Le 4 juillet dernier, une quarantaine de passionnés d'Amos Daragon ont débarqué au Sanctuaire des Braves, camp de vacances qui permet aux jeunes, le temps d'un week-end, de passer de la fiction à la réalité dans le monde imaginé par Bryan Perro. La Presse a vécu l'expérience en participant incognito à l'animation du premier des 12 évènements prévus cet été. Témoignage d'une fin de semaine magique.

Arrivé sur place, on est impressionné par la beauté des lieux.

Décoré pour l'occasion, le domaine isolé de Saint-Gérard-des-Laurentides, construit au XIXe siècle, est saisissant. Un sentiment partagé par les parents qui ont clairement manifesté leur enthousiasme devant le représentant de La Presse, déjà caché sous son costume de Gédéon le Bûcheron. Un rôle improvisé à la dernière minute quand on s'est retrouvé un peu malgré nous à l'accueil, en compagnie de Bryan Perro, venu saluer ses jeunes admirateurs arrivés d'aussi loin que la Floride et l'Ouest ontarien.

>> Voyez nos photos du camp Amos D'Aragon.

Après avoir revêtu les costumes de leurs clans respectifs – forestiers de Tarkasis, chevaliers de Berrion et aventuriers de Bratel-la-Grande, les jeunes sont accueillis par le maître des lieux, le seigneur Aldorond. C'est lui qui a fait appel aux héros en herbe pour protéger le sanctuaire d'une menace imminente.

À partir de ce moment, les enfants troquent leur nom contre celui de leur personnage, qu'ils vont effectivement garder jusqu'à la fin de l'activité, 48 heures plus tard.

C'est ensuite le visage caché derrière le masque d'un gobelin ou sous le casque d'un barbare que l'on voit l'expression des enfants, à la fois incertains et excités devant la menace. C'est là que le caractère immersif de l'activité prend tout son sens.

«La qualité de l'animation et des décors est telle qu'ils ne voient plus la différence entre le jeu et une vraie créature. Ça se voit dans leurs yeux, explique Philippe Desmarais, alias Sir Philippe, responsable des jeunes chevaliers de Berrion. Ici, tout a l'air tellement vrai qu'ils n'ont pas besoin de faire semblant.»

Et les jeunes aventuriers en redemandent: «Le réveil était prévu à 6 h 45 ; à 6 h 46, il y avait deux jeunes qui attendaient debout au pied de mon lit , poursuit Sir Philippe, qui travaille en service de garde à la Commission scolaire de Montréal. J'étais encore dans mon sac de couchage qu'ils m'avaient déjà salué d'un retentissant 'Bon matin, seigneur ! ' Ils étaient habillés, prêts à l'action!»

Une aventure inoubliable

«On peut appeler ça un camp de vacances, mais moi je parlerais davantage d'une aventure totale», ajoute le Grand Druide, interprété par Paul Fortin, qui a fait de la figuration dans plusieurs films à saveur médiévale, dont L'âge des ténèbres.

«Y a des enfants qui vont être un peu transformés par ça, qui vont découvrir la lecture, le jeu, la magie, en plus de se faire des amis. Je serais surpris qu'un jeune sorte d'ici et qu'il ne soit pas enrichi par son expérience.»

Le fait que celle-ci soit étroitement associée au monde créé par Bryan Perro n'est pas étranger à cet engouement.

«Si ce n'était le phénomène Amos Daragon, les jeunes ne viendraient peut-être pas, estime Éric-Paul Parent, alias Seigneur Aldorond. Ce qui est fantastique, c'est qu'ils peuvent venir jouer dans le monde de leur héros. À Walt Disney, on peut visiter le château de Cendrillon. Ici, tu peux parler à des gens qui ont déjà connu Amos Daragon.»

Les jeunes qui passent au Sanctuaire des Braves ont donc l'impression de s'inscrire dans la grande histoire d'Amos Daragon. Un adolescent de 12 ans ne fera certainement pas ce genre de révélation à un journaliste planté devant lui avec son calepin. Mais il en va autrement quand le dit journaliste fait le mort par terre dans son costume de gobelin. «Je suis Samaël, chevalier de Berrion, venu prêter main-forte au Sanctuaire des Braves.» Quand on entend un jeune héros saluer sa victoire avec une perle du genre, on comprend mieux la portée de l'expérience imaginaire proposée aux jeunes cet été dans ce domaine perdu au fond de la Mauricie.

Et on avoue même être un peu jaloux...