Qu'est-ce qu'il était bon ce Châteauneuf-du-Pape Cuvée du Vatican 2007, surtout après un demi-marathon dans le froid et le vent le long du Saint-Laurent.

Mais qu'est-ce qu'il tapait, aussi! La fatigue, sans doute, me suis-je dit. Et puis, sur la contre-étiquette, j'ai vu la raison de mon enivrement hâtif: 15% d'alcool!

C'est une tendance lourde dans le monde du vin ces années-ci, aussi lourde que sont en train de devenir trop de vins: le taux d'alcool est à la hausse, parfois de façon spectaculaire.

Il est bien révolu le temps où mon défunt grand-père considérait qu'«un bon pinard doit faire 12 ou 12,5». De nos jours, bien des vins de table se rapprochent, en teneur en alcool, des apéritifs du genre Pineau des Charentes, quand ce n'est pas carrément des portos!

Un vin des zones chaudes du Rhône ou d'ailleurs titre rarement 12%, on s'entend. Mais 15%, parfois plus?

Soit, 2007, a été chaud et a donné de grands vins concentrés dans cette région. Mais le taux d'alcool monte partout, même en Amérique du Nord.

Quelques exemples relevés au fil des derniers mois:

- de Colombie-Britannique, le très bon chardonnay Borrowing owl, 2006: 14%

- Château des nages, Costières de Nîmes 2008: 14,5%

- Châteauneuf-du-Pape Clos St-Jean 2007: 16,3%

- Les Champauvins, Côtes du Rhône 2007: 15%

Les blancs n'échappent pas à la tendance, ce qui fait que l'on retrouve régulièrement des vins à plus de 14%.

Comment expliquer ce phénomène? Et puis, d'abord, est-ce vraiment un phénomène ou juste une impression purement anecdotique?

Les gens du milieu (vignerons, producteurs, négociants, oenologues, restaurateurs et sommeliers) à qui j'en ai parlé depuis quelques années sont unanimes: on assiste bel et bien à une augmentation du pourcentage d'alcool.

Les restaurateurs et les sommeliers le remarquent d'autant plus que leurs clients, en raison des lois sur l'alcool au volant, doivent surveiller encore davantage leur consommation. Et puis, un vin plus alcoolisé est moins digeste, ce qui déplaît aux habitués des bonnes tables.

On explique le phénomène de deux façons: d'abord, par le réchauffement climatique qui fait chauffer les vignes de plus en plus; par une démarche délibérée de certains producteurs qui croient que les «gros vins bien lourds» plaisent davantage.

Que ce soit en France, en Afrique du Sud, en Californie, en Ontario, en Colombie-Britannique, notamment, tous les producteurs à qui j'ai parlé de réchauffement climatique sont formels: il fait plus chaud, ce qui donne évidemment des raisins plus sucrés.

C'est une bonne chose au Canada, certes, mais dans le sud de la France, où il fait déjà très chaud, ça commence à poser problème.

«À Cahors, le merlot même pas mûr atteint facilement les 17 degrés», me disait cet hiver Fabien Jouves, producteur méticuleux du Cahors.

Même observation en Beaujolais, où les vins atteignent des degrés jamais vus à ce jour.

Et même en Savoie, à flanc d'Alpes, là où il fait d'ordinaire plus frais que dans le sud.

«Les changements climatiques ont certainement un effet ici, on le voit, notamment, avec certains vins qui titrent jusqu'à 14 degrés naturellement», m'a expliqué Béatrice Magnin, de la maison savoyarde du même nom.

Plus de 20$

Le Volte, Ornellaia, Toscana i.g.t. 2009 (Code SAQ: 10 938 684) 30$

Le plus petit des super Toscans, le Volte arrive une fois par année à la SAQ et ne fait qu'effleurer les tablettes des succursales. Et pour cause. Un vin concentré, équilibré (merlot, cabernet, sauvignon et sangiovese) qui peut dormir en cave quelques années. J'ai bu récemment des 2002 qui avaient une excellente tenue. Le digne petit frère des grands Ornellaia et Masseto, vendus entre cinq et dix fois plus cher.