Les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) connaissent une forte hausse au Québec, particulièrement chez les jeunes, la couche de la population la plus vulnérable. Le Dr Réjean Thomas parle même d'une «épidémie qui sévit depuis 10 ans».

Le Portrait des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) au Québec pour l'année 2006, un document produit par le ministère de la Santé, brosse un tableau très sombre de la situation.

Par exemple, de 1997 à 2004, les cas d'infections à chlamydia déclarés ont doublé. Les femmes constituent près des trois quarts des cas et les jeunes de 15 à 24 ans sont les plus touchés.

Mauvaise nouvelle aussi du côté de la gonorrhée - blennorragie - qui connaît un nouveau «cycle haussier» amorcé en 2005. L'augmentation constatée est de 68% entre 2004 et 2007. La situation est explosive chez les adolescentes de 15 à 19 ans chez qui on a constaté une hausse de 250%.

La syphilis, qui avait complètement disparu, a refait surface en 2001. D'un cas par mois pour cette première année, on est passé à un par jour en 2006. Cette éclosion touche particulièrement les hommes (90%) ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Pour le VIH, entre 2004 et 2006, une hausse de 23% du nombre de nouveaux diagnostics a été enregistrée chez les hommes, et une baisse de 9% chez les femmes. Il est évalué qu'entre 500 et 1400 Québécois auraient contracté le VIH en 2005, année des plus récentes estimations.

L'hépatite B se maintient à un niveau élevé, mais on note une disparition progressive des cas aigus. Par ailleurs, il subsiste toujours une épidémie d'hépatite C chez les usagers de drogues injectables.

«Les données préliminaires de 2008 indiquent qu'il y a une légère hausse des infections à chlamydia, de la syphilis et de la gonorrhée», dit Gilles Lambert, médecin-conseil du bureau de surveillance et de vigie du ministère de la Santé.

Banalisation

«La remontée non seulement de la chlamydiose, mais aussi d'autres ITSS est possiblement liée à une certaine banalisation du VIH, banalisation qui ferait suite à l'introduction de thérapies antirétrovirales plus efficaces», conclut le rapport du Ministère. Autrement dit, depuis que le sida se soigne, la population aurait baissé la garde face aux ITSS.

«Les jeunes ont dans l'esprit que ça arrive juste aux autres», dit Nathalie Nadon du ROCAJQ. Les chiffres alarmants démontrent le contraire.