Les enfants dans les parcs. Les touristes partout en ville. Les rues animées par les festivals. Beaucoup de monde dehors, en somme. Voilà l'été à Montréal. Une envie pressante se manifeste au cours de la journée? Normal. Mais où aller? Au cours des derniers jours, La Presse a visité une cinquantaine de toilettes publiques. Et quelques-unes qui le sont un peu moins. Voici nos observations.

«Ah! Ça pue! Ça pue!» lance une fillette en sortant à toute vitesse des toilettes chimiques plantées au milieu du parc des Royaux, dans l'arrondissement de Ville-Marie. Les ressorts de la porte émettent un long grincement suivi d'un claquement retentissant lorsque celle-ci se referme.

L'éducatrice de la garderie qui l'attendait inspecte la porte. Elle ne se verrouille pas. «Quelle merveilleuse idée!» lance-t-elle en levant les yeux au ciel, avant de s'éloigner.

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C'est le tour du représentant de La Presse. Oh! Que oui! Ça pue! L'odeur est épouvantable. À côté du siège traîne une vieille casquette souillée. L'urinoir est bouché par du papier. Sauve qui peut!

Est-ce seulement le fruit du hasard? Un mauvais «timing»? Toujours est-il que, 10 minutes plus tôt, à quelques coins de rue de là, les deux toilettes chimiques du parc des Faubourgs étaient d'une propreté exemplaire.

Des toilettes publiques, il y en a de toutes les sortes: sales, lugubres, étroites, mal éclairées ou, à l'opposé, au design surprenant, bien entretenues, aérées. Au cours des derniers jours, deux envoyés spéciaux (et courageux) de La Presse ont visité, de façon aléatoire, une cinquantaine de toilettes publiques dans plusieurs secteurs de Montréal. Nous sommes allés de surprise en étonnement.

Comme dans le Vieux-Port, où il y a une espèce de discrimination géographique entre les toilettes de la partie est (hangar no 16, pavillon Bonsecours, quai Jacques-Cartier) et celles de l'ouest (quai King-Edward, pavillon de l'Étang et derrière la Maison des Éclusiers). À l'est, c'est un mal nécessaire. À l'ouest, on inviterait la parenté.

«Nous avons rénové les toilettes derrière la Maison des Éclusiers et au pavillon de l'Étang. Celles du hangar no 16 devraient être rénovées d'ici à la fin de l'été, et celles du quai Jacques-Cartier, l'an prochain, indique Claire Germain, chargée des communications au Vieux-Port.»

Dans l'arrondissement de Saint-Laurent, une agréable surprise nous attend au parc Noël-Sud. Un «préposé au parc» travaille dans le chalet central, où se trouvent les toilettes, ce qui augmente le sentiment de sécurité. «Nous avons une trentaine de parcs, dont 16 ont un chalet. Des préposés y travaillent, selon des horaires variables, du 1er mai à la mi-septembre», dit Johanne Houde, chef de division aux relations publiques.

De ces visites, un constat s'impose: les toilettes des grands édifices publics ou privés du centre-ville sont en général en meilleur état que celles des parcs ou des aménagements extérieurs. «Nous faisons attention à l'atmosphère dans tous les secteurs, que ce soit dans nos toilettes, nos salles d'allaitement, etc.», dit Johanne Marcotte, directrice du complexe Les Ailes, dont les toilettes valent le coup d'oeil.

Plusieurs grands parcs (Maisonneuve, Mont-Royal) sont dotés de bonnes installations. L'exception est au coeur de Montréal. À quand une réfection en profondeur des toilettes du parc La Fontaine? Sises au sous-sol de l'édifice Calixa-Lavallée, elles ont tout ce qu'il faut pour laisser un très mauvais souvenir au visiteur.

«L'entretien relève de l'arrondissement et nous y passons, comme dans les autres parcs, au moins quatre fois par jour et souvent plus, selon les besoins, dit Michel Tanguay, de l'arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie. Mais pour le changement des équipements, cela relève de la ville centre.»

Dans les parcs: un problème

Dans les parcs, certaines toilettes causent des problèmes, plus particulièrement lorsqu'elles sont aménagées à l'intérieur de vieux chalets d'hiver vétustes. C'est ce que nous avons constaté aux parcs Lafond et Pélican, dans l'arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie. Ces deux endroits sont carrément insalubres.

Au parc Lafond, du côté des femmes, un lavabo sur deux contenait une substance ressemblant à des vomissures, et une toilette sur deux était totalement bouchée. Le plancher aurait mérité un bon coup de vadrouille. Pas de papier hygiénique, de savon, de séchoir ni de papier essuie-mains –ce qui est d'autant plus déplorable que les toilettes jouxtent une pataugeoire.

À cela, le chargé de communications de l'arrondissement, Louis Tremblay, explique la situation par le vandalisme et le mauvais comportement de certains usagers: «Le vandalisme nous empêche de maintenir nos chalets de parcs ouverts en permanence, dit-il. Quelques employés y sont affectés du jeudi au dimanche, de l'après-midi à la fin de soirée. Cela nous permet de garder les chalets ouverts.» Autrement, les chalets ne sont ouverts qu'au moment d'activités particulières. Dans certains cas, on peut obtenir savon et papier auprès des préposés aux pataugeoires.

Quant au nettoyage, il a lieu une fois par jour. Donc, si un «dégât» survient le matin et que l'équipe de nettoyage passe le soir, il faut prendre son mal en patience...

Dans Ville-Marie, on nous dit que des toilettes chimiques sont installées dans les parcs au moment d'une activité spéciale ou parce que les toilettes du chalet sont brisées.

Autres constats : la plupart des endroits sont munis de sèche-mains plutôt que de distributeurs de papier, l'horrible savon en mousse n'existe pas et les graffiti sont rares. Par contre, tous les endroits devraient prendre exemple sur les centres commerciaux du centre-ville, où les sèche-mains sont d'une efficacité redoutable.

Dans les toilettes pour femmes, nous avons apprécié les cabines munies de crochets pour suspendre un sac à main et les lieux équipés d'une table à langer.

Enfin, ceux et celles qui ont une phobie des insectes devraient éviter certaines toilettes extérieures. Plusieurs araignées et mouches se font une joie d'y trouver refuge!

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Honneur au Sears du Carrefour Laval

Les toilettes publiques du magasin Sears du Carrefour Laval ont récemment été classées parmi les meilleures au Canada selon le programme national «Au Petit Coin».

Cet organisme s'adresse aux personnes souffrant d'hyperactivité vésicale, une affection chronique donnant lieu à une forte envie d'uriner même lorsque la vessie n'est pas pleine.

Pour ce faire, l'organisme a mis en ligne, en mars dernier, une carte d'évaluation des toilettes publiques sur son site www.aupetitcoin.ca. Parmi les critères, il y avait l'accessibilité, les installations, la propreté, l'entretien, les files d'attente, le décor.

Les résultats ont été dévoilés le 25 juin dernier. Au Petit Coin a ensuite remis un sceau d'approbation à un organisme ou entreprise par province. Au Québec, c'est le magasin Sears du Carrefour Laval qui a reçu cet honneur.

On trouve des évaluations de plus de 260 lieux d'aisance publics, dont plusieurs au Québec, sur le site aupetitcoin.ca.