Certaines recherches scientifiques sont plus sexy que d'autres. Une étude financée en partie par le département de l'Agriculture américain vient de trouver des similarités entre le melon d'eau et le Viagra.

C'est un des composés du melon, la citrulline, qui se transformerait en arginine, un acide aminé qui finirait par détendre les vaisseaux sanguins. Un peu comme le fait la célèbre pilule bleue. Son effet ne serait toutefois pas spécifique comme celui du petit losange, si bien que la pastèque pourrait aussi réduire la pression artérielle, globalement.

Messieurs, avant de courir au supermarché, il faut connaître les quelques bémols suivants. D'abord, la quantité. Pour obtenir un taux de citrulline comparable à celui du Viagra, il faudrait consommer environ une dizaine de melons. Déjà, madame risque de se douter de quelque chose. Surtout si vous mangez l'écorce. Car c'est le deuxième bémol. Le composé se retrouve principalement dans l'écorce du fruit, la chair juteuse du melon n'en contenant environ que 40%.

Finalement, il faut certainement savoir que le melon d'eau a aussi un effet diurétique très indésirable si sa consommation a pour ultime but de corriger une dysfonction érectile.

Pfizer, qui détient toujours le brevet du Viagra jusqu'en 2011, n'a donc pas à craindre cette soudaine concurrence maraîchère. Environ 35 millions d'hommes consomment du Viagra quotidiennement.

La trouvaille scientifique a néanmoins fait le tour du monde en quelques minutes hier. Par un effet de téléphone arabe, le melon avait même gagné des vertus aphrodisiaques dans le quotidien chinois People's Daily. «Peut-être qu'effectivement, il y a un effet sur la libido», explique Rod Santa Ana, du Centre A&M pour l'amélioration des fruits et légumes qui a participé au projet melon d'eau. «C'est un peu comme le Viagra, compare le chercheur joint au Texas. Est-ce qu'il a un effet sur la libido ou alors il ne fait qu'assouplir les inhibitions des gens qui comptaient déjà faire l'amour? Mais ce n'est pas à nous de le déterminer. Nous nous intéressons aux bienfaits des fruits. Il faudrait faire de nouvelles études cliniques.»