Le grand stress vécu par les femmes enceintes a des conséquences tenaces sur le développement de leurs enfants. Une étude menée par l'hôpital Douglas sur des bambins qui ont vécu la crise du verglas dans le ventre de leur mère révèle que cinq ans et demi après leur naissance, les effets sont encore perceptibles.

Les jeunes dont la mère a vécu un grand stress durant la crise de 1998 présentent des quotients intellectuels (QI) de 10 points moins élevés que ceux dont la mère n'a vécu qu'un stress léger (106 contre 116). Le QI moyen des enfants québécois est de 100. «Les enfants de notre étude viennent de familles aisées et scolarisées. C'est pourquoi ils ont en partant des QI plus élevés que la moyenne. Mais ceux qui ont vécu un grand stress ont un QI de 10 points plus faible. Au lieu d'avoir A+ à l'école, ils ont plutôt B+. La différence est significative pour nous», dit la psychologue Suzan King, de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Mme King a mené l'étude sur les enfants du verglas qui sera publiée dans l'édition de septembre du Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry.

L'étude a considéré que les femmes qui ont vécu de 30 à 40 jours sans électricité en 1998 ont vécu un stress élevé. Celles qui ont passé moins de 15 jours sans électricité n'ont vécu qu'un stress léger. «Peu importe comment les femmes ont géré leur stress, c'est le nombre de jours passés dans le noir qui influence les effets sur les enfants», note Mme King.

Les foetus qui ont vécu dans un environnement très stressant sont devenus des enfants dont le langage s'est développé moins vite que ceux qui ont vécu moins de stress. L'équipe du Dr King avait déjà noté des effets similaires sur les enfants du verglas alors que ceux-ci avaient 2 ans. «Mais on ne pensait pas que ces effets dureraient jusqu'à l'âge de 5 ans et demi. C'est étonnant.»

Quoique intense, le stress lié à la crise du verglas «n'est pas comparable à celui qu'ont pu vivre les témoins du 11 septembre, de l'ouragan Katrina ou du tsunami indonésien», note Mme King. «Si le verglas a pu laisser sa marque, imaginez les autres événements!» dit-elle.