L'Afrique du Sud produit trop de vin. Tellement que les vignerons de ce pays ont arraché près de 5 000 hectares de vigne au cours des six dernières années.

«Il est vrai que plusieurs vignerons arrachent des vignes. De nombreuses erreurs ont été commises. Il y a de gros investissements qui arrivent en Afrique du sud et ils ne plantent pas toujours les bons cépages aux bons endroits», explique Carl Van Der Merwe du domaine sud-africain De Morgenzon.

La situation a été dénoncée par le groupe Distell qui vinifie une grande partie des vins sud-africains. Si les vignes ne sont pas replantées, selon eux, il pourrait y avoir un manque de raisins en 2016.

Mais ces arrachages sont loin d'alarmer le vigneron Ken Forrester. En visite à Montréal avec douze de ses confrères, il souhaite plutôt changer l'image apposée aux vins de son pays.

«On ne veut plus vendre que des vins à bas prix», explique-t-il.

Pas d'inquiétude non plus de la part de la représentante des vins d'Afrique du sud au Canada, Laurel Keenan qui note que la production des vins se spécialise.

«Il y aura moins de vins vendus en vrac, dit-elle. À long terme, ce n'est pas rentable d'être catégorisé comme le pays des vins à bas prix.»

Mais cette nouvelle stratégie est difficile pour les vignerons. Ken Forrester se plaint qu'aucune aide gouvernementale ne leur est accordée.

«On doit mettre nos propres capitaux dans les entreprises, ajoute le viticulteur. Avec la crise, on a eu un dur coup. On doit puiser dans nos propres ressources financières.»

Laurel Keenan raconte qu'un autre défi attend le vignoble sud-africain : le manque de main d'oeuvre. La viticulture y est presque essentiellement effectuée à la main. Les façons de faire sont bien différentes dans les autres vignobles où les machines ont remplacé les humains.

«Il y a moins de travailleurs disponibles, estime-t-elle. Ils se spécialisent. Le pays fait face aussi à des changements de valeur.»

La visite des vignerons sud-africains n'est pas liée au hasard. Au Québec, la vente des vins d'Afrique du sud a bondi de 2 à 40 millions de dollars entre 2005 et 2010.