L'âne possède des vertus que le commun des mortels est peu porté à soupçonner. Les propriétaires de la Ferme le Seigneur des agneaux l'ont compris et en ont fait leur animal de prédilection, notamment en créant le Centre d'asinothérapie Cadichon.

«Pour l'âne élevé en troupeau, l'homme est son égal et jamais il n'exclura quelqu'un. Au contraire, il va se mettre à la disposition de celui qui a une déficience», explique l'une des propriétaires de la ferme, Annick Balayer.

Le troupeau de 16 ânes de la famille Balayer reçoit depuis deux ans des groupes de personnes souffrant d'un handicap physique ou psychologique, qui viennent entre autres participer à des activités de randonnée, de brossage et de triage. «On sait que ça aide. En discutant avec un éducateur, j'ai appris qu'un des groupes qui est venu ne parlait généralement pas beaucoup, alors qu'ici, il y avait beaucoup d'interaction entre eux.»

L'Asinerie du Rohan s'adonne aussi à la réhabilitation d'ânes ayant été maltraités ou négligés. «Ça touche beaucoup les groupes, surtout ceux des jeunes en réinsertion, qui font le lien avec leur situation», affirme Annick Balayer.

L'utilisation du troupeau d'ânes de la Ferme le Seigneur des agneaux ne s'arrête pas là. «Nous avons acquis nos premières bêtes pour protéger nos troupeaux de chèvres, vaches et moutons contre les coyotes. Nous avons ensuite décidé de l'utiliser sous toutes ses facettes», se rappelle la fermière.

«C'est un animal fiable en attelage. Il peut effectuer de petites tractions ou encore être un bon compagnon pour les labours de jardins biologiques.» Le couple de fermiers utilise également le lait d'ânesse comme produit de composition de cosmétiques naturels, en plus d'offrir de la formation à ceux qui désireraient en apprendre davantage sur cet animal afin de développer leur propre troupeau.

«Nous voulons réintégrer l'âne dans le paysage rural du Québec en tant qu'animal utilitaire», affirme Annick Balayer, déplorant le fait que seulement 200 ânes subsistent dans la belle province.

La Donkey family

La famille montréalaise Blair-Lewis aime tellement les ânes qu'elle a décidé de demeurer avec les Balayer pour l'été. Le couple et leurs trois enfants ont réalisé il y a deux ans un pèlerinage de quatre mois sur le chemin de Compostelle, en Europe.

En compagnie de deux ânes, ils ont marché 1600 kilomètres à travers la France et l'Espagne.

«Les gens nous reconnaissaient sur notre passage comme la Donkey family. Et comme nous jouions tous du violon, nous donnions de quoi jaser à ceux qui nous croisaient», raconte la mère, Sarah Blair.