«Théoriquement, on est un peu au même niveau», expliquait le mercredi 11 mai le célèbre oenologue bordelais Michel Rolland au sujet des millésimes 2009 et 2010 pour ce qui est de Bordeaux, à l'occasion d'une dégustation de quelques-uns de ses vins.

Il ajoutait: «Mais 2010 a une acidité plus importante que 2009. Les 2010 sont peut-être moins opulents et impressionnants que les 2009 en primeur.»

Autre précision qu'il apporta alors: «Il y a plus de sucre en 2010 qu'en 2009. Mais on ne sent pas l'alcool à cause de l'acidité. C'est l'archétype des millésimes qu'on va comparer pendant 15 ans. Je crois que 2010 a un profil gagnant à terme.»

Incroyable?

On pourrait croire, en effet, qu'il s'agit là d'un simple discours à caractère commercial - un «pitch» de vente, comme on dit dans le jargon -, visant uniquement à faire la promotion du plus récent millésime...

Or, Michel Rolland, souvent très critiqué - à cause manifestement de son immense succès, non seulement à Bordeaux mais un peu partout dans le monde, et qui n'a pas malgré tout la grosse tête -, est fiable, tout bonnement.

Il ne fait en même temps que confirmer ce qui se dit depuis déjà un bon moment au sujet de 2010.

D'autant plus que les grands millésimes qui se succèdent par paires ne sont pas choses si rares. Ce fut le cas, à Bordeaux, de 1989 et de 1990, ou encore, en remontant dans le temps, de 1928 et 1929, et, tout près de nous, de 2006 et 2007 pour la Toscane.

Puis, ce jour-là, au passage, il rendit en quelque sorte hommage à 1982 - toujours pour Bordeaux -, dont les vins affichaient, dès leur naissance, un charme incomparable. «Avec 82, dit-il, on a compris ce qu'étaient des raisins mûrs.»

Faut-il le rappeler? Une des marques de commerce de cet oenologue est, justement, d'aimer les vins aux saveurs bien mûres. «Plutôt que végétal, dit-il, je préfère être surmûri.»

À noter enfin que les trois vins disponibles de Michel Rolland, dont deux millésimes du Pomerol Château Bon Pasteur (2005 et 2006), d'un domaine qui lui appartient, sont pratiquement épuisés.

Margaux 2004 Château Labegorce, 42,75$ (10546841), *** 1/2,$$$$, 2011-2013.

Des bordeaux rouges tels que celui-ci, et d'un tel millésime secondaire, auraient été presque assurément entachés de notes végétales il y a 15 ou 20 ans. Rien de tel dans ce cas, en raison bien sûr des progrès considérables enregistrés au cours des dernières décennies, à la fois à la vigne et dans les chais. Bien coloré, son bouquet est ample, nuancé, avec des notes empyreumatiques bien présentes, genre chocolat, sans que ce soit exagéré (le bois). Plus que moyennement corsé, ses beaux tannins sont serrés, le tout d'une distinction certaine. Deux cépages dominent, à savoir le Cabernet Sauvignon (48%) et le Merlot (40%), avec élevage en fûts. 13% (98 caisses)

Fixin 2009 Frédéric Magnien, 28,50$ (11457284), *** 1/2, $$$1/2, 2011-2015.

Très beau bourgogne rouge, mais (attention!) dont la distribution n'a pas encore été faite. Encore retenu et plutôt unidimensionnel, son bouquet de fruits rouges, d'une bonne ampleur, se signale par l'éclat et la pureté de son fruit. Et la bouche suit, avec du corps, des tannins plutôt fermes, mais sans rugosité aucune. D'un grand millésime pour le vignoble bourguignon. 13% (162 caisses)

Chablis 1er cru Fourchaume 2008 La Chablisienne, 31,75$ (11094671), *** 1/2,$$$1/2, 2011-2017.

Chablis irrésistible, au bouquet marqué par une très légère touche boisée, avec aussi une note minérale, comme crayeuse. Les saveurs sont relevées, avec ce qu'il faut d'acidité, et un après-goût qui se prolonge un très bon moment, le tout pourvu de cette élégance propre aux chablis de qualité. Impeccable. 13% (67 caisses).

Douro 2008 Vertente Niepoort, 24,45$ (10371665), *** 1/2,$$$, 2011-2017

Vin rouge portugais, bien coloré, au bouquet large, de fruits rouges surtout, encore pour l'instant tout d'une pièce. Corsé, charpenté, il laisse dans l'après-goût des arômes genre pâtisserie (le bois). À attendre idéalement au moins deux ou trois ans. Fait de Tinta Roriz, de Touriga Franca, de Touriga Nacional, etc., avec élevage en fûts de chêne français. Sérieux. À noter: ce vin n'a pas encore été distribué. 13,5% (298 caisses)

Châteauneuf-du-Pape 2009 Domaine du Vieux-Lazaret, 30,75$ (11095842), *** 1/2,$$$1/2, 2011-2014

Vins rares, les Châteauneufs-du-Pape blancs comptent pour moins de 5% de la production de cette appellation. Celui-ci, au boisé à peu près imperceptible, séduit par la finesse et le fruit de son bouquet. La bouche, harmonieuse, bien qu'elle laisse une légère sensation de chaleur sur la langue (l'alcool), n'étant pas en reste. Du charme, donc. Vin fait de Grenache blanc, de Clairette, de Bourboulenc et de Roussanne, seul cépage vinifié en fûts. Délicieux. 14% (39 caisses)

Bourgogne Aligoté 2010 Marquis de Jouennes

Bourgogne blanc tout simple, du cépage Aligoté, au bouquet délicat, net, qu'embellit une note minérale. Plutôt léger, ses saveurs sont tout aussi franches que l'annonce le bouquet, et accentuées par un peu de gaz carbonique. Pour l'été qui approche enfin... 12% (3027 caisses)

15,45$ (30155), ** , $1/2, 2011-2012.