Cabardès dans le Languedoc, Bierzo en Espagne (il était question récemment de cette dernière ici même), etc. - les appellations marginales et peu connues sont souvent l'occasion de découvertes.

Et d'autant plus qu'en raison de leur manque de notoriété, ou de leur notoriété réduite, beaucoup de ces vins sont vendus à des prix qui restent étonnamment raisonnables.

 

Car en matière de vin, la notoriété compte manifestement tout autant que le niveau qualitatif, comme le montrent les prix astronomiques que peuvent atteindre bon nombre de bordeaux et bourgognes rouges, de même que certains vins de Cabernet Sauvignon de Californie.

Serait-il du Bordelais, ce fort joli vin rouge qu'est le Cabardès 2007 Pennautier - un des rares vins rouges de cette appellation commercialisés par la SAQ - coûterait ainsi facilement 18, 19 ou même 20$.

Mais, vu l'appellation, ce produit courant, et donc vendu dans de nombreuses succursales, est à moins de 15$. Bravo!

Appellation curieuse, de petite taille (400 hectares), et située à l'ouest du Minervois (4500 hectares), Cabardès, qu'on a hissé il y a seulement une décennie - en 1999 - au rang d'appellation contrôlée, occupe «un amphithéâtre naturel adossé à la Montagne Noire», souligne Jacques Orhon dans Le Nouveau Guide des vins de France (L'Homme). (Une montagne, soit dit en passant, qui en est une véritablement, et que j'ai eu l'occasion de gravir, par un sentier... du moins partiellement, il y a quelques années, sous un soleil de plomb.)

Une des principales particularités, sinon la principale, de Cabardès: cette appellation cultive et associe dans ses vins rouges des cépages sudistes (Grenache et Syrah, notamment), et des cépages du Bordelais, dont le Cabernet Sauvignon, le Merlot, etc.

Vin d'une belle couleur pourpre-prune, soutenue sans qu'elle soit opaque, le Cabardès 2007 Pennautier, dans lequel entrent surtout des cépages du Bordelais (60%), plus 20% de Grenache et 20% de Syrah, et qui est élevé en cuves, se présente, résultat, avec un bouquet faisant très bordeaux rouge, avec cette petite note discrètement végétale (ce n'est pas un défaut) présente dans de nombreux vins du Bordelais.

La bouche suit, de corps moyen et ne manquant pas de chair, avec des saveurs franches et bâtie sur des tannins aimables, le tout avec un peu plus de concentration, m'a-t-il semblé, que le millésime 2006 du même vin qu'on trouve encore dans certaines succursales.

Goûté en vacances côte à côte avec deux autres vins rouges, c'est lui (aussi bien le dire) que j'ai bu! Bref, on a là, à prix doux, un vin rouge qui peut soutenir la comparaison avec quantités de bordeaux rouges (genre Bordeaux et Bordeaux Supérieurs) vendus nettement plus cher.

Enfin, je le rappelle, 2007 est un millésime très réussi à la fois pour le Languedoc et la partie sud de la vallée du Rhône. 13% d'alcool (2252 caisses).

C, 560755, 14,90$, ** 1/2, ou 15,5/20, $ 1/2, 2009-2010.

D'Australie

Vin de Tasmanie (une île située au sud de l'Australie), le Tasmania 2008 Pinot Noir Devil's Corner, d'un rouge clair... on ne peut plus bourgogne, et au bouquet d'assez bonne ampleur, expressif, bien Pinot noir, pourrait aisément passer à l'aveugle pour un vin de Pinot noir de Nouvelle-Zélande. À cause de sa souplesse, de son bon goût de fruit et puis de son charme immédiat. Très bon, donc, et à prix correct, mais à noter qu'il y en a peu. 14% d'alcool (89 caisses).

S, 10947741, 21,60$, ***, 16,2/20, $$ 1/2, 2009-2010.

Deux bordeaux rouges

Difficile de vivre sans bordeaux... Vin d'un millésime qu'on n'est pas près d'oublier, le Médoc 2005 Château La Cardonne, absent des tablettes de la SAQ depuis le millésime 1995, bien coloré, au bouquet de bon volume, associe fruits rouges et notes boisées (un peu... madrier). Vin tannique, ferme, d'une bonne concentration et nettement plus que moyennement corsé, il a pour l'instant, comme d'autres 2005, un côté austère, et même un brin carré. Quelques années de garde le rendront sans doute plus avenant. Sérieux. Fait surtout de Merlot (50%) et de Cabernet Sauvignon (45%), il a été élevé un an en fûts, dont 50% de fûts neufs. 13% d'alcool (123 caisses).

S, 11095121, 26,95$, ***, 16/20, $$$, 2012-2013.

Un peu plus cher, bien qu'il ne coûte pas les yeux de la tête, le Saint-Émilion Grand cru 2004 Château Gaillard, dans lequel entre une forte proportion de Merlot (70%) auquel s'ajoute du Cabernet franc (30%), très coloré, se présente de son côté avec un bouquet de fruits rouges bien mûrs, mais retenu, peu intense pour l'instant.

La bouche suit, avec du corps et une bonne concentration, des saveurs de fruits rouges, et puis des tannins tout à la fois fermes et bien enrobés. 13,5% d'alcool et élevage en fûts dont un tiers de fûts neufs (156 caisses).

S, 919316, 29,30$, *** 1/2, 17/20, $$$ 1/2, 2009-2013.

Du Piémont

Vin du Piémont et fait de Barbera uniquement, le Barbera d'Alba 2007 Bricco Sant'Ambrogio Paolo Conterno, au bouquet marqué par des notes de torréfaction rappelant un peu le sucre brûlé, mais aussi quelque chose comme l'écorce d'arbre, plaira aux amateurs de vins corsés, et solides. Élevé six mois en fûts de chêne français, tannique, et même plutôt carré lui aussi, il tiendra tête à des plats aux saveurs relevées. 14% d'alcool (95 caisses).

S, 11035874, 18,65$, ***, 16/20, $$, 2009-2011.