Beaucoup de vins, de France, d'Italie, de Californie, etc., coûtent de plus en plus cher... ce qui chagrine de nombreux consommateurs, surtout en cette période de l'année où le temps est venu de régler ses factures!

Toutefois, en cherchant soigneusement, on en trouve qui restent à un prix abordable, bien souvent parce qu'il s'agit de vins d'appellations moins prestigieuses que d'autres.

Le Langhe Rosso 2005 Beni Di Batasiolo, du Piémont (Italie), dont il s'agit d'un deuxième arrivage, en est un très bon exemple.

D'une appellation assez peu connue, et beaucoup moins que celles de Barolo et de Barbaresco, c'est un vin élaboré avec trois variétés piémontaises, à parts égales - Nebbiolo, Dolcetto et Barbera -, puis élevé quelques mois en fûts.

Bien coloré sans être opaque, il se présente avec un bouquet de bonne ampleur, net, dominé par des nuances de fruits rouges qu'accompagne un boisé discret et en même temps très... italien. (Un boisé, soit dit en passant, qui rappelle les arômes des vins élevés en grands tonneaux de chêne de Slovénie.)

La bouche suit, nettement plus que moyennement corsée, charnue, tannique et ferme, quoique sans rugosité, et les saveurs sont franches. Très bon vin du Piémont, et à prix bien raisonnable compte tenu du niveau qualitatif.

S, 611251, 16,20$, ***, $$, 2008-2012.

Il y avait au moment de la rédaction de ces lignes, aux entrepôts et dans les succursales, très exactement 382 caisses de ce vin, auxquelles s'en ajouteront 600 autres du même millésime vers le mois de février. (Déjà goûté précédemment, mais dégusté une deuxième fois... en croyant qu'il s'agissait d'un nouveau millésime, il m'a semblé tout aussi réussi qu'à la première dégustation.)

Autre exemple tout aussi percutant, sinon davantage: le Gigondas 2005 Laurus, goûté côte à côte avec un Châteauneuf du Pape et qui, pour ainsi dire, malgré les qualités du Châteauneuf, n'en fit qu'une bouchée!

Or Gigondas, également du sud de la vallée du Rhône, mais qui n'a pas la notoriété de Châteauneuf du Pape, produit avec les mêmes cépages des vins de style similaire, et bien souvent plus denses, plus amples, que beaucoup de Châteauneufs.

Tel est ce superbe Gigondas, d'un beau pourpre foncé un peu grenat, qui s'impose d'abord par l'éclat et l'ampleur de son bouquet, très fruits rouges encore là et aux notes boisées-épicées bien présentes, quoique pas du tout intempestives. La bouche n'est pas en reste et suit très bien, puissante, compacte, avec des saveurs pimpantes et des tannins solides, un peu rudes, de sorte qu'on jurerait, à l'aveugle, un très bon Châteauneuf du Pape. Mais... le prix est nettement inférieur à celui de Châteauneufs du Pape de ce niveau.

Fait surtout de Grenache (65%), mais aussi de Syrah (30%) et de Cinsault (5%), seul le vin de Syrah est élevé en fûts, dont un tiers de fûts neufs. (154 caisses disponibles.)

S, 722454, 28,10$, *** 1/2, $$$ 1/2, 2008-2012.

Troisième exemple, mais il s'agit dans ce cas d'un vin d'une appellation prestigieuse, quoique d'une maison encore à peu près inconnue, d'où le prix fort raisonnable.

Le vin en question: le Bolgheri 2005 Poggio Ai Ginepri, d'une appellation de Toscane aujourd'hui très réputée, dont restent toutefois seulement 201 caisses sur les 750 qu'a reçues la SAQ en fin d'année.

Produit par un domaine dont Piero Antinori est copropriétaire, avec principalement du Cabernet Sauvignon (50%), mais aussi du Merlot (25%) et de la Syrah (25%), puis élevé en fûts de chêne français et hongrois, d'une couleur pourpre foncé, c'est un vin qui se présente avec un bouquet distingué, au boisé fin, de pain grillé, et à la bouche d'une assez bonne concentration, charnue, aux tannins enrobés, et que j'aurais sans doute dû... noter plus généreusement. Très réussi et une preuve de plus (s'il en fallait!) que Bolgheri donne de très beaux vins.

S, 10843474, 22,95$, ***, $$ 1/2, 2008-2011.

Un bourgogne blanc

Les meilleurs vins blancs de Bourgogne, d'appellations telles que Puligny-Montrachet et Chassagne-Montrachet, coûtent malheureusement les yeux de la tête - et beaucoup plus encore dans le cas d'appellations très recherchées, dont Chevalier-Montrachet, Bâtard-Montrachet, etc.

Résultat, beaucoup de consommateurs n'ont guère l'occasion de déguster de tels vins, à cause bien sûr de leur prix.

Veut-on avoir une idée de ce que peut être un très bon vin blanc de Chardonnay, de Bourgogne, mais sans se ruiner, il faut goûter sans faute le Pouilly-Fuissé 2006 Albert Bichot, qui est un produit courant et donc vendu dans de nombreuses succursales.

Vin de négoce, il est vinifié chez ce négociant, puis élevé et mis en bouteilles par celui-ci.

«C'est de l'achat de raisins», explique son directeur export pour l'Amérique du Nord, Christophe Rolland.

Autrement dit, Bichot achète les raisins à des vignerons de cette appellation du Mâconnais, puis vinifie, élève le vin et l'embouteille lui-même. La qualité, en un mot, est étonnante.

D'une couleur or fin tirant sur la nuance paille, son bouquet séduit par sa distinction, mais aussi par son boisé discret, éminemment savant - contrairement au boisé envahissant de certains bourgognes blancs d'appellations plus prestigieuses.

De corps moyen, ses saveurs sont relevées par un reste de gaz carbonique, et il affiche la même distinction au plan gustatif, tout en se présentant avec ce mélange d'élégance et de délicatesse des meilleurs vins de cette appellation.

«Vingt-cinq pour cent de la cuvée est passée en fûts, mais pas des fûts neufs. Des fûts de deux ans, pour environ six mois», signale Christophe Rolland.

Enfin, le prix, dans ce cas également, est très correct.

C, 22871, 25,50$, *** 1/2, $$ 1/2, 2008-2012?

>>>LA RECOMMANDATION DE LA SEMAINE

Vin issu de raisins de l'agriculture biologique, comme le signale l'étiquette, le Coteaux Varois en Provence 2006 Château La Lieue, d'une couleur pourpre-prune assez soutenue, moyennement corsé et ne manquant pas de tannins, un peu astringent même, a tout ce qu'il faut pour faire un bon vin de tous les jours.

Sans que ce soit un vin complexe, il a en effet cette franchise de goût qui (mais pas toujours) caractérise ce type de vins et pourra accompagner différents plats, dont des viandes rouges. Élaboré avec pas moins de quatre variétés, Grenache (40 %), Mourvèdre (30 %), Carignan (15 %) et Cabernet Sauvignon (15 %), il est par la suite élevé en cuves de béton. Fort bon et à prix doux.

C, 605287, 12,00 $, **1/2, $ 1/2, 2008-2009.

>>>DÉGUSTÉS POUR VOUS

Douro 2004 Reserva Castelinho. Vin portugais fait avec quatre des meilleurs cépages rouges du Douro, au bouquet encore tout d'un bloc, surtout de fruits rouges, avec des nuances boisées rappelant l'odeur... des madriers. Plus que moyennement corsé, assez charnu, tannique, il est élevé environ six mois en fûts de chêne américain, et c'est un vin plutôt austère.

S, 897819, 17,75 $, **1/2, $$, 2008-2011.

Douro 2005 Quinta do Tedo. Autre vin rouge portugais du Douro, dans un style tout à fait différent, au bouquet très mûr, associant fruits rouges et noirs. Richement coloré, corpulent et corsé, plus généreux qu'élégant, ses tannins sont substantiels, quoique sans rugosité. Très bon dans son genre.

S, 10371673, 16,30 $,***, $$, 2008-2012.

Saint-Chinian 2005 Domaine du Ministre. Vin rouge du Languedoc au bouquet invitant et charmeur, dans lequel s'imposent avant tout les arômes de la Syrah (50 %), mais dans lequel entrent aussi du Grenache (40 %) et du Mourvèdre (10 %). Vin un peu plus que moyennement corsé et qui est élevé en fûts, ses tannins sont tendres, aimables.

S, 913178, 16,65 $,***, $$, 2008-2011.

Sancerre 2006 Pascal Jolivet. Sancerre de facture classique, au beau bouquet bien typé Sauvignon blanc, mais sans excès aromatique aucun, sans donc rien d'herbacé. Distingué, il a à la fois du moelleux et toute l'acidité voulue. Très réussi.

S, 528687, 25,70 $,***, $$$, 2008-2011.