Après la pénurie de médecins et d'infirmières, c'est maintenant le manque de technologues qui prolonge les listes d'attente dans les services de radio-oncologie de Montréal.

Les technologues sont chargés de faire fonctionner les appareils d'irradiation utilisés dans le traitement du cancer.

Aux prises avec un manque de technologues pendant l'été, trois hôpitaux montréalais sur quatre ont des listes d'attente non conformes aux cibles ministérielles, selon lesquelles 90% des patients atteints d'un cancer doivent être traités dans les 28 jours suivant le diagnostic.

À l'heure actuelle, l'Hôpital général juif ne peut traiter que 54% des patients dans ce délai, le CHUM, 80% et le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), 83%.

Avec les départs en vacances, la situation ne fera qu'empirer, selon un représentant de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, Normand Blanchard.

«C'est certain qu'on s'attend à ce que ça empire. Dès qu'on arrête un peu, les listes allongent», explique-t-il.

Afin de résoudre le problème, Québec vient d'autoriser les hôpitaux à accorder une prime de 90$ aux technologues qui acceptent de faire des heures supplémentaires. Cette prime équivaut à une fois et demie leur salaire normal. L'effet de cette mesure reste incertain.

«Nous sommes déjà exténués. Moi, j'ai refusé. Comment est-ce que je pourrais traiter encore plus de patients?» lance Marie-Ève Moissan, technologue à l'hôpital Notre-Dame.

Cercle vicieux à Montréal

La situation serait moins grave si les hôpitaux arrivaient à conserver leur personnel. Des 28 stagiaires technologues en radio-oncologie au CHUM, trois seulement sont restés. Le CHUM a aussi perdu neuf de ses 70 technologues au cours de l'année. Le CUSM, quant à lui, n'a pu recruter que deux stagiaires cet été.

«Les gens préfèrent travailler dans de petits centres à l'extérieur de Montréal, avec des horaires plus réguliers», déplore Carolyn Freeman, chef du service de radio-oncologie au CUSM.

«C'est un cercle vicieux, ajoute M. Blanchard. Plus on pousse à bout les employés, moins on les respecte, plus ils vont s'en aller et plus on va écoeurer ceux qui restent.»

Moyenne des cas traités

Pourcentage, au 27 juin 2008, des cas traités en radio-oncologie en moins de 28 jours (moyenne des quatre dernières semaines)

> Centre régional de santé et de services sociaux de Rimouski- Neigette: 100%

> Centre de santé et de services sociaux de Chicoutimi: 100%

> Centre hospitalier régional de Trois-Rivières: 100%

> Centre hospitalier universitaire de Québec: 99%

> Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke: 99%

> Hôpital Maisonneuve-Rosemont: 94%

> Centre de santé et de services sociaux de Gatineau: 89%

> Centre universitaire de santé McGill: 83%

> CHUM: 80%

> Hôpital général juif: 54%