Gérer un budget, aller à l'épicerie, cuisiner, faire le ménage : arriver dans son premier appartement ou s'installer dans une résidence étudiante n'est pas de tout repos. On appelle cette étape «voler de ses propres ailes», mais il n'est pas toujours évident de quitter le nid sans se blesser dans l'entreprise.

À l'heure où les cloches d'école recommencent à résonner, des milliers de jeunes adultes disent au revoir à papa et à maman pour apprendre à être autonomes. Le Soleil vous propose un portrait de cette étape importante et un petit guide de survie à la colocation.

Il traîne encore quelques boîtes de carton dans l'appartement de Maude, Édith et Myriam. Les trois amies d'à peine 20 ans ont quitté leur famille à Sherbrooke pour venir étudier à l'Université Laval, à Québec.

«Je suis énervée et contente!», con­fie Édith, quelques jours avant le grand saut. «Mais ça me fait quelque chose de quitter la maison, continue-t-elle. Je ne partagerai plus la vie de famille, je vais avoir ma vie à moi.»

Ses mots représentent bien les émotions contradictoires que vivent les jeunes adultes. «J'ai peur de quitter mon petit confort, mais j'ai hâte d'avoir le plein contrôle sur ma vie», explique Maude, qui s'affairait, selon ses propres mots, à ramasser «des miettes d'elle-même» en vue du déménagement.

Elles sont conscientes que la liberté vient avec des obligations. «Il y a deux côtés à la médaille, pense Édith. Je prends toutes les décisions, mais il faut que je pense à tous les petits détails de la vie quotidienne, comme l'épicerie, les comptes...» Myriam était déjà dans son nouveau chez-soi lorsque Le Soleil l'a rencontrée. Sa première impression? «Je suis super heureuse de faire l'épicerie», raconte-t-elle, amusée. Elle s'estimait prête pour ce changement. «J'avais besoin de passer à l'âge adulte, c'est valorisant de prendre ma vie en main», résume-t-elle.

Les résidences? Pourquoi pas?

Maude, Édith et Myriam sont unanimes : le fait d'emménager avec des amis est sécurisant. Certains n'ont pas cette chance et optent souvent pour les résidences.

Sarah a passé deux ans aux résidences de l'Université Laval avant de faire le saut en appartement, cette année. «Je ne connaissais absolument personne à Québec, raconte-t-elle. La première année, j'ai tellement trippé! C'est comme ça que j'ai connu plein de monde.»

Pour Émilie, étudiante en deuxième année à l'Université Laval, les résidences ont des avantages notables. «C'est une question de proximité, souligne-t-elle. En plus, il y a beaucoup d'activités organisées.»

Le coût modique du loyer et la possibilité d'avoir un bail de huit mois plaisent à ceux qui veulent économiser et retourner chez eux durant l'été.

Bye-bye, les parents!

Voir leurs enfants quitter le nid familial est parfois une épreuve pour les parents. Un petit pincement au cœur?

«C'est sûr, répond Martine, la mère de Maude. Mais je me répète souvent qu'à l'âge qu'elle a, j'étais déjà partie de la maison.» Pour Hélène, la mère d'Édith, deux sentiments se bousculent.

«Je suis un peu triste parce que j'ai l'impression qu'il va manquer quelqu'un, mais c'est emballant car elle va étudier dans quelque chose qui l'intéresse», résume-t-elle.

«Les parents ont un rôle important, rappelle Valérie Gosselin, psychologue à la clinique Amis-Maux. Il faut laisser de la corde à nos enfants, ne pas aller au-devant d'eux. Il faut laisser le jeune demander de l'aide.»