Difficile de savoir quel cépage remplacera le populaire grüner veltliner autrichien ou l'assyrtiko grec comme variété tendance en 2018. Seule certitude: les variétés autochtones volent de plus en plus la vedette  aux classiques chardonnay et cabernet sauvignon. Plusieurs sont déjà dans la ligne de mire des spécialistes. En voici cinq à goûter cette année.

Carricante

Française d'origine, la Master Sommelier Pascaline Lepeltier s'est fait remarquer avec sa carte des vins au restaurant Rouge Tomate, à New York.

La sommelière a quitté l'établissement l'été dernier, mais elle est toujours à l'affût des tendances. Elle s'intéresse entre autres au carricante, cépage blanc de la Sicile.

Cette île du sud de l'Italie séduit avec ses rouges à base de cépages locaux comme le nero d'avola et le frappato. C'est maintenant au tour de ses vins blancs de s'illustrer, croit l'experte.

«Le carricante est en plein renouveau, dit-elle. À Milo sur l'Etna, mais aussi ailleurs en Sicile et de plus en plus aux États-Unis.»

La maison Cusumano propose un vin issu de ses six hectares de carricante. Sa robe est de couleur jaune soleil. Son nez rappelle la pêche mûre, la mangue et la fumée.

Des notes d'agrumes apparaissent dans une bouche puissante et harmonieuse. À découvrir avec du poulet grillé et une salade de mangue.

Cusumano Alta Mora Etna Bianco 2015 (13367979) 26 $

Pinot meunier

Le 28 décembre, la chroniqueuse du Wall Street Journal  Lettie Teague publiait un article titré ainsi: «Ouvrez un pinot meunier, cheval noir de la Champagne, pour le Nouvel An».

Elle faisait référence aux maisons champenoises qui mettent de l'avant le pinot meunier, cépage qui a toujours été dans l'ombre du pinot noir et du chardonnay en Champagne.

David Bourdaire, producteur dans le nord de la région, explique que le pinot meunier est surtout utilisé pour apporter l'équilibre dans les assemblages.

«Depuis 2005, on voit de plus en plus de cuvées uniquement à base de pinot meunier», dit-il. Le pinot meunier représente le tiers du vignoble champenois. Chez David Bourdaire, ce nombre grimpe à 80 %.

«Dans le nord de la Champagne, le pinot meunier s'adapte mieux au sol et au climat, plus frais», dit-il. Sans surprise, il vinifie plusieurs cuvées 100 % pinot meunier, comme sa cuvée Brut sans année (BSA).

Sous la robe dorée, ce champagne dévoile des odeurs de poire, de fleurs et de céréales. En bouche, les arômes d'anis se mêlent à ceux de la poire. C'est un champagne rond et très gourmand.

Champagne Bourdaire-Gallois BSA (13430481) 46,25 $

Photo fournie par la SAQ

Champagne Bourdaire-Gallois BSA, 46,25 $ (13430481)

Furmint

Partout dans le monde, les cépages associés aux vins de dessert se vinifient désormais en sec en raison du déclin des ventes de vins doux.

C'est le cas dans le Sud-Ouest, en France, avec les cépages manseng du Jurançon, mais aussi avec le furmint de Hongrie.

Longtemps connu pour ses vins de dessert appelés tokaj, le furmint se démarque désormais grâce à ses vins secs et rafraîchissants.

Fiona Beckett, chroniqueuse du quotidien britannique The Guardian, a expliqué dans un article publié en avril dernier que le furmint est «la réponse de la Hongrie au grüner veltliner de l'Autriche». Elle a alors prédit que le furmint deviendrait le nouveau cépage tendance.

Le Château Pajzos propose depuis longtemps à la SAQ un furmint presque sec (8 g de sucre résiduel) dont le rapport qualité-prix est renversant.

Depuis peu, de nouveaux furmints ont fait leur apparition sur les tablettes du monopole d'État, dont celui du domaine Disznoko.

Il s'ouvre sur des notes d'estragon, d'agrumes et de melon miel. Sa texture est légèrement grasse et sa finale est persistante sur une trame minérale. Très beau vin!

Disznoko Furmint Tokaji Dry 2016 (13440700) 19,95 $

Photo fournie par le producteur

Disznoko Furmint Tokaji Dry 2016, 19,95 $ (13440700)

Xarel-lo

Ce n'est pas qu'en matière de politique que ça brasse en Catalogne. Dans les chais aussi. Plusieurs vignerons, dont la famille Raventos, veulent mettre de l'avant leurs cépages locaux. En particulier le xarel-lo, souligne Pascaline Lepeltier.

«C'est un cépage qui a beaucoup de potentiel, dit-elle. Pour sa teneur en alcool et son acidité. Deux qualités essentielles pour élaborer des vins de garde.»

On retrouve des mousseux espagnols élaborés uniquement avec ce cépage, mais aussi de plus en plus de vins tranquilles.

«Le xarel-lo n'est pas trop aromatique sans être neutre, ajoute Mme Lepeltier, ce qui permet une variété de style de vinification.»

La cuvée calcari proposée par Parès Baltà vaut le détour. Croquante et saline en bouche, ses arômes rappellent les fleurs, la poire et les amandes. L'accord avec les fruits de mer est fabuleux.

Parès Baltà Calcari Xarel-Lo 2016 (11377225) 20 $

Photo fournie par la SAQ

Parès Baltà Calcari Xarel-Lo 2016, 20 $ (11377225)

Hybrides

L'intérêt pour les vins du Québec ne cesse d'augmenter. En particulier pour les cuvées élaborées avec des cépages européens comme le pinot noir ou le chardonnay.

Pourtant, ailleurs dans le monde, les variétés hybrides suscitent la curiosité, entre autres en Europe. Aux États-Unis, l'intérêt pour les hybrides est aussi présent, comme l'explique Pascaline Lepeltier.

«L'idée est de redécouvrir les cépages que nous avons ici à New York», explique-t-elle. Elle s'intéresse au catawba et au delaware, deux cépages très populaires au Japon, ainsi qu'à la variété concord.

«Je fais avec un ami un "pet nat" [mousseux nature] certifié bio à base de vieilles vignes de catawba et de delaware. Ce projet s'appelle chëpìka.»

Pourquoi ne pas donner une nouvelle chance aux hybrides du Québec? Sans aucun doute, cet assemblage de vidal, de cayuga et d'eona, du Domaine de Lavoie en Montérégie, va vous charmer avec ses notes d'ananas ainsi que sa bouche ronde et légèrement sucrée.

Domaine de Lavoie 2016 (741231) 14,55 $

Photo fournie par la SAQ

Domaine de Lavoie 2016, 14,55 $ (741231)