Un homme de 84 ans qui pouvait à peine marcher parvient à se tenir en équilibre sur une rolla bolla (une planche sur un rouleau). Une sexagénaire souffrant de Parkinson réussit à garder une assiette chinoise tournante en équilibre sur une baguette. Des vieillards souffrant d'Alzheimer peuvent se rappeler des mouvements appris il y a une semaine ou deux.

Ce ne sont pas là des miracles d'une quelconque intervention divine, mais plutôt ceux réalisés par Éric Barsalou dans ses ateliers de géria-cirque.

Éric Barsalou est manipulateur et cracheur de feu pour le Cirque du Soleil. «Le 22 février 2008 à 16h22 précisemment», lui et son partenaire Maxime Brunelle ont ouvert une école de cirque à Granby: l'école Alzado.

Il pourrait s'agir d'une école de cirque comme toutes les autres s'il ne s'y offrait pas, en exclusivité au Québec, des ateliers de cirque destinés aux gens vivant en foyer de personnes âgées.

«Je connaissais déjà ce type de clientèle pour avoir travaillé comme préposé aux bénéficiaires. Je savais à quel point ils avaient besoin de bouger, d'être stimulés», soutient M. Barsalou.

Avec l'aide d'une kinésiologue de l'Université de Sherbrooke, Vicky Lebrun, il a élaboré un programme d'exercices comportant le maximum de mouvements pour faire travailler tous les muscles du corps, et ce, de façon sécuritaire. «On travaille beaucoup sur l'amplitude de mouvements, sur l'équilibre et la coordination», mentionne le professeur.

Résultats surprenants

Sa première session, il l'a donnée au printemps dernier à la Villa Bonheur. Sa clientèle: surtout des gens souffrant d'Alzheimer, mais aussi des personnes en perte d'autonomie ou aux prises avec des problèmes cognitifs.

Et les résultats, jusqu'à présent, le surprennent beaucoup. «Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, je n'avais aucune idée du niveau d'évolution qu'ils pouvaient me donner. Et j'ai eu beaucoup de surprises, je dirais même que les résultats sont supérieurs à ce que je peux obtenir chez un enfant», s'étonne encore M. Barsalou.

Bien qu'il crée une routine de base commune à tout le monde, il adapte ses exercices en fonction de ce que chaque personne est capable de lui donner. «Le premier cours sert à évaluer les aptitudes physiques et cognitives de chacun. Après, je m'adapte pour essayer de développer avec eux ce qui leur reste de capacités», explique-t-il.

Ainsi, Fernand Légaré a appris, en une session, à jongler avec des quilles et à manipuler le diabolo et les assiettes chinoises. Il a tellement aimé qu'il a hâte de recommencer au mois de septembre pour essayer d'autres disciplines.

Mais le cirque ne fait pas qu'aider du point de vue physiologique. Il apporte également beaucoup au niveau de l'estime de soi. «C'est dur pour ces personnes-là de se voir en perte d'autonomie. Quand ils réussissent quelque chose avec moi, ils se rendent compte qu'ils sont encore capables de faire des trucs que même des jeunes ne sont pas capables et ça les valorise beaucoup.»

D'ailleurs, question de montrer leurs progrès, un petit spectacle est organisé à la fin des huit semaines devant familles et amis.

Mais l'école Alzado n'est pas destinée qu'aux personnes âgées. Y sont aussi offerts des cours privés ou en groupe, des activités parascolaires, des ateliers découvertes d'une journée et des programmes de mise en forme. Jonglerie, manipulation et équilibre sont les trois volets exploités avec différents objets.