La capsule à vis ne cesse de gagner du terrain, au détriment, notamment, du bouchon de liège. Ainsi, environ 7 milliards de bouteilles, sur les quelque 18 milliards que produit annuellement le vignoble mondial, sont bouchées à l'heure actuelle avec des capsules à vis, estime-t-on.

Faut-il le déplorer ? Ou, au contraire... s'en réjouir ?

« Face au bouchon, la capsule à vis (inventée en 1968 en France) est moche », écrivait à l'été 2012 la journaliste du Monde Ophélie Neiman, sur son blogue (Miss Glouglou).

En fait, la capsule à vis - le bouchon de « métal vissé », selon la bizarre expression utilisée par la SAQ - ne présente que des avantages, jugent en substance de nombreux viticulteurs.

Le bouchon de liège standard - en excluant les bouchons d'aggloméré tels que les « diams » - a pour sa part deux faiblesses, si l'on peut dire.

La principale : il n'y a pas deux bouchons de liège identiques, en ce sens que leur porosité - et donc la quantité d'oxygène qu'ils laissent passer - varie de l'un à l'autre. Résultat, on observe fréquemment des différences d'une bouteille à l'autre d'un même vin, surtout après quelques années...

Phénomène que déplorait vivement, fin octobre, ce vinificateur de grand talent qu'est Grégory Patriat, de la maison bourguignonne Jean-Claude Boisset, à l'occasion de la plus récente édition de Montréal Passion Vin.

Il déboucha alors plusieurs centaines de bouteilles de huit vins différents, tout en ne pouvant que constater (par leur bouquet) à quel point certaines pouvaient différer des autres. Sans parler des bouchonnées...

Autrement dit, il se désolait de voir son travail de vinificateur en partie gâché par des bouchons de liège.

Problème additionnel : environ 5 à 7 % des vins bouchés avec des bouchons de liège sont... plus ou moins bouchonnés. Le bouquet et le goût étant alors altérés, fort désagréablement, par une certaine molécule, à savoir le TCA (trichloroanisole), produite par des moisissures logées dans le liège.

Le bouchage des vins avec la capsule à vis permet d'éviter ces deux problèmes.

Les vins bouchés par ce moyen évoluent tous de manière identique, les vinificateurs ayant même le choix entre quatre capsules à vis différentes, le joint de la capsule Stelvin (d'Alcan, le principal fabricant) étant gradué et laissant donc passer plus ou moins d'oxygène selon le modèle choisi. « Il y a la 0,3, la 0,5, la 0,7 et la 0,9, qui est la plus ouverte », explique Grégory Patriat.

Et, bien sûr, les vins bouchés avec une capsule à vis ne sont jamais affectés par le goût de bouchon.

Le premier pays à l'avoir adoptée, à la fin des années 80, est la Suisse, qui fut suivie au début des années 2000 par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, où les consommateurs y sont habitués et l'acceptent très bien.

Même chose au Québec, alors que les Européens, notamment les Français, sont nettement plus réticents.

Bref, l'avenir du bouchon, c'est, tout l'indique... la capsule à vis !