«Que devrait contenir un cellier de 100 à 150 bouteilles?» demande un lecteur de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Car, explique-t-il, il veut se monter une cave, et est disposé à y investir «entre 3500 et 5000 dollars», tout en ignorant de quelle façon s'y prendre.

«Il doit sûrement exister un «cadre» afin de commencer une cave. Avez-vous une ou des suggestions?» poursuit-il.

Ma réponse sera forcément... très personnelle, car on peut répondre à ces questions de nombreuses manières.

Voici d'abord quelques règles d'ordre général à observer et pouvant donc servir de «cadre» comme l'écrit ce lecteur.

> La sagesse est d'acheter des vins pour toutes les circonstances, certains à boire tous les jours (car de plus en plus de Québécois en consomment quotidiennement), d'autres, de plus grande qualité et plus chers, à réserver pour les circonstances particulières: repas entre amis, repas de fêtes, etc.

> Il faut idéalement en avoir de tous les types, pour accompagner toutes les sortes de plats: notamment des mousseux et des champagnes pour l'apéritif (on peut aussi les boire à table), des vins blancs secs, des vins blancs doux tels que des Sauternes, des vins rouges, des portos à servir en digestif.

> Il est bon d'être éclectique dans ses choix. Autrement dit, d'avoir des vins de plusieurs pays.

> En même temps, on évite d'acheter par principe. Autrement dit, si on n'aime pas les vins blancs doux ou les vins rouges de tel ou tel pays, on n'en achète pas, ou du moins très peu. Inversement, on achète davantage de vins des types qu'on aime, puisqu'il est assuré qu'on en boira plus que d'autres.

> Il est tout à fait déconseillé de monter sa cave en un temps record. On y va pas à pas, petit à petit, car il y a toujours de nouveaux vins, et de nouveaux millésimes, à arriver sur le marché. Et, par conséquent, des occasions à saisir, l'acheteur avisé cherchant toujours à dénicher les bonnes affaires.

> On attend de bien s'y connaître avant d'acheter des vins très chers, par exemple de 70$ et plus.

> Enfin, on se procure au moins trois bouteilles de chaque vin qu'on veut mettre en cave (pour une courte période ou pour quelques années), et on en goûte une dès l'achat. On est ainsi en mesure - si on aime beaucoup le vin en question - d'en racheter aussitôt quelques bouteilles de plus.

Des vins blancs secs

Vin de Sauvignon blanc, le Premières Côtes de Blaye 2007 Château Bertinerie, assez peu coloré, très Sauvignon blanc au nez et même un peu herbacé sans que ce soit désagréable, plutôt léger et aux saveurs relevées par une certaine quantité de gaz carbonique, n'est pas à mettre en cave pour très longtemps et peut faire un bon vin blanc pour tous les jours. À prix raisonnable (103 caisses, plus 63 autres sous peu).

S, 707190, 15,50$, **1/2, $1/2, 2008-2009.

Vin de Sauvignon blanc lui aussi, mais de la Loire, le Menetou-Salon 2006 Jean-Max Roger, au bouquet plus large, nuancé, est un vin plus goûteux et qui a du caractère, à défaut d'être très élégant. Très bon, et il tiendra tête à des plats en sauce - poissons, fruits de mer, etc. (63 caisses).

S, 10690519, 21,90$, ***, $$1/2, 2008-2010.

Impossible de monter sa cave sans y mettre quelques bouteilles de bourgogne blanc!

Moins cher que d'autres, le Saint-Véran 2005 Les Pommards Robert-Denogent, déjà tout à fait savoureux, pourra ainsi y faire bonne figure pendant quelques années. Beau bouquet séduisant au boisé quasi imperceptible (il est vinifié dans des tonneaux usagés d'environ 1000 litres), bouche de corps moyen et qui a tout autant d'éclat que de distinction - il a ce qu'il faut pour séduire l'amateur le plus exigeant (59 caisses).

S, 10865323, 30$, ***1/2, $$$1/2, 2008-2011.

Fait lui aussi de Chardonnay, et vinifié en demi-muids (600 litres), le Limoux 2005 Domaine de Mouscaillo, du Sud-Ouest de la France, dont le bouquet, peu boisé, rappelle les Riojas blancs, est un vin ample, aux saveurs complexes (fruits confits, notes minérales et fumées, etc.), au boisé bien marié à l'ensemble. Très bon (97 caisses).

S, 10897851, 22,40$, ***, $$1/2, 2008-2010.

La recommandation de la semaine

Vin rouge d'Argentine, le Mendoza 2005 Malbec Bodega Lurton, des Bordelais Jacques et François Lurton, d'un beau pourpre foncé, au bouquet... aguicheur, de fruits noirs et aux notes de pain grillé (le bois), montre une fois de plus à quel point le Malbec se plaît dans ce lointain pays. Bouche charnue, passablement corsée, au boisé bien présent sans que ce soit caricatural, le tout assis sur des tannins enrobés, aimables - on se régale à prix correct. Très bon (491 caisses).

S, 10395034, 16,80 $, ***, $$, 2008-2010.