Si vous rêvez du métier de vigneron, sortez vos sous. Il faut beaucoup d'argent pour s'acheter un vignoble au Québec. Et une santé de fer.

Jocelyn Lafortune, propriétaire du Domaine de l'Île Ronde à Saint-Sulpice, a mis son vignoble en vente. Au coeur du fleuve Saint-Laurent, le domaine comprend huit hectares de vignes, un restaurant, une cuverie, un chai et 35 000 litres de vin. Il est accessible par bateau et par avion sur une piste d'atterrissage privée. Prix demandé: 12 millions.

Dans les Cantons-de-l'Est, le Clos du Roc Noir tente aussi de trouver acheteur. Sur le site aquizition.biz, la propriété est affichée au prix de 975 000$.

Jean-Pierre Giguère a fondé le Clos du Roc Noir à Fitch Bay en 2001. Et il l'avoue, si ses ambitions étaient grandes, la réalité l'a vite rattrapé. Le métier de vigneron est plus difficile qu'il le pensait.

«Disons que ça demande plus d'efforts physiques que l'on croit. Ma santé n'est pas assez bonne», explique-t-il.

Au vignoble Les trois clochers à Dunham, Nadège Marion, comprend son collègue. «On se désillusionne vite, dit-elle. Un vignoble, ça reste une ferme avec une business!»

La viticultrice constate que plusieurs transactions s'effectuent dans l'industrie ces temps-ci. Et Agnès Ratelle, conseillère en financement à la Financière agricole, n'est pas surprise du prix élevé des ventes. «On évalue qu'un hectare de vignes vaut 25 000$, explique l'agronome. Un vignoble au Québec, ça vaut bien au-delà d'un million. Quand on compte les inventaires et le matériel, ça monte vite.»

L'ancien ministre libéral Alfonso Gagliano a fait l'acquisition du Domaine les blancs coteaux à Dunham en 2008. Le coût de ce projet de retraite: 733 687,50$. Financement agricole du Canada, une société d'État, a avancé 75% de cette somme, soit 550 000$.

Steve Ringuet, nouveau propriétaire du vignoble des Côtes d'Ardoise a été plus chanceux. Pour moins de 500 000$, il a fait l'acquisition de l'un des plus anciens domaines du Québec en décembre dernier.

D'autres vignerons laissent entendre que leurs vignes pourraient être à vendre. C'est le cas en Estrie comme dans les Laurentides. Mais aucun n'a souhaité en parler ouvertement de peur que les clients désertent leur entreprise.