Les annonces de la Chine et des États-Unis de laisser entrer l'année prochaine sur leur territoire les séropositifs ont donné de l'espoir aux participants à la conférence mondiale sur le sida pour faire pression sur les 67 pays encore dotés de législations restrictives.

Fin juillet, le président américain George W. Bush a signé un plan de 48 milliards de dollars pour lutter contre le sida, qui inclut une levée de l'interdiction d'entrée du territoire datant de 21 ans.

À la veille de l'ouverture des Jeux olympiques, la Chine semble suivre le mouvement. La Chine devrait lever l'an prochain son interdiction d'entrée pour les personnes porteurs du VIH datant de la fin des années 80, a indiqué mercredi l'officiel China Daily, citant un haut responsable du ministère de la Santé.

«C'est extrêmement important si les États-Unis disent "nous avons eu tort"», commente Robert Bank, responsable d'un groupe américain d'aide aux homosexuels.

«Changer la loi, cela n'arrive pas chaque jour aux États-Unis», ajoute-t-il. Toutefois, il reste encore à voir comment le Département de la Santé américain appliquera la décision de George Bush de lever une interdiction totale d'entrée qui plaçait les États-Unis aux côtés de huit pays peu démocratiques, dont la Libye et l'Arabie Saoudite.

Robert Bank estime aussi que les conférences mondiales sur le sida ont joué un rôle dans la prise de conscience que ces mesures sont discriminatoires, ne respectent pas les Droits de l'Homme et ne protègent pas la santé publique.

La conférence Toronto en 2006 avait permis de lever au Canada une interdiction qui a empêché jusqu'à présent la tenue du rendez-vous mondial bi-annuel aux États-Unis.

Craig McClure, directeur exécutif de la société internationale sur le sida commente à l'AFP que «l'annonce américaine a fait des remous, y compris en Russie et dans les Émirats Arabes Unis».

Les restrictions d'entrée vont de la déclaration de la séropositivité, jusqu'à l'interdiction totale, en passant par le demande d'un visa temporaire, d'un cachet permanent sur le passeport ou encore des tests obligatoires.

«L'excuse type est la protection des citoyens, mais dans beaucoup de cas, les gens sont négatifs quand ils entrent et contractent le virus dans le pays», dit Suskma Ratri, responsable du programme pour migrants avec VIH d'un réseau d'ONG asiatique.

Les travailleurs migrants en Malaisie, à Singapour et dans les Émirats Arabes Unis doivent subir un test annuel et peuvent être expulsés s'ils sont séropositifs, perdant leur travail et devant affronter la stigmatisation à leur retour au pays.

Aux États-Unis, beaucoup de travailleurs étrangers en situation illégale craignent de passer un test nécessaire pour obtenir la «carte verte», dit Amanda Lugg qui s'occupe d'Africains à New York.

Gurmit Singh, un Singapourien séropositif de 36 ans, est l'une des rares victimes des restrictions sur les visas présentes à Mexico,

En 2005, Singh avait obtenu une bourse de recherche universitaire en Australie, mais sa demande de visa de longue durée qui indiquait qu'il était infecté par le VIH a été rejetée.

Gurmit Singh a fait appel et s'est vu offrir un visa de 2 ans conditionnel et renouvelable, incluant une visite médicale trimestrielle obligatoire. Il a hésité, puis décliné l'offre, par peur de ne pas obtenir le renouvellement de son visa.

«Je sais que mon cas n'est pas unique, il y a en beaucoup qui ont eu moins de chance que moi», dit-il à l'AFP.