Prenez six microbrasseries en région, jumelez-les avec six homologues montréalaises, brassez le tout et laissez reposer dans un fermenteur pendant quelques mois. Vous obtiendrez six nouvelles bières de collaboration aux accents rafraîchissants.

Cette nouvelle recette collaborative, concoctée par la Maison des régions et Passeport en fût, vise à gommer les déséquilibres et renforcer les liens existants entre la métropole et les régions. L'industrie brassicole semblait une excellente candidate pour faire mousser de telles attaches.

«On a la volonté de dire: "On s'en fiche de dire qui est gros, qui est petit", on cherche à trouver une base commune. Même s'il existe une grande fraternité entre les microbrasseries, le pont n'est peut-être pas assez fait entre Montréal et les régions, à certains égards, notamment dans l'industrie brassicole», explique Catherine Roux, présidente et cofondatrice de Passeport en fût - une initiative soutenant le développement brassicole.

Concrètement, 12 microbrasseries, soit 6 en région et 6 à Montréal, ont été jumelées avec pour mission d'élaborer des brassins collaboratifs.

Des paires et des verres

Le résultat? Six bières aux accents éclectiques, oscillant entre l'audacieux et le classique, sont nées du projet et sont actuellement distribuées, en quantité limitée, dans un réseau de dépanneurs spécialisés aux quatre coins du Québec.

Par exemple, l'enseigne montréalaise Boswell et sa consoeur d'Alma Riverbend ont brassé à quatre mains une très séduisante Berliner Weisse, florale et acidulée. Les brasseries Harricana et Dunham, elles, ont misé sur un très aimable porter anglais aux arômes typiquement torréfiés; tandis que La Succursale et Côte-du-Sud (de Montmagny) ont emprunté ensemble des voies plus aventureuses, avec une IPA au seigle, aux fruits de sureau et à l'argousier, dotée d'une amertume très prononcée.

«Dans le cadre de ces collaborations, les participants ont fait appel tant aux produits des régions qu'à des éléments caractéristiques des microbrasseries de Montréal», indique Catherine Roux.

«De plus, ce sont les brasseurs montréalais qui se sont déplacés en région pour le projet, et non l'inverse», s'enthousiasme Mme Roux.

Les noms de ces six créations? Elles sont toutes baptisées «Série Collabo», et simplement illustrées par les noms des deux brasseries comparses en gros caractères. «On met tout le monde sur le même pied», justifie la présidente de Passeport en fût, ce qui souligne l'esprit du projet.

Quantités limitées

Pour espérer les goûter, il faudra s'engager dans une sorte de chasse au trésor organisée dans l'ensemble de la province: 2000 unités ont été produites par couple et réparties dans certains dépanneurs spécialisés. «On a utilisé le réseau de distribution traditionnel des microbrasseries, en cherchant à en répartir le plus largement possible, à Québec, à Rimouski, et jusqu'en Gaspésie», précise Catherine Roux. Notez qu'elles seront aussi vendues, embouteillées ou en fût, auprès des pubs tenus par les microbrasseries participantes.

«C'est la toute première fois que ce projet est organisé au sein de l'industrie brassicole, souligne Marie-Eve Jarry, commissaire adjointe à la Maison des régions. On espère qu'elle se reproduira à l'avenir.» Nous aussi.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

La présidente et cofondatrice de Passeport en fût, Catherine Roux, est très heureuse de pouvoir créer des liens entre les microbrasseries de Montréal et celles des régions.