C'est pendant les deux saisons les plus chaudes - le printemps et l'été - que les ventes de vins blancs culminent.

Elles atteignent alors 24 % du volume vendu, comparativement à 20 % pendant la période creuse, en janvier et février, selon les plus récentes données de la SAQ.

Les chaleurs comme celles qu'on vient de connaître, le fait que la consommation de viandes rouges a alors tendance à diminuer, etc. - tout y concourt.

Autre facteur qui joue: étant dépourvu de tannins, le blanc est à la fois plus facile à bien déguster, et à boire, que le rouge.

Afin d'en stimuler encore davantage les ventes au cours de l'été, la société d'État s'apprête donc à mettre sur le marché, d'un coup, le jeudi 10 juillet, 21 nouveaux vins blancs de spécialité.

La presse spécialisée a pu déguster récemment ces 21 vins, à l'occasion d'une dégustation mise sur pied par la SAQ.

J'ai goûté les 21 vins à l'aveugle, dont voici un choix restreint... et forcément bien personnel.

Vin de Sauvignon blanc de la Loire, le Pouilly-Fumé 2006 Les Chailloux Jean-Claude Chatelain est de tous ces vins celui qui m'a semblé le plus distingué, le plus réussi.

Non boisé, son bouquet a cette retenue qui, à mon sens, caractérise les meilleurs vins de Sauvignon blanc de ce vignoble. On reconnaît le Sauvignon, mais le caractère variétal est discret, toutes choses que l'on retrouve en bouche. Fin, élégant, c'est un vin au très beau style (165 caisses bientôt en vente).

S, 10689753, 24,10 $, ***, $$$, 2008-2011.

Le Muscadet n'est pas forcément un vin banal, comme on le pense parfois, ainsi que le montre le Muscadet-Sèvre et Maine 2006 Expression de Gneiss Domaine de l'Écu.

Vin au bouquet de bonne ampleur, avec des arômes minéraux (genre calcaire) mais aussi comme de chanvre, ses saveurs sont relevées par une certaine quantité de gaz carbonique, et il a du caractère et une certaine austérité. Comme beaucoup de Muscadets, il s'agit d'un vin qui tiendra vraisemblablement la route plusieurs années et se métamorphosera complètement, les Muscadets âgés ressemblant, comme on sait, à des vins de Chenin blanc d'âge respectable (125 caisses).

S, 10919150, 19,55 $, ***, $$, 2008-2015.

De la Vénétie celui-là, le Soave 2006 Cappucina, non boisé comme les deux précédents, au bouquet relevé par une note rappelant l'odeur du beurre, m'a semblé plus aromatique (sans qu'il le soit beaucoup) que la plupart des vins de cette appellation. De corps moyen, ses saveurs sont franches et son goût persiste un bon moment. À prix doux (299 caisses).

S, 10858166, 15,75 $, ***, $ 1/2, 2008-2010.

Vin de Bourgogne au boisé bien perceptible sans toutefois que ce soit excessif - deux tiers de l'assemblage est vinifié en fûts -, le Mâcon-Vergisson 2006 La Roche Verget, aux saveurs bien mûres et dont on retrouve en bouche les mêmes arômes boisés qu'au nez, ne manque ni de corps, ni de classe. Il est cher, cependant (100 caisses).

S, 10537291, 28,15 $, ***, $$$ 1/2, 2008-2010.

Le moins cher de tous ces vins, finalement, et que j'ai noté sans doute trop généreusement, à savoir le Vin de Pays du Var 2006 Chardonnay Domaine La Lieue, est une curiosité. Car à l'aveugle, à en juger entre autres par ses odeurs... de pommes, on se demande s'il ne s'agit pas d'un vin de Sauvignon blanc! Non boisé, de corps moyen, il possède à la fois quelque chose de moelleux et une bonne dose d'acidité (125 caisses).

S, 10884655, 14,25 $, ** 1/2, $ 1/2, 2008-2009.

À noter enfin que certains de ces vins (tel le Muscadet) ont déjà été vendus au Québec, mais qu'il s'agit pour ceux-là de nouveaux millésimes.

D'autres vins blancs

C'est l'été... restons-en donc aux vins blancs.

Provenant du plus vaste domaine (plus de 150 hectares) de ce vignoble, le Chablis 2007 La Vigne de la Reine Château de Maligny, qui tient son nom d'un lieu-dit, est encore une fois, dans ce nouveau millésime, un vin au charme irrésistible, du moins pour qui aime ces vins en règle générale non boisés, tel celui-ci.

Premier plaisir: la pureté et la finesse du bouquet, bien typé Chablis, avec cette note minérale discrète de tant de ces vins. Plutôt délicat, fin, élégant, c'est un vin... de dentelles, à boire avec des plats aux saveurs peu relevées, de façon à le laisser briller. Exquis (122 caisses, plus 330 à venir).

C, 560763, 23,75 $, *** 1/2, $$ 1/2, 2008-2010.

Goûté à l'aveugle, le Umbria IGT 2006 Bramito Castello della Sala, élaboré avec uniquement du Chardonnay et que produit Piero Antinori en Ombrie, au boisé savant et éminemment discret, est lui aussi un vin distingué, peu corsé, et qui montre encore une fois à quel point ce célèbre producteur italien s'y connaît (210 caisses).

À noter cependant que sa distribution ne fait que commencer.

S, 10781971, 21,35 $, *** 1/2, $$ 1/2, 2008-2010.

LA RECOMMANDATION DE LA SEMAINE

Vin auquel on reprochait dans le passé de renfermer trop de sucre résiduel, l'Alsace 2006 Riesling Dopff&Irion en contient encore un peu dans ce millésime, tout en se défendant... fort bien, à mon avis. Peu expressif au départ, son bouquet exhale après quelques minutes des arômes genre conifères (ou agrumes) bien Riesling. Moyennement corsé comme vin de Riesling d'Alsace, ses saveurs sont nettes, et il a ce tonus et cette juste dose d'acidité qu'on attend de ces vins. Très bon, donc, quoiqu'on le souhaiterait encore un peu plus sec (970 caisses).

C, 210 773, 16,50$, ***, $$, 2008-2010.

North Coast 2005 Sauvignon blanc Benziger. À l'aveugle, ce vin blanc de Californie pourrait sans doute passer pour un vin de la Loire. Le bouquet, aux nuances de pommes, de Sauvignon blanc, n'a rien d'exacerbé au plan aromatique. Peu corsé, il a toute l'acidité voulue, et ses saveurs sont bien franches. Très bon, et à prix correct (149 caisses). S, 859306, 16,80 $, ***, $$, 2008-2009. Barsac 2004 Cyprès de Climens. Deuxième vin du célèbre Château Climens, c'est là un magnifique Barsac, fait uniquement de Sémillon, au bouquet plein d'éclat, complexe, exubérant, toutes choses que l'on retrouve en bouche, l'ensemble se présentant avec une distinction et un équilibre parfaits. Irrésistible (25 caisses). S, 10887952, 55 $, *** 1/2 et même ****, $$$$ 1/2 , 2008-2014.

Bandol 2004 La Bastide blanche. Vin rouge de Provence très coloré, élaboré avec du Mourvèdre et du Grenache, puis élevé en foudres, son bouquet de fruits noirs et rouges est dense, large, avec aussi une petite note iodée, m'a-t-il semblé. Corsé, bien en chair, solide, c'est... du sérieux ; 14 % d'alcool (147 caisses). S, 10887451, 22,85 $, *** 1/2, $$ 1/2, 2008-2013.

Bandol 2004 Domaine du Gros'Noré. Autre très beau Bandol, tout aussi coloré que le précédent, au bouquet éclatant, de fruits noirs, avec une note rappelant... le goudron. Concentré, compact, quoique sans lourdeur, c'est un vin corpulent, aux tannins fermes, mais dépourvus de rugosité. Un quart de cran au-dessus de La Bastide blanche, m'a-t-il semblé ; 15 % d'alcool, mais on ne le perçoit pas. Fait de Mourvèdre (80 %), de Grenache (15 %) et de Cinsault (5 %), il a été élevé en foudres (182 caisses). S, 10884583, 31,50 $, *** 1/2, $$$ 1/2, 2008-2012.