La croissance du marché du luxe dans l'Empire du Milieu est en marche -- c'est le deuxième au monde, derrière les États-Unis --, mais la distillerie chinoise Moutai, classée dans le top dix des marques de luxe du groupe chinois Hurun, refuse d'y être associée.

Le groupe Hurun, basé à Shanghai, a publié récemment la liste «Top 10 Gifts for the Chinese Luxury Consumer 2012», réunissant les marques de luxe préférées des Chinois, dans laquelle Moutai était classée cinquième derrière Louis Vuitton, Cartier, Hermès et Chanel.

La distillerie n'a pas apprécié sa sélection dans le classement. D'après le site Brand Channel, un porte-parole de Moutai se serait exprimé sur le sujet en ces termes dans la presse locale: «Au sujet de la liste des marques de luxe d'Hurun, Moutai n'a jamais cherché à être considérée comme une marque de luxe. Nous ne savons rien de la liste d'Hurun, et ne souhaitons pas y être associés.»

Ces mots peuvent sembler étranges de la part d'une marque qui se targue depuis des années d'abreuver les grands de ce monde et qui a fait grand cas des verres partagés par l'ancien Premier ministre Zhou Enlai et l'ex-Président des États-Unis Richard Nixon.

La bouteille la plus chère de la marque, un Feitian 53°, atteint environ 1800 yuans (287$) à la vente -- ce qui n'est pas à la portée de toutes les bourses.

Le classement d'Hurun est fondé sur un sondage mené auprès de 503 millionnaires chinois, mais le refus de Moutai d'être considérée comme une marque de luxe découle sans doute de la guerre lancée depuis quelque temps par les autorités locales contre l'emploi du terme «luxe» dans les publicités.

L'emploi du mot a en effet été interdit dans les publicités à Pékin, car il aurait des effets néfastes sur le climat social. Les tensions se font pourtant sentir jusqu'à Hong Kong, où des manifestations ont été organisées devant la boutique de l'enseigne italienne Dolce & Gabbana, lorsque des habitants de la ville qui cherchaient à prendre des photos se sont fait rembarrer par la sécurité sous prétexte que seuls les clients de Chine continentale en avaient le droit.