidement lorsque leur enfant rechigne pour aller à l'école, mais que le manque de ressources dans le système scolaire empêche les professeurs d'agir aussi vite. «Ils sont débordés, donc ils s'attardent aux cas les plus graves», souligne-t-elle.

Pourtant, il est important de régler les petites difficultés. «Si on ne les règle pas, elles grossissent et l'enfant se mettra à haïr l'école», prévient-elle.

L'angoisse de la séparation

L'entrée à la maternelle peut être un choc pour les enfants qui n'ont pas fréquenté la garderie. C'est généralement la première fois qu'ils sont séparés de leurs parents. Les pleurs et les crises sont parfois fréquents. Ici aussi, il est important de maintenir un bon dialogue avec le professeur. Julie Drouin a vécu ce problème durant plusieurs mois avec sa fille Coralie, l'année dernière, et a trouvé une solution originale. «Il n'y avait rien à faire, elle pleurait tous les matins. Il n'y avait pas de difficultés à l'école, c'était l'angoisse de la séparation avec maman.

Finalement, je lui ai acheté le même bracelet que moi, qu'elle adorait, et je lui ai dit que c'était notre lien et notre secret. C'était plus discret qu'une photo ou son toutou. Ça a très bien fonctionné», explique la maman.

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> Pour en savoir plus: La ligne Parents qui répond aux questions sur l'éducation des 0 à 18 ans. 1-800-361-5085