Signe de la popularité toujours croissante des rosés, les ventes de ces vins ont progressé de 7% à 80 millions de dollars au cours du dernier exercice financier de la SAQ (2011-2012)

Elles ont atteint ainsi, en volume, 540 000 caisses de 12 bouteilles standard.

Au total, les consommateurs québécois ont bu un peu moins de 6,5 millions de bouteilles de ces vins!

Car, bien sûr, aussi bons soient-ils, les rosés sont des vins à boire sans tarder, et non pas à mettre en cave. (Quoique, dit-on, des rosés d'appellation Bandol, de Mourvèdre, soient susceptibles de tenir 10 ans et plus, sans perdre de leurs attraits.)

Servis bien frais, les rosés, qui sont des vins... mi-chair mi-poisson, si je puis dire, sont susceptibles d'accompagner agréablement de nombreux plats, tout en pouvant être servis en guise d'apéritifs.

Les poissons, les fruits de mer, les viandes blanches, les plats tout simples comme les sandwichs servis en plein air ou à l'intérieur, etc. s'en accommodent fort bien.

Sans en offrir une gamme très large, la SAQ en commercialise cette année plus d'une soixantaine, soit 32 d'inscrits au répertoire général, et 30 de plus qui seront vendus uniquement de façon saisonnière.

La SAQ a fait goûter à la presse spécialisée (en trois dégustations) plus d'une cinquantaine de ces vins, dont 22 de spécialité, de la gamme dite saisonnière.

J'ai retenu une dizaine de vins parmi ces 22 rosés, que j'ai goûtés à l'aveugle, et dont je donne de brèves descriptions un peu plus bas.

Suit la description de deux rosés commercialisés à titre de produits courants, goûtés chez moi en semi-aveugle (sans savoir dans quel verre est chaque vin dégusté) avec cinq autres vins, et tous deux particulièrement savoureux.

Comment juger les rosés?

On ne demande pas à un rosé la complexité à laquelle on s'attend de vins blancs et rouges de grande qualité.

N'empêche, et peu importe que le rosé en question soit léger ou plus étoffé, les critères d'après lesquels on doit le juger sont, à mon sens, à peu près les mêmes que pour les autres vins.

On peut les résumer ainsi: d'abord, la qualité et la netteté du fruit, certains de ces vins présentant des odeurs de vernis à ongles qui peuvent être rébarbatives; ensuite, la complexité, au nez et en bouche, car un rosé de qualité peut lui aussi être autre chose qu'un vin unidimensionnel; puis, la longueur en bouche, c'est-à-dire la durée de la persistance de son goût, une fois le vin avalé (ou craché), tous les bons vins ayant des arômes qui persistent un certain temps; enfin, chose fondamentale, l'équilibre, le vin se devant donc d'être correctement acide, sans être trop alcoolisé, etc.

Les vins sont présentés en allant des moins chers aux plus chers, et sans indication sur le potentiel de garde éventuel.

Enfin, il faut retenir qu'une note de deux étoiles sur cinq, ou de deux étoiles et demie, est tout à fait honorable dans le cas de ces vins.

Les rosés de spécialité

1. Mendoza 2001 Shiraz Fuzion, 11,15$ (10938781), **,$

Vin d'Argentine, rose-orangé, son bouquet est tout en fruits rouges, simple, avenant. Bien goûteux, et plus que moyennement corsé. À petit prix. 13,5% (4500 caisses).

2. Côtes de Provence 2011, Domaine Houchart, 15,15$ (11686503), **1/2,$1/2

Peu coloré, d'un rose... tendre. Le bouquet est net, avec une bouche plutôt légère et aux saveurs néanmoins bien présentes, m'a-t-il semblé. 13,5% (2000 caisses).

3. Détente 2011, Domaine Les Brome, 14,95$ (11686626), **,$1/2

Orangé, son bouquet, de bonne ampleur, est net. Moyennement corsé, il renferme un peu de gaz carbonique, ce qui en avive les saveurs. C'est un vin du Québec, ce que j'ignorais en le dégustant. 13,5% (400 caisses).

4. Ribera del Duero 2011 Prado Rey, 16,50$ (11686589), **,$$

Rouge clair et très coloré pour un rosé, il n'y a pas à s'y tromper, même à l'aveugle: ce rosé est boisé! Le bouquet est de bon volume, avec une note comme sucrée, sans que ce soit désagréable. Corsé comme rosé, boisé, mais sans exagération, il est élevé en fûts de chêne de Russie, plus précisément du Caucase! 14% (1000 caisses).

5. Coteaux du Languedoc 2001 Château de Lancyre, 15,40$ (10263841), **1/2,$1/2

Rose à reflets orangés, son bouquet est expressif et plus nuancé que celui de plusieurs autres vins. Les saveurs sont relevées, bien présentes. Fort bon. 13,5% (3060 caisses).

6. Toscana 2011 IGT Carpinetto, 14,55$ (10263189), **,$1/2

D'un rose assez soutenu, genre couleur chair, son bouquet comporte certaines nuances. Moyennement corsé, équilibré. Tout à fait correct. 13% (2700 caisses).

7. Coteaux Varois en Provence 2011 Château La Lieue, 14,30$ (11 687 021), **,$1/2

Très peu coloré, d'une nuance beige, son nez est délicat, mais, curieusement, les saveurs sont relevées, avec un goût particulier. 13,5% (3500 caisses).

Vin de Pays d'Oc 2011 Syrah Vernissage, en format de 3 litres (4 bouteilles), 48,75$ (11690756), **1/2, $1/2

Une curiosité (emballage tout à fait inusité!), à déboucher avec bon nombre de convives... La couleur est pelure d'oignon, assez orangée donc, le nez offre une bonne palette d'arômes, qui s'enrichit avec l'aération. De corps moyen comme rosé, ses saveurs sont franches, relevées par un peu de gaz carbonique. Fort bon. 13% (400 bouteilles).

Delle Venezie 2011 IGT Voga Rosa, 14,55$ (1104788), **,$1/2

D'un rose assez soutenu, son bouquet, de fruits rouges, est particulier. Les saveurs sont bien affirmées, de sorte qu'il ira bien à table. 12% (3060 caisses).

Deux produits courants

Disponibles toute l'année, les deux rosés suivants, de Provence, dégustés en semi-aveugle avec cinq autres vins, comme je le soulignais plus haut, comptent, millésime après millésime, parmi les valeurs sûres du répertoire général.

8. Côtes de Provence 2011, Roseline Prestige, 16,45$ (534768), **1/2,$1/2

Peu coloré, son joli bouquet, bien en fruit, est franc, avec une note discrète rappelant les champignons. Tout au plus moyennement corsé, équilibré, son goût ne manque pas de nuances. Savoureux. 13% (2219 caisses).

9. Côtes de Provence 2011 Pétale de Rose Château la Tour de l'Évêque, 18,90$ (425496), ***,$$

D'un rose évanescent, tendre (sa couleur habituelle), ce vin est peut-être le rosé 2011 le plus remarquable que j'aie goûté personnellement. Vin au bouquet plutôt simple, délicat - du moins est-ce la première impression qu'il laisse - et plutôt léger en bouche, avec des saveurs nettes, il devient presque méconnaissable, et pour le mieux, avec l'aération. Car le bouquet ne cesse alors de s'enrichir de nuances subtiles, difficiles à décrire, et même chose en bouche. Huit cépages entrent dans l'élaboration de ce vin, dont principalement de la Syrah, du Grenache et du Cinsault, d'où sa complexité, peut-on croire. 13,5% (1736 caisses).