Quantité de mots, ou de mots qu'on emploie dans un sens particulier dans le monde du vin, sont... absents des dictionnaires.

L'adjectif «rustique», par exemple, qui sert à décrire un vin plutôt grossier, sans finesse, n'y figure pas.

Autre exemple, l'adjectif «confituré», un néologisme qu'on utilise pour évoquer ces arômes rappelant les odeurs de confiture qu'on trouve dans certains vins rouges. Même chose pour «confits», dans l'expression, notamment, de fruits ou d'arômes «confits». Etc. etc.

Ouvrage tout à fait remarquable, le Dictionnaire de la langue du vin, de Martine Coutier (CNRS Éditions, 54,95$) - une nouveauté -, recense ainsi quelque 800 mots et expressions d'usage courant dans le milieu du vin. Très fouillé, le Dictionnaire signale pour chacun, en citant l'auteur (ou le créateur, peut-on dire) à quelle date le mot est apparu, d'où il origine («de confiture», pour confituré, écrit-elle), les synonymes et enfin s'il est présent ou absent des dictionnaires contemporains.

Ce n'est pas donné, bien sûr, mais il s'agit là d'un ouvrage qui n'a pas d'équivalent et qui sera pour beaucoup d'amateurs d'une grande utilité. Bref, un cadeau à faire!

Autre nouveauté, Le grand guide des vins de France 2008 (Minerva, 49,95$), dont c'est la première édition et qui a pour auteurs deux des plus réputés dégustateurs de France, Michel Bettane et Thierry Desseauve.

Guide très ambitieux de 1200 pages et d'un format inusité, ses auteurs y notent plus de... 7000 vins et quelque 1900 domaines. Bettane et Desseauve, qui furent les créateurs du Classement des meilleurs vins de France (La revue du vin de France), reprennent donc le collier avec ce guide qui a tout du... pavé!

Troisième nouveauté, Les vins du Nouveau Monde (Éditions de l'Homme, 49,95$), de Jacques Ohron, du Québec, dans lequel l'auteur traite de l'Afrique du Sud, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.

Histoire, législation, encépagement, les régions viticoles, les principaux producteurs, il y est question de tout cela, l'ouvrage, qui en est un (surtout) de référence, n'étant que le premier tome de ce qui deviendra une série sur ces pays producteurs.

Jacques Ohron, rappelons-le, est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages du genre - notamment sur la France et l'Italie.

Des guides de France

Comme tous les ans, l'automne a ramené son lot habituel de guides du vin, du Québec et de France.

De France, et ne traitant comme toujours que des vins de ce pays, Le Guide Dussert-Gerber des vins 2008 (Albin Michel, 46,95$), de Patrick Dussert-Gerber, tout en faisant état de plusieurs milliers de vins, ne les note pas, comme d'habitude. Sinon pour dire, dans une multitude de cas, qu'il ne faut pas hésiter à en acheter.

Créé par Bettane et Desseauve, comme on l'a vu, le Classement des meilleurs vins de France est devenu cette année Les meilleurs vins de France 2008 (La Revue du vin de France, 47,95$). Il reste un excellent outil pour qui veut bien connaître les vins français, même s'ils n'y sont pas tous.

Monumental comme toujours (quel autre qualificatif lui appliquer?), très soigné, Le Guide Hachette des vins 2008 (44,95$) constitue encore une fois une source d'information quasi inépuisable sur les vins français, et, accessoirement, ceux de Suisse et du Luxembourg.

Les guides du Québec

Mais, bien sûr, les guides les plus utiles au consommateur d'ici sont ceux du Québec, puisque les commentaires portent sur les vins en vente sur notre marché.

Nouveauté: Le petit Debeur sélection 2008 (Éditions Debeur, 14,95$), qui s'est toujours refusé à noter les vins, fait cette année un premier pas dans la bonne direction.

En effet, son éditeur Thierry Debeur, et qui est l'un de ses quatre auteurs, note à tout le moins (sur l'échelle de une à cinq étoiles) un certain nombre de nouveautés, pour lesquels il indique la date où ils ont été dégustés. Bravo!

Pour sa part, le Guide Aubry 2008-Les 100 meilleurs vins à moins de 25$, (Éditions Transcontinental, 19,95$), de Jean Aubry, reste avec raison dans le créneau qui fait son succès. Et il note les vins, bien sûr, tout en traitant, en éditorial, de la menace qui pèse sur le répertoire général de la SAQ. (Les vins sont de plus en plus choisis, non pas avant tout en fonction de leur qualité, mais selon l'importance du budget que leurs fournisseurs veulent affecter à leur promotion.)

De son côté, La sélection Chartier 2008 (Éditions La Presse, 26,95$), de François Chartier, est plus réussie, plus achevée que jamais, notamment du point de vue de la présentation.

Les vins, blancs et rouges, y sont présentés en deux blocs (Europe et Nouveau Monde), avec, mais pas toujours, des suggestions de plats, souvent fort originaux, pour les accompagner. Encore là, les vins sont tous notés.

Changement de cap? Le doyen québécois des auteurs de guides, Michel Phaneuf, dans Le guide du vin 2008 (Éditions de l'Homme, 26,95$), met désormais l'accent sur les vins de spécialité (vendus dans un nombre limité de succursales). Nouveauté: l'auteur a une collaboratrice depuis le début de 2007, à savoir Nadia Fournier, qui, souligne-t-il, a le même âge que son guide, dont c'est la 27e édition.

>>>DÉGUSTÉS POUR VOUS

Bordeaux 2005 Dourthe No 1

Bordeaux rouge fait surtout de Merlot (65%$), puis de Cabernet Sauvignon (35%), c'est un vin plus coloré que jamais dans ce millésime réputé, au bouquet très fruits rouges (le Merlot), dense, charnu, avec une largeur d'épaules inhabituelle. Généreux à défaut d'être particulièrement distingué, il tiendra tête à la dinde de Noël.

C, 409 912, 16,95$, ** 1/2, $$, 2007-2011?

Bordeaux Supérieur 2005 Château de Parenchère.

Un classique du répertoire général, richement coloré dans ce millésime, au bouquet de fruits noirs et pour l'instant tout d'un bloc. Compact, corsé, tannique et même astringent, passablement carré, lui aussi ne craindra pas de se mesurer à la dinde.

C, 151 985, 18,30$, ** 1/2, $$, 2007-2012?

Clare Valley 2004 Mort's Block Riesling Kilinanoon.

Vin blanc de Riesling d'Australie (un cépage qui réussit très bien dans ce pays), au bouquet pénétrant, intense, et aux saveurs très mûres, avec du corps et beaucoup de caractère.

S, 10 758 384, 24,95$, ***, $$$ 1/2, 2007-2013.

Mendoza 2003 Corvina Malbec Tupungato Masi.

Vin rouge argentin de raisins qu'on a laissés se déshydrater sur des claies (comme on le fait pour l'Amarone, en Vénitie), au bouquet large, profond, de fruits cuits et secs, avec aussi des notes comme de pain rassis. Corsé, et même puissant, onctueux, il se présente en bouche avec les mêmes arômes. Inusité, et très bon dans son genre.

S, 10 689 964, 29,55$, *** 1/2, $$$ 1/2, 2007-2012.