Lorsqu'elle est sévère, l'apnée du sommeil, c'est-à-dire l'obstruction périodique des voies respiratoires supérieures au cours du sommeil, augmente la mortalité, notamment par maladie cardio-vasculaire, selon les résultats d'une nouvelle étude américaine.

Cette étude menée pendant 18 ans confirme les résultats d'études précédentes de moindre envergure. Elle est publiée vendredi dans le journal Sleep.

«Ça ne vous tue pas d'un coup. Mais c'est un état qui dégrade votre santé au fil du temps», a expliqué par téléphone le Dr Michael Twery, directeur du Centre national de recherche sur les troubles du sommeil (National Center on Sleep Disorders Research).

Les gens qui souffrent de cette pathologie «sont privés de sommeil sur peut-être de très longues périodes, et luttent pour dormir. Quand ça arrive nuit après nuit, semaine après semaine, en plus de tous nos autres problèmes, ça devient dangereux», ajoute le Dr Twery, dont le centre fait partie de l'Institut national du coeur, du poumon et du sang (National Heart, Lung and Blood Institute).

Selon l'Institut, aux États-Unis, 12 à 18 millions de personnes souffrent d'une forme modérée ou sévère d'apnée du sommeil. Une pathologie souvent méconnue, sa survenue pendant le sommeil empêchant tout diagnostic lors de visites médicales de routine.

Les chercheurs ont testé en laboratoire des patients souffrant de troubles respiratoires liés au sommeil, puis les ont suivis pendant plusieurs années.

Le syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS) consiste en une obstruction périodique des voies respiratoires supérieures au cours du sommeil. Il se caractérise par de nombreux arrêts de la respiration qui s'accompagnent d'une baisse de la concentration d'oxygène dans le sang. Même si la personne ne s'en rend généralement pas compte, ce phénomène peut se reproduire de manière cyclique au cours de la nuit, parfois plusieurs centaines de fois, perturbant ainsi gravement le sommeil.

«Quand vous arrêtez de respirer pendant votre sommeil, vous ne le sentez pas, ça ne vous réveille généralement pas», résume Twery. Mais quand la respiration reprend, le dormeur peut passer du stade de sommeil profond à celui de sommeil léger. D'où un cycle général du sommeil perturbé.

Chaque individu présente chaque nuit quatre ou cinq cycles de sommeil, dans lequel se suivent phases de sommeil léger, sommeil profond et phase REM (rapid eye movement, mouvements rapides des yeux, soit le sommeil des rêves), rappelle Michael Twery. Le sommeil profond est plus important en début de nuit, alors que les sommeil des rêves est plus fréquent avant le réveil. Ces cycles servent au contrôle des hormones, du métabolisme et des niveaux de stress.

L'Institut, qui fait partie des Instituts nationaux de santé, explique que l'apnée du sommeil est corrélé à un risque plus important de maladie cardiaque, d'hypertension artérielle, d'accident vasculaire cérébral, de diabète et de somnolence diurne.

Dans cette nouvelle étude, 1522 hommes et femmes âgés de 30 à 60 ans ont été suivis. La mortalité annuelle est de 2,85 cas pour 1000 par an pour les personnes qui ne souffrent pas d'apnée du sommeil. Chez celles qui présentent une apnée légère ou modérée, cette mortalité monte respectivement à 5,54 et 5,42 pour 1000.

Pour les personnes souffrant d'apnée sévère, ce taux passe à 14,6 pour 1000.

La mortalité cardio-vasculaire qui représente 26% des morts parmi les gens indemnes d'apnée, passe à 42% parmi les gens souffrant d'apnée sévère, selon l'équipe de recherche dirigée par Terry Young de l'Université du Wisconsin, à Madison.

Dans le même numéro de Sleep, une étude australienne indépendante portant sur 380 adultes âgés de 40 à 65 ans, aboutit à la même conclusion. Cette dernière souligne que après 14 ans de suivi, environ 33% des participants souffrant d'apnée du sommeil étaient morts, alors que ce pourcentage n'était que de 6,6% dans le groupe présentant une apnée modérée, et de 7,7% dans le groupe indemne d'apnée.

L'apnée est souvent traitée avec un appareil qui délivre de l'air en pression positive continue à travers le nez ou la bouche. Selon l'étude américaine, le taux de mortalité des personnes ayant reçu ce traitement était réduit.

Bien que l'étude américaine soit de grande envergure, les patients était en majorité des blancs, la plupart de milieu favorisé ayant accès au système de soins.

Pour les chercheurs, il est probable que les résultats sous-estiment donc le taux de mortalité par syndrome d'apnée du sommeil dans d'autres groupes ethniques ou dans les classes défavorisées.