Les puristes vous diront que c'est à Toronto ou même à Vancouver qu'il faut aller, pour trouver de la cuisine chinoise authentique au Canada.

Mais cela ne veut pas dire qu'il faille faire une croix sur cette incroyablement vaste gastronomie lorsqu'on est à Montréal. Surtout si on laisse de côté les attentes pour simplement savourer les nouvelles tendances, que ce soit de la fondue à la mongole, du thé au tapioca, des brochettes sichuanaises ou des nouilles artisanales.

À La Presse, nous sommes chanceux: nos bureaux sont installés à côté du Quartier chinois de Montréal. De la salle de rédaction, on voit pratiquement les restaurants ouvrir et fermer, les carcasses de porc arriver le matin, les canards laqués dorer sous nos yeux.

Et le midi, dès qu'une envie de voyage ou de saveurs asiatiques nous assaille, il suffit de traverser la rue Viger pour partir explorer le boulevard Saint-Laurent ou les rues Clark ou De La Gauchetière, à la recherche de shu mai, de crêpes au porc à la sauce hoisin ou de boeuf aux champignons noirs.

Pour voir évoluer la gastronomie sino-montréalaise, nous sommes donc, théoriquement, au premier rang. Mais le sommes-nous vraiment?

Demandez à un jeune Montréalais, comme par exemple Cédric Sam, du site commeleschinois.ca, où sont les meilleurs restaurants chinois et il y a de bonnes chances qu'il vous dise gentiment d'aller voir ailleurs que dans le Quartier chinois.

Il vous dira peut-être d'aller à Brossard, sur le boulevard Rome ou même sur le boulevard Taschereau, où Foo Wor est souvent rempli d'amateurs de dim sum venus du quartier voisin.

Ou alors, il vous enverra là où lui va, soit dans le centre-ville montréalais, autour de l'Université Concordia (rues Saint-Mathieu, Sainte-Catherine Ouest, Bishop, du Fort, etc.). Un véritable Quartier chinois de l'ouest est en train de s'y développer grâce aux épiceries asiatiques qui desservent la clientèle étudiante, mais aussi à des restos comme le Tapioca Thé ou la Maison de nouilles, tous deux sur le boulevard de Maisonneuve, ou la Maison du Nord, rue Saint-Mathieu.

Bref, les bonnes tables chinoises sont maintenant un peu partout dans la région métropolitaine et, à vrai dire, un de mes restaurant chinois montréalais préférés n'est dans aucun de ces quartiers: Tchang Kiang, fondé il y a près de 30 ans par des Chinois de Hong-Kong passés par Paris, se trouve rue Sherbrooke Ouest, là où s'est installée, en parallèle, la mini-Corée de Montréal.

Bref, la cuisine chinoise est partout et pas mal plus variée qu'elle ne l'a jamais été: brochettes sichuanaises de fin de soirée rue Bishop, fondue à la mongole où l'on cuisine son propre repas rue De La Gauchetière, dim sum façon Hong-Kong à l'étage d'un gratte-ciel commercial rue Saint-Urbain, nouilles artisanales préparées sous nos yeux à la nouvelle Noodle Factory un peu plus bas près de Viger...

Et dans tout ça, il ne faut pas oublier non plus une certaine renaissance de la cuisine sino-canadienne, modèle hybride qui s'est développé et adapté depuis un siècle en fusionnant autant les goûts que les produits de Chine et d'ici pensez «egg rolls» ou «spare ribs» à la sauce aux prunes et qui revient à la mode, embrassée pour ce qu'elle est, sans complexe, comme le fait Mahjongg Bistro de Chine, sur le boulevard Décarie.

Un petit thé aux bulles à la mangue avec ça?