Le bourgogne (on ne le dira jamais assez!), particulièrement le bourgogne rouge, est de tous les vins celui qui compte le plus grand nombre d'admirateurs... passionnés.

À ceux qui en douteraient encore, je recommande instamment de goûter le Rully 2005 «Les Villeranges» Faiveley, d'un très grand millésime pour ce vignoble.

Rouge clair, son bouquet de fruits rouges, très Pinot noir, est pur, irrésistible, et la bouche suit, d'ampleur moyenne, peu tannique, avec un éclat exceptionnel du fruit, de sorte qu'on est conquis d'emblée. Quel beau vin!

Mais, bien sûr, si on aime uniquement les vins rouges puissants, très denses, très concentrés, il vaut mieux s'abstenir.

S10377215, 23,50$, *** 1/2, $$ 1/2, 2008-2011 (195 caisses disponibles).

Bref, on a là un exemple parfait du charme sans pareil du bon bourgogne, et à prix raisonnable compte tenu du niveau qualitatif de ce vin.

Or, la Bourgogne dispose d'une vitrine fascinante pour mieux se faire connaître, à savoir Les Grands Jours de Bourgogne, qui reviennent tous les deux ans.

L'événement, qui s'est tenu cette année du 10 au 15 mars, est, tout bonnement... magique. À cause de la formule, à cause du nombre considérable de vins à déguster (plus de 10 000 pour cette neuvième édition), mais aussi en raison, bien sûr, de la fascination qu'exerce ce vignoble.

J'y étais donc cette année, à l'invitation du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), et j'ai pu y déguster ainsi quelque 350 vins.

D'un village à l'autre

Selon la formule déjà bien rodée, les participants vont d'un lieu et d'un village à l'autre pour déguster soit les vins d'une seule appellation (Chablis, par exemple, le 10 mars), soit des vins de deux, trois ou même quatre appellations sous un même toit.

Le mardi 11 mars, les participants étaient ainsi conviés à déguster une multitude de vins dans quatre villages différents: des Fixins, Marsannays et Gevrey-Chambertins à Marsannay, des Nuits Saint-Georges dans le village du même nom, des Vosne-Romanées et Clos Vougeots à Vougeot, etc. Et ainsi de suite pendant six jours.

Mais, bien sûr, il est strictement impossible de tout goûter, vu le nombre hallucinant de vins! D'autant plus que, dans certains cas, il y a foule, et qu'il faut jouer du coude pour avoir accès aux vins des viticulteurs les plus réputés, ceux-ci se tenant debout derrière le fût sur lequel sont disposées leurs bouteilles.

On vous en verse un peu, on goûte, on griffonne quelques notes et... en route, coude pointé, vers un crachoir!

Quant à la quantité, elle varie normalement selon le degré de notoriété du producteur. Plus le vin est réputé, et moins on vous en donne, car plus grande est la demande!

Les vins à déguster cette année étaient surtout des 2006 (il sera question de ce millésime la semaine prochaine), mais aussi un certain nombre de 2005, de 2004, de 2002 et de 2001.

Deux Chablis

Sans être une grande année, 2004 a donné en Bourgogne de bons vins blancs, dont le Chablis 1er cru Les Vaucoupins Domaine Long-Depaquit est un très bon exemple.

Assez coloré pour un Chablis, non boisé, son bouquet est fin, distingué, et relevé par une note (caractéristique) minérale, avec aussi cette subtilité dans les nuances propres aux meilleurs vins de cette appellation. Tout aussi distingué en bouche, peu acide, m'a-t-il semblé, il brille par la qualité de ses saveurs et est à boire dès maintenant, quoiqu'il puisse sans doute se conserver quelques années. Savoureux.

S918755, 34$, *** 1/2, $$$ 1/2, 2008-2013 (114 caisses).

Moins cher, le Chablis 2006 Champs Royaux William Fèvre, d'un très bon millésime pour les bourgognes blancs, au bouquet également marqué par une nuance minérale rappelant l'odeur... du silex, très - très - discrètement boisé, m'a-t-il semblé, a du corps pour un Chablis générique (ce n'est pas un premier cru comme le précédent), et plus d'ampleur qu'on ne s'y attend de l'appellation, le tout rehaussé par un peu de gaz carbonique. Très bon également.

C276436, 23,25$, *** 1/2, $$ 1/2, 2008-2011 (435 caisses).

Enfin, je précise que j'ai noté le Vaucoupins 17,7 sur l'échelle de 20 points, et le Champs Royaux 17 sur 20.

Les frais de ce voyage ont été payés par l'association Les Grands Jours de Bourgogne.

DÉGUSTÉS POUR VOUS

Monica Di Sardegna 2006 Perdera Argiolas. Vin rouge de Sardaigne, du cépage Monica principalement (90 %), au bouquet de volume moyen, relevé par une petite nuance chocolatée. Légèrement tannique, peu corsé, c'est un vin sans prétention, aux saveurs nettes. S, 424291, 14,85 $, **, $ 1/2, 2008.

Carmignano 2003 Riserva Piaggia Mauro Vannuci. Autre vin rouge d'Italie, de Toscane, dans un tout autre style et à un tout autre prix... Opaque, ou presque, son bouquet, dans lequel domine le Sangiovese (70 % de la cuvée), est profond, très large. Compact en bouche, puissant, il a des tannins substantiels, un peu astringents, quoique sans rien... de redoutable. Sérieux, mais il faut aimer le genre. S, 10784064, 56 $, *** 1/2, $$$$ 1/2, 2008-2013.

Mercurey 1er cru 2006 Château Philippe-le-Hardi. Très joli bourgogne rouge, au bouquet délicat, typé. Au plus moyennement corsé, peu concentré et légèrement tannique, c'est en même temps un vin équilibré, aux saveurs franches. S, 869800, 26,85 $, ***, $$$, 2008-2011 ?

Côtes de Nuits Villages 2005 Maison Ambroise. Bien coloré pour un bourgogne, son bouquet, quoique à l'heure actuelle unidimensionnel, a ce fruit et ce côté pimpant qu'on attend d'un 2005. La bouche suit, charnue, pleine d'éclat, sur des tannins aimables. Peu complexe, plus généreux qu'élégant, il séduit cependant par la qualité et la pureté de son fruit. S, 918987, 32 $, *** 1/2, $$$ 1/2, 2008-2012.

Mercurey 2005 «La Framboisière» Faiveley. Passablement coloré pour un bourgogne, son généreux bouquet de fruits rouges bien mûrs est pour l'instant plutôt unidimensionnel, et en même temps très prometteur. La bouche est bien en chair, dense, avec des arômes... de framboises, tannique quoique sans rugosité, et indique à l'évidence qu'il tiendra la route. Très réussi, et à prix correct. S, 10521029, 27,75 $, *** 1/2, $$$, 2008-2013 (188 caisses).

Brouilly 2006 Cave beaujolaise de Quincié. D'une couleur soutenue pour l'appellation, son bouquet de fruits noirs (genre mûres et cerises noires) vous en met... plein la vue. La bouche suit, avec de l'éclat, un bon goût de fruit et des tannins un peu rêches. Très bon beaujolais. S, 10838536, 17,10 $, ***, $$, 2008-2009 (187 caisses).

La recommandation de la semaine

De couleur rouge clair, se présentant avec un bouquet plutôt ténu, mais net, aux arômes de fruits rouges, le Bourgogne 2006 Antonin Rodet est un vin plutôt léger, souple et donc peu tannique, et dont le charme tient avant tout à la netteté de ses saveurs. Vin plutôt simple, nettement moins concentré que n'était le précédent millésime (2005), il gagnera à être servi assez frais, en évitant les plats aux saveurs très relevées qui lui feraient ombrage. Fort bon, donc.

C, 358606, 18,15 $, ** 1/2, $$ , 2008 (697 caisses).

LA RÈGLE> Plus d'étoiles que de $, le vin vaut largement son prix.

> Autant d'étoiles que de $, il vaut son prix.

> Moins d'étoiles que de $, il est cher ou même très cher.

> C indique qu'il s'agit d'un vin courant, vendu dans la plupart des succursales.

> S désigne les vins de spécialité, en vente uniquement dans un nombre limité de succursales.

> Le nombre d'années figurant après la note indique le potentiel de garde approximatif à partir de maintenant.

* Vin correct

** Bon

*** Très bon

**** Excellent

***** Exceptionnel

1/2 Égale une 1/2 étoile