«Le grand bourgogne sent la m...», écrivait au milieu des années 70, dans Burgundy, l'Anglais Anthony Hanson, pourtant très versé en matière de vin puisqu'il détient le titre, rare et convoité, de Master of Wine.

Il décrivait de la sorte ces vins rouges aux odeurs médicamenteuses ou animales... et même plus ou moins putrides, contaminés par ces levures nuisibles que sont les brettanomyces.

Levures qui existent à l'état naturel dans les vignobles, parmi les quelques centaines d'autres espèces qu'on y trouve. Et qui, cela arrive, se multiplient parfois dans les chais de vinification, les colonisent et finissent ainsi par altérer les vins.

Or, à la décharge d'Anthony Hanson, on ne savait à peu près rien à cette époque des brettanomyces (la brett, dit-on familièrement) et de leur pouvoir contaminant.

C'est seulement il y a une quinzaine d'années que l'oenologue bordelais Pascal Chatonnet a jeté, par ses recherches, un éclairage décisif sur ce problème et qu'on a pu mettre au point les mesures adéquates pour le régler.

Plusieurs facteurs favorisent leur développement et l'altération des arômes des vins qui s'ensuit: notamment un taux d'alcool élevé et l'absence ou l'insuffisance de sulfites protecteurs.

«Bandaid», disaient les viticulteurs australiens au sujet de ces odeurs médicamenteuses résultant parfois de la contamination par la brett. Et qui, dans certains cas, les recherchaient jusqu'à ce qu'ils réalisent que c'est un défaut.

Il n'y a pas de la brett dans tous les vins... Toutefois, Pascal Chatonnet - le même Pascal Chatonnet qui travaille avec François Chartier - a établi, de mémoire, qu'on en détecte des traces dans 28% des vins rouges.

Mais... il faut se méfier! Car certains vins acquièrent, dans la bouteille, à l'abri de l'oxygène, des odeurs plus ou moins désagréables de renfermé, dites de réduction, qu'on peut aisément prendre pour de la brett.

On dit ainsi de la Syrah que c'est un cépage fortement réducteur, susceptible de communiquer aux vins de telles odeurs de renfermé. Solution: on passe le vin en carafe pour le débarrasser, ou tenter de le débarrasser, de tels arômes.

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2-13 CORRECT

14-15 BON

16-17 TRÈS BON

18-19 EXCELLENT

20 EXCEPTIONNEL

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(de gauche à droite sur la photo)

Douro 2011 Altano 12,95$ (579862)

On met le nez dans le verre et, à en juger par ses arômes de fruits noirs et son côté très mûr, on a l'impression de goûter un vin du Nouveau Monde, alors qu'il s'agit d'un vin rouge portugais. Charnu et plus que moyennement corsé, un peu lourdaud, m'a-t-il semblé, fort correct malgré tout, il se présente en bouche avec les mêmes arômes très mûrs, comme s'il venait tout juste d'être retiré de la cuve où il a été élevé... Touriga Franca, Tinta Roriz et Tinta Barocca, avec élevage en cuves. À petit prix. 13,5% (628 caisses). Garde: 2013-2014.

15

Chinon 2010 Clos de l'Olive Couly-Dutheil 26,20$ (10264923)

Très beau vin rouge de la Loire, fait que de Cabernet franc, il est bien coloré sans être du tout opaque, alors que son bouquet, assez peu expressif à l'ouverture de la bouteille, s'impose après une vingtaine de minutes par sa netteté et ses arômes fruités très typés Cabernet franc. Vin de corps moyen que son producteur élève en cuves, il est peu tannique et brille par la qualité et la franchise de ses arômes. Savoureux. 13,5% (104 caisses). Garde: 2013-2017?

16,2

Vacqueyras 2011Les Christins Famille Perrin 23,90$ (872937)

Vin de la vallée du Rhône, d'une appellation - comme Gigondas - pouvant donner des vins très proches par le style des Châteauneufs-du-Pape, mais à prix bien moindre. Le bouquet, de fruits rouges, est très Grenache, marqué par un effluve sucré, et suit une bouche d'une bonne concentration, avec de l'éclat et des saveurs relevées, sur des tannins à la fois fermes mais dépourvus de rugosité. Fait surtout de Grenache (75%) et de Syrah (25%), sa vinification et l'élevage sont menés moitié en cuves et moitié en foudres. Très bon. 14,5% (62 caisses). Garde: 2013-2016.

16,8

Pouilly-Fumé 2011 La Moynerie Michel Redde et Fils 24,55$ (962340)

Vin blanc de Sauvignon blanc, de la Loire, non boisé, son caractère variétal est assez peu marqué, au nez et en bouche, le bouquet s'affichant avec une note d'agrumes (genre pamplemousses). Moyennement corsé, ses saveurs sont franches, bien affirmées, l'impression finale, ferme, pourvue d'une bonne dose d'acidité, donnant à croire qu'il n'a pas fait sa fermentation malolactique, comme c'est fréquent pour ces vins et leurs voisins de Sancerre. Du caractère, donc. 13% (112 caisses). Garde: 2013-2015?

16,5

Châteauneuf-du-Pape 2010 Pierre Usseglio&Fils 42,50$ (10257521)

Châteauneuf-du-Pape on ne peut plus convaincant, d'une couleur soutenue sans qu'elle soit opaque, il vous en met... plein la vue avec son bouquet, large, mûr, généreux, à dominante de petits fruits noirs. La bouche suit parfaitement, dense, concentrée, les arômes de fruits noirs étant présents au rendez-vous, sur des tannins solides. Impeccable. 70% Grenache, 20% Syrah, 5% Mourvèdre et 5% Cinsault, avec élevage en fûts et en cuves. 14,5% (105 caisses). Garde: 2013-2020.

17,5