Quelque six millions de fêtards et d'amateurs de houblon sont attendus à partir de samedi à Munich (sud de l'Allemagne) pour l'Oktoberfest, réputée comme l'une des plus grandes fêtes populaires au monde.

À quelques heures du début de cette 181e édition, les tentes sont dressées, les manèges installés et les fûts ont été acheminés sur la «Theresienwiese», la «prairie de Thérèse» qui accueille tradionnellement les festivités, dans le centre de la capitale bavaroise.

Cette année, une pression particulière pèse sur les épaules d'un homme: le nouveau maire, Dieter Reiter (SPD) à qui incombe la tâche d'ouvrir les 16 jours de fête.

Depuis 1950, le premier magistrat de la ville a en effet la charge de percer un premier tonneau de bière de 200 litres, à midi (6h, heure de Montréal), donnant le coup d'envoi des agapes par la traditionnelle phrase «O'zapft is» (qui signifie en bavarois «elle est tirée»).

Le défi consiste à parvenir à ouvrir le tonneau en un minimum de coups. M. Reiter s'est fixé «trois ou quatre» pour objectif. «Cela ne doit pas être plus», a-t-il confié au journal local «Abendzeitung». Et pour mettre le maximum de chances de son côté, il s'est entraîné avec un coach, un «perceur» de la brasserie munichoise Paulaner.

La concurrence est rude pour l'élu: son prédecesseur, Christian Ude, lui-aussi social-démocrate, détient le record de deux coups.

Lieu de traditions, la Fête de la bière fera encore une fois la part belle aux tenues bavaroises, redevenues très à la mode depuis la fin des années 90: les «dirndl», robes à corset flattant la poitrine pour les femmes, et culottes de peau pour les hommes.

Mais c'est la bière, servie en «Mass», des chopes d'un litre, qui sera évidemment l'attraction. L'an passé, les quelque 6,4 millions de visiteurs ont englouti près de 6,7 millions de litres de bière durant l'événement. Pour la première fois cette année, le litre devrait dépasser les 10 euros dans certaines des quatorze grandes tentes réparties sur la prairie, a indiqué l'office du tourisme de la ville.

Pour accompagner le houblon que seules six brasseries munichoises (Augustiner, Hacker Pschorr, Hofbräu, Löwenbräu, Spaten et Paulaner), toutes fondées entre le 14e et le 16e siècle, sont habilitées à servir, les amateurs engloutiront bretzels géants, jarrets de porc, boulettes de viande et autres spécialités locales.

En 2013, 114 boeufs et 58 veaux ont fait les frais des réjouissances.

Si elle est fréquentée par les touristes du monde entier (dont en majorité les Italiens et les Américains), l'Oktoberfest demeure cependant un évènement bavarois, 72% des visiteurs venant de cet État fédéré.

Elle représente également une manne considérable: la ville de Munich a évalué à environ 1,1 milliard d'euros les retombées de la dernière édition.

L'origine de l'Oktoberfest remonte aux noces du futur roi de Bavière Louis Ier avec Therese von Sachsen-Hildburghausen, le 12 octobre 1810. Elle a ensuite été avancée au mois de septembre, pour profiter d'une météo plus clémente.

La fête est aussi l'occasion pour de nombreuses célébrités allemandes de se montrer. Acteurs, vedettes de la téléréalité ou footballeurs viennent s'y faire photographier, une chope de bière à la main.

Chaque année, l'équipe du Bayern au grand complet sacrifie ainsi à la tradition, ses internationaux, français (Ribéry), brésilien (Dante) ou espagnol (Alonso) plus ou moins ravis, en tête.

Si l'Oktoberfest fête ses 204 ans, il ne s'agit que de la 181e édition. Les guerres, les épidémies ou encore l'hyperinflation des années 20 ont eu raison de 24 éditions.

Considéré à l'étranger comme un symbole de l'Allemagne, l'événement s'est exporté: selon le service de presse de la ville, il existe «environ 2000 Oktoberfest» dans le monde, les plus importantes étant organisées à Blumenau (Brésil), Kitchener (Canada) et Frankenmuth (États-Unis), surnommée la petite Bavière du Michigan.